L’administration provisoire du Conseil national du Patronat (CNPM) a approuvé le samedi dernier les nouveaux textes sur la base desquels l’élection d’un nouveau bureau devrait se tenir. Mais, c’était sur fond de divergence. En effet, une partie des délégués a claqué la porte pour s’opposer aux « dispositions discriminatoires » contenues dans les nouveaux textes.
Mise en place en vue de ramener la paix et la confiance entre les acteurs du secteur privé, l’Administration provisoire, qui a 6 mois pour organiser l’élection d’un bureau au Conseil national du patronat du Mali (CNPM) a adopté, ce samedi, les nouveaux textes (le statut et le règlement électoral) de ladite faîtière.
Ils ont été approuvés par 112 voix pour, 12 abstentions et zéro contre par les délégués conviés à l’Assemblée générale extraordinaire. Ces documents apportent des innovations dans la gestion, au fonctionnement, à la candidature au poste du président du CNPM.
Lors de la cérémonie d’ouverture présidée par Soya GOLFA, président de l’administration provisoire, il a invité les patrons du secteur privé à la paix et à l’unité entre eux. À cause de la division, a-t-il regretté, le CNPM n’a existé que sur le papier.
« Nous souhaitons qu’au terme de notre mandat de 6 mois, nous parvenions à organiser l’élection d’un bureau. Déjà on a bouclé quatre mois avec l’élaboration de nouveaux textes qui a impliqué tout le monde. D’ici 2 mois, on compte tenir l’élection », a indiqué le vieux GOLFA, l’un des membres fondateurs du CNPM.
À sa suite, le 1er vice-président de l’administration provisoire du CNPM, Boubacar H. DIALLO, quant à lui, a fait le bilan de la structure. À ce stade, il a fait savoir que beaucoup d’efforts ont été consentis dans le toilettage des textes et l’élaboration des nouveaux textes qui vont également dans le sens du renforcement du pouvoir de l’Assemblée générale.
« Elle sait désormais que c’est sur une liste qu’elle élit le président et les vice-présidents qui constituent le bureau du CNPM. Elle a désormais le pouvoir de révoquer le mandat du bureau. Aussi, elle approuve le budget et la cotisation de l’exercice proposés par le bureau », a affirmé M. DIALLO.
Les nouveaux textes statutaires et réglementaires définissent le rôle et les attributions du président et des vice-présidents.
« L’activité du CNPM est désormais divisée en quatre secteurs d’activités placés chacun sous la responsabilité d’un vice-président. Le bureau définit chaque année les différents secteurs d’activité économiques », a expliqué le vice-président de l’Administration provisoire.
Outre ces dispositions, le président du CNPM est élu pour un mandat de cinq ans, non renouvelable. Les anciens présidents seront tous des présidents d’honneur qui peuvent être mis en mission par le bureau de l’institution patronale. Cette clause dans les textes est au cœur de la divergence entre les acteurs du secteur.
Après avoir alerté sur le risque et les conséquences du maintien de cette disposition jugée discriminatoire lors d’une conférence tenue le 6 août, des délégués ont quitté l’Assemblée générale au démarrage des travaux. Leur porte-parole, Omar DIOUARA, reproche à l’administration provisoire de violer les statuts et le règlement du CNPM qui prévoient les mécanismes de leur modification sous la houlette d’un comité statutaire.
« Ils (des membres de l’administration provisoire) se sont autorisés à exclure des délégués qui sont certainement des potentiels candidats. À cet égard, ils ont même violé la constitution du Mali parce que celle-ci prévoit l’égalité de chance pour tout le monde. Aussi, leur texte viole le droit positif malien en y mettant des clauses de rétroactivité », a dénoncé M. DIOUARA.
Décidés à se battre, ces délégués qui se retrouvent déjà au sein d’un collectif demandent la dissolution de l’administration provisoire pour avoir échoué à rassembler les acteurs et à respecter son mandat. Pour eux, l’espoir de stabilité au sein du CNPM est plus jamais atteint. Et c’est le retour à la case départ, ont-ils affirmé.
« On est reparti dans la crise. C’est ce qu’on avait prévenu. Vraiment la crise n’est pas finie. Ils ne sont pas venus pour régler la crise », se sont-ils lamentés.
Face à ces accusations, le 1er vice-président de l’administration provisoire se défend : « Tant qu’on continuera à défendre son intérêt, on ne s’en sortira pas. On ne sera pas d’accord avec ce genre de comportement. Il y a un conflit personnel. Or, nous défendons l’intérêt de la majorité. Nous ne sommes contre personne, nous défendons les intérêts du secteur privé»
Pour lui, la position des délégués, qui sont sortis de la salle, ne changera rien du processus en cours à défaut d’avoir la majorité. Ils pouvaient empêcher l’adoption de ces textes s’ils avaient la majorité.
« Si vous n’avez pas une majorité qualifiée, ce n’est pas dans la rue qu’il faut aller débattre…beaucoup de gens allaient nous en vouloir si nous n’avons pas pris les décisions qu’on a eu à prendre », a déclaré le 1er vice-président.
Selon lui, les décisions auxquelles ils sont parvenus sont claires et nettes pour que plus jamais la crise ne s’installe au CNPM.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin