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Circulation routière et insécurité dans l’espace CEDEAO

A force d’insécurité, les pays membres de l’Afrique de l’Ouest sont sur le point d’être coupés les uns des autres. Celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de voyager du Nigeria à Banjul ou de Cotonou à Freetown par la route ne pourront rien comprendre de ce post.

S’il y avait un acquis à mettre au compte de la Ecowas – Cedeao jusque là, c’était la libre circulation (malgré quelques arnaques dans certains pays) des citoyens et des marchandises entre les pays membres de ce vaste espace africain.

Malheureusement, avec la crise sécuritaire au Sahel, cet acquis peut être désormais évoqué au passé car ce n’est plus le cas. Depuis quelques années, traverser 3 à 5 frontières terrestres de l’Afrique de l’Ouest constitue désormais un véritable parcours de combattant tellement les risques sécuritaires sont énormes et omniprésents.

Sachant que c’est à travers les pays côtiers que les pays enclavés de la Sous Région (Burkina Faso, Mali et Niger) se ravitaillent en produits essentiels, il est aisé d’imaginer les effets graves d’une éventuelle rupture de la circulation routière dans l’espace CEDEAO.

Tenez, récemment, un ami Guinéen nouvellement affecté au Niger a voulu faire envoyer son véhicule de Conakry à Niamey par la voie terrestre. Pour réussir le parcours en évitant les zones d’insécurité majeures, le conducteur a été obligé de traverser 4 pays (Mali, Burkina Faso, Togo et Bénin) avant de rallier le Niger. Alors qu’en temps normal, il était possible de faire Conakry – Bamako – Niamey sans passer par les 3 autres pays. Ou encore de faire Ouagadougou – Niamey sans passer par le Togo et le Bénin.

Un autre exemple concerne le trajet Ouaga – Bamako. Avant 2010, il était possible de suivre au moins 4 routes officielles différentes pour rallier par la voie terrestre le Mali et le Burkina Faso. Aujourd’hui, à cause de l’insécurité, une seule route est malheureusement pratiquée, il s’agit de la route Bobo Dioulasso – Orodara – Sikasso.

Aujourd’hui, à l’intérieur de la plupart des pays de la Sous Région en proie à l’insécurité, il est déjà impossible d’aller d’une Province à une autre, d’un Cercle à un autre, d’une Préfecture à une autre. Certaines routes sont même minées avecdes engins explosifs. Tous les jours, des embuscades sont signalés.

A ce rythme, sans des réponses coordonnées des pays de la CEDEAO face aux crises sécuritaires, dans quelques années, il sera impossible de circuler dans l’espace régional par les voies terrestres. Et tout arrêt de la circulation routière entre ces pays pourrait gravement compromettre l’existence humaine dans cette région.

Quel développement est il possible dans ces conditions ?

Oeil d’un militant del’intégration africaine actuellement coincé au cœur du Sahel.

Algassimou Diallo

Expert Polyvalent en Développement en poste au Sahel

Source: guineematin

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