La gestion des factures d’électricité est un véritable casse-tête pour certains colocataires de la capitale malienne.
Nous sommes à Djélibougou Doumanzana, en commune I du district de Bamako. A la vue de cette demeure somptueuse, avec sa peinture attrayante et ses portes solides et fascinantes, on croirait que la vie y est rose. Mais dès qu’on y entre, ce masque trompeur tombe et laisse place au désarroi des occupants.
Ici, le clignotement rouge marquant la fin du crédit d’électricité est accueilli avec des grincements de dents. Car il pose le problème du partage de la consommation d’électricité. Pas de sous-compteurs fixés au mur. Il n’y a qu’un seul compteur à recharge Isago pour tous les locataires, obligeant les occupants de l’immeuble à cotiser pour la fourniture en électricité.
Mercantilisme des locateurs
Au rez-de-chaussée, il y a trois familles, à l’étage deux. Sadjo Sylla, la quarantaine, occupe avec ses quatre enfants deux chambres et un salon. A l’en croire, chaque mois, elle débourse 5 000 francs rien que pour l’électricité. « C’est la règle ici. Nous avons un compteur général. On ne cherche même pas à savoir qui a consommé combien. Moi, je n’allume mes ampoules que pendant la nuit. Alors que parmi nous, il y en a qui ont des frigos et des télévisions. C’est injuste. Mais que peut-on faire ? », maugrée-t-elle, indignée.
Un jeune enseignant, habitant en face de Sadjo, a confirmé les propos de sa voisine. Ali Diawara indique aussi que la plus grande difficulté de la location est liée au courant. Dans la cour, une vieille puise de l’eau au robinet. Elle préfère taire son nom. Penchée sur ses bidons vides, raccord en main, les pieds humectés, elle est très en colère contre le propriétaire de l’immeuble en question dont elle dénonce la vénalité et l’insouciance : « Il a mis l’argent au-dessus de tout. Ce qui le préoccupe, c’est le prix du loyer. Il ne rate jamais ce rendez-vous. Il est au courant de tous les problèmes de cette maison. Mais, il refuse de les résoudre. Les gens passent rarement plus de deux mois ici à cause du problème d’électricité. Une fois, un monsieur est sorti trois semaines après son déménagement. Il disait ne pas pouvoir supporter le coût de l’électricité d’ici ».
Des sous-compteurs individuels
Dans cette location, la solution des sous-compteurs fait l’unanimité. La balle semble être alors dans le camp du propriétaire, qui ne réagit toujours pas à cette demande de ses locataires.
« C’est le sous-compteur qui marque régulièrement la consommation. Sinon à ce rythme, ce n’est pas équitable. Moi, par exemple, qui ne possède que des ampoules, en donnant mes 5000 francs je paie la facture de ceux qui ont des ventilateurs et des réfrigérateurs », s’irrite Mamadou Kanté, un autre locataire.
Pour Oumar, ce refus dénote de l’avarice du bailleur. Interrogé, Yaya Konta, technicien à l’EDM-S. A, confie que sa société a trouvé une solution à ce problème auquel sont confrontés les locataires. « Avec un sous-compteur, vous n’avez de compte à rendre à personne. Mais, nous ne pouvons pas forcer les gens à choisir. Nous trouvons des solutions, c’est aux clients d’y adhérer ou pas », précise-t-il.
Nous avons cherché à rencontrer le propriétaire de l’immeuble, mais nos tentatives ont été infructueuses.
Source : Benbere