Bagdad, Koweït et j’en passe… vous paraissent loin ? Et pourtant rares sont les Bamakois qui ne sont pas passés par ces endroits à plusieurs reprises, sans savoir pourquoi ils sont ainsi nommés ! Récit d’une journée dans ces fiefs des tracasseries policières à Bamako.
L’une des missions régaliennes de la police nationale est d’assurer la protection de la population et de défendre son intérêt. Dans l’accomplissement de cette noble tâche, il s’avère que des policiers se livrent à des pratiques peu recommandables. Les tracasseries policières à ciel ouvert dans la circulation par les agents de Compagnie de la circulation routières (CRR) de nuit, comme de jour ne sont pas des moindres.
« Les conducteurs connaissent par cœur des endroits comme le monument aux héros de l’Armée noire, la pharmacie du Boulevard (Commune III) le carrefour du Banconi (Commune I), la Tour de l’Afrique (Commune VI), le virage de Sogoniko… Dans ces endroits les tracasseries se font au vu et au su de tout le monde« , peste M. D., chauffeur de Sotrama.
A force d’être repéré par les conducteurs des engins à deux, trois et quartes roues à cause de l’affluence des tracasseries des policiers de CCR, ont eu même des surnoms.
Selon une source sous anonymat très proche des policiers ce n’est pas n’importe quel policer qui est affecté là-bas. « Le monument de l’enfantPalestