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Colère du collectif des promoteurs d’industrie du bois d’œuvre: plus de 4 000 travailleurs marchent sur la Primature ce vendredi

Il y a moins d’une semaine, le Collectif des promoteurs d’industries du bois d’œuvre du Mali (CPIB) dénonçait le deux poids deux mesures du ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable et du directeur national des Eaux et forêts concernant la levée de suspension de l’exploitation du bois d’œuvre. Face à l’inaction des autorités de la Transition, le Collectif projette une grande marche de protestation, ce vendredi, à Bamako et dans les régions. À Bamako, les quatre sociétés qui composent le Collectif entendent mobiliser plus de 4 000 travailleurs pour marcher sur la Primature pour se faire entendre.

 

Rappelons que sur une instruction du Chef du gouvernement, le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable, Modibo KONÉ, a informé le Directeur national des Eaux et forêts de la levée de suspension de l’exploitation du bois d’œuvre et de sciage. Au lieu de mettre cette information à la disposition de tous les acteurs du domaine, ce dernier aurait autorisé uniquement la Société de gestion forestière Abdoulaye Halidou CISSÉ. Malgré les multiples démarches des membres du Collectif, le directeur national des Eaux et forêts tarde à les mettre dans leur droit. Il affirme attendre le feu vert du ministre de l’Environnement, après avoir pourtant reçu une lettre de la part de celui-ci.
Pendant ce temps, les bois stockés par les différentes sociétés sont en train de se détériorer. Ce qui constitue des contraintes vis-à-vis des partenaires extérieurs.
Le Collectif est composé de la Société boiserie Farota SARL ; la Société africaine du bois SA ; la Société de gestion du Massif BAI-SARL et la société de transformation de bois, Albarka Mali-SARL
En effet, au mois d’août dernier, le Premier ministre a adressé une lettre au ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable. Dans cette lettre, le chef du gouvernement rappelle que l’exploitation et l’exportation du bois d’œuvre a fait l’objet d’une suspension temporaire, levée dans le courant du mois de février 2021.
« Malgré cette mesure, des opérateurs du secteur n’avaient pas été autorisés à reprendre leurs activités. Cette situation a fait l’objet d’une réunion à l’issue de laquelle deux décisions ont été prises : autoriser l’exportation des stocks de bois déjà coupé ; et autoriser la reprise des activités avec le renouvellement des permis CITES », peut-on lire dans la lettre du Premier ministre adressée au ministre de l’Environnement.
À son tour, le ministre de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable a saisi le Directeur national des Eaux et forêts, le 30 septembre dernier. Le ministre lui a instruit de prendre toutes les dispositions pour renouveler tous les permis CITES délivrés pendant la période de suspension de l’exploitation du bois d’œuvre et de sciage suivant la décision N°0016/MEADD -SG du 29 mai 2020 pour permettre l’exportation des quantités concernées par lesdits permis.
« Les sociétés concernées sont : la Société de transformation de bois «ALBARKA MALI-SARL» pour une quantité de 10 000 m3 ; la société « Boiserie Farota» pour une quantité de 8 000 m3 ; la société de Gestion du Massif Forestier «BAI-SARL» pour une quantité de 2 040 m3 », précise la lettre.
Malgré ces instructions données, le Directeur national des Eaux et forêts n’a pas mis les membres du Collectif des promoteurs d’industrie du bois d’œuvre dans leur droit.
C’est pourquoi le Collectif a jugé nécessaire d’adresser une lettre au Président de la Transition, le 3 novembre dernier. Dans ladite lettre, le Collectif a exposé les difficultés que les acteurs du domaine rencontrent auprès du ministère chargé de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable dans le cadre de l’exploitation et l’exportation du bois d’œuvre issu des forêts et des massifs forestiers aménagés en rapport avec le service des Eaux et Forêts, les Collectivités territoriales et les communautés riveraines desdites forêts conformément aux dispositions de la Loi N °10-028 du 12 Juillet 2010 déterminant les principes de gestion des ressources du domaine forestier national.
