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Colonel Hassan Ag Medhi se confie à Maliactu : «Il faut que chacun de nous comprenne que ce n’est plus les armes, ni les groupements isolés qui vont trouver la solution aux problèmes du Mali»

S’il y a un sujet qui défraie la chronique ces derniers jours, c’est bien le retour au Mali, et au sein de la plate-forme des groupes d’autodéfense du nord, du Colonel Hassan Ag Medhi, un désormais ex- leader du MNLA. Maliactu lui a posé quelques questions afin d’éclairer la lanterne de ses lecteurs sur les circonstances de ce qu’on l’on peut qualifier de retour spectaculaire au Mali, d’un homme qui faisait partie de ceux qui, un moment, avaient pris les armes contre l’Armée nationale.

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Maliactu : On a entendu parler de votre retour au pays et au sein de la Plate-forme des groupes d’auto défense. Quelle est la véracité de tout cela ?

Hassan Ag Medhi : oui, je suis à Bamako. Je suis revenu chez moi et je me sens à l’aise.  La réalité de tout cela, comme vous l’avez suivi, il y a eu cette tornade qui est arrivée et qui a emmené tout le monde. D’autres malgré eux, tout le monde s’est retrouvé sur une autre rive. Il y a eu des retrouvailles un peu partout, il y a eu des combats, de la politique, un peu de tout. Il y a deux mois avant l’Accord de Ouagadougou, quand j’ai démissionné du MNLA, j’avais crée le Front populaire de l’Azawad (FPA). Il n’était ni indépendantiste, comme je l’avais clairement dit dans ma déclaration, ni jihadiste et qui tendait sa main aux autorités du Mali et à la communauté internationale en vue de trouver une solution acceptable au problème que nous avons vécus. Et étant convaincu que ce problème était venu de tout le monde ou presque, que chacun a sa part dedans, il fallait être parmi les porteurs de ce fruit que tout le monde attend aujourd’hui. Nous nous sommes retrouvés aujourd’hui, après tous les rounds qui se sont passés à Alger, dans des difficultés avec des blocages. Souvent ce sont des problèmes de termes ou de noms. Après une mûre réflexion et confirmant notre détermination à trouver une solution pour sauver ces populations qui souffrent depuis trois ans, nous avons décidé de démissionner de la Coordination des mouvements armés, tout en restant en contact avec elle, avec les autorités nationales et la communauté internationale pour essayer de chercher et de créer des canaux pour rapprocher ces mondes. Nous n’avons pas un problème. Le problème que nous avons aujourd’hui, c’est un problème de communication, de compréhension et de manque de confiance. Pour qu’on dépasse ce stade, il faut avoir le courage de faire face à ces problèmes. Je vous donne un exemple. Je suis un exemple concret. J’ai quitté Ouagadougou, j’ai roulé sur le goudron jusqu’à Tin Aouker et je suis revenu. Ça fait déjà partie des mesures de confiance. Cela peut faire confiance à celui qui pense dès qu’il pose les pieds sur le territoire malien, il va se faire avaler ou se faire exécuter. Donc, ce sont des démarches comme ça qu’il faut oser faire. Aujourd’hui, nous sommes là, dans le cadre de nous regrouper, de donner main forte à toutes les composantes pour trouver une union, peut-être une fusion, dans la perspective de trouver une solution définitive à ce problème que nous avons vécu depuis un demi siècle. Et pour éviter tout amalgame, je le dis très clairement, j’ai pris ma décision.  Je suis prêt à défendre chez moi. Je suis revenu pour rester chez moi dans mon Tilemsi de Gao. Je suis fier de Gao, je rentre à Tin-Aouker sans problème.  Je suis fier quand un frère quitte Sévaré vient me trouver, tout en restant dans la logique et la détermination de tous les Maliens pour rebâtir un pays nouveau, fort, indépendant et indivisible. 

Peut-on dire que vous reconnaissez enfin le Mali comme votre pays?

Hassan Ag Medhi: J’ai toujours reconnu le Mali. Le fait de ne pas être indépendantiste qui m’a amené à quitter les autres groupes est la preuve. Donc, je peux avoir des revendications mais je pense que nous sommes arrivés à un stade où il faut que les esprits se retrouvent. Il faut que chacun de nous comprennent que ce n’est plus les armes, ce n’est plus les groupements isolés qui vont trouver la solution à ces problèmes. Aujourd’hui, nous avons un problème crucial qui est encré en nous-mêmes. Nous ne pouvons nous séparer, nous ne pouvons nous provoquer. Ce que nous devons éviter aujourd’hui, c’est de ne pas être emporté par des tornades politiques. 

Nous répétons notre question : reconnaissez-vous le Mali ?

Hassan Ag Medhi: je suis dans la capitale du Mali. Je suis chez moi, c’est très clair, où j’ai servi. Cela me rappelle beaucoup de choses. Toutes les unités que j’ai, elles sont à l’intérieur du Mali. J’ai une unité dans le Tilemsi, dans le Gourma de Rahrouss, dans le cercle Goundam. Donc, cela prouve qu’on est en train de retisser beaucoup de choses, beaucoup de liens qui ont été déchiquetés par d’autres personnes qui, peut-être, ont d’autres intentions. Je suis de Gao, je n’ai pas honte de le dire. Cette région a besoin de ceux dont les autres régions ont besoin comme Kidal, comme Kayes. Je suis fier d’être avec mes frères et les ressortissants de ma région et agrandissant le cercle avec ceux de mon pays. 

Vous avez pris les armes contre l’armée malienne. Aujourd’hui, est-ce que vous êtes prêts à vous mettre à la disposition de la justice malienne ?

Hassan Ag Medhi : Quand on parle d’un Etat, quand on parle de réconciliation, on ne peut rien faire sans une justice. La première des choses, c’est d’abord une justice saine et claire sans aucune ambiguïté, sans corruption. Si quelqu’un a des choses auxquelles il doit répondre, il va répondre. Je suis prêt à répondre parce que je ne me reproche rien.  Je connais les choses qui m’ont fait partir, je connais les différentes déclarations que j’ai faites. Je connais la conviction profonde qui m’a amené à être le premier à revenir, parce que j’ai été le dernier à partir. Et je suis le premier à revenir. 

Aujourd’hui, comment trouvez-vous le Mali et ses autorités ?

Hassan Ag Medhi : J’ai trouvé le Mali que je connais. Je sais qu’il y a des problèmes. Je sais que tout le monde est animé d’une volonté pour remettre les choses dans l’ordre. L’autorité que je vois aujourd’hui est déterminée à trouver une solution au problème. Elle prend des deux mains toutes les réalités qui sont là. Elle est engagée et déterminée à aller de l’avant, à reconstruire beaucoup de choses et à accompagner le processus. En gros, je vois que le gouvernement est redevenu lui-même. Et cela rassure.

Propos recueillis par A. Berthé

Source: Autre presse

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