Le Collectif a expliqué au Président de la Transition que ses membres disposaient des permis d’exploitation de bois d’œuvre délivrés avant la date de la décision de suspension : permis de coupe, certificat d’origine et permis de circulation.
« C’est sur la base de la conformité de ces documents délivrés au niveau des zones d’exploitation des produits par les cantonnements des Eaux et Forêts que la Direction National des Eaux et Forêts délivre les certificats CITES pour les produits destinés à l’exportation. Monsieur le Président, malgré l’appartenance des massifs forestiers exploités au domaine de l’État et l’existence d’un Fonds d’Aménagement créé par la Loi N°04-005 du 14 janvier 2004 portant création du fonds d’aménagement et de protection des forêts de l’État et alimenté par 80% des redevances que nous payons au service des Eaux et Forêts pour la délivrance des permis de coupe du bois, tous les frais d’étude, d’aménagent, de surveillance et d’exploitation du bois ainsi que la réalisation d’œuvres sociales au profit des populations riveraines sont à la charge des exploitants sans compensation aucune », s’est plaint Collectif.
Aussi, a-t-il informé que malgré toutes ces charges et les investissements dans la création et le fonctionnement d’unités industrielles de traitement du bois ainsi que les emplois qu’ils créent, les acteurs du domaine sont victimes de la Décision N°0016/MEADD-SG du 27 mai 2020 portant suspension de l’exploitation du bois d’œuvre ou bois de sciage. Pour eux, cela constitue un acte administratif d’abus de pouvoir, sans base technique, scientifique, ni juridique.
«Monsieur le Président de la transition, la Loi n° 10-028 du 12 juillet 2010 dispose en son article 76 que ‘’ L’État et les Collectivités Territoriales sont habilités à soustraire de l’exploitation tout ou partie de leur domaine forestier. Les conditions et modalités de cette restriction font l’objet de mesure réglementaire».
Ainsi, le Décret N°2018-0662/P-RM du 28 août 2018 portant réglementation de l’exploitation des produits forestiers dans le domaine forestier national dispose en son article 84 :
«Dans le domaine forestier de l’État ou des Collectivités Territoriales l’exploitation commerciale du bois peut être suspendue ou arrêtée lorsque l’état de dégradation ou d’appauvrissement de la forêt l’exige. Dans le domaine forestier classé de l’État, l’arrêt de l’exploitation forestière est prononcé par arrêté du ministre chargé des forêts sur proposition du Directeur national du service chargé des forêts. Dans le domaine forestier protégé de l’Etat, l’arrêt de l’exploitation forestière est prononcé par décision du Gouverneur de Région, sur proposition du Directeur régional des Eaux et Forêts », explique la lettre adressée au Président de la Transition.
Le Collectif a précisé que dans le souci de corriger l’injustice qui prévalait dans le cadre du commerce légal de ses produits, la Primature par la lettre N°01262/PM-CAB du 13 août 2021 a demandé au Ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable et celui de l’Industrie et Commerce, l’application des deux décisions prises.
C’est pourquoi, le ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable a instruit le Directeur National des Eaux et Forêts par la lettre N°00700/MEADD-SG du 30 septembre 2021 en application des mesures de la lettre de la Primature de procéder au renouvellement desdits permis CITES.
Le Collectif a déploré un refus de lui remettre lesdits permis signés par le Directeur National des Eaux et Forêts.
Le Patron des Eaux et forêts, apprend-on, avance qu’il attend des ordres de sa hiérarchie, c’est-à-dire le ministre de l’Environnement, pour que les membres du Collectifs puissent rentrer en possession de ces documents.
« Par contre, pendant la même période une unité de transformation industrielle de bois exporte et a son permis CITES renouvelé en deux reprises comme s’il détenait le monopole de ces produits », fustige le Collectif dans sa lettre adressée au Président de la Transition.
Les quatre sociétés qui composent le Collectif emploient plus de 4 000 personnes et dont les familles traversent des moments difficiles depuis des mois maintenant. Ils envisagent de marcher sur la Primature, ce vendredi, pour exiger la reprise de leurs activités. Aussi, des marches similaires sont prévues dans les capitales régionales.

PAR MODIBO KONÉ

Source : Info-Matin

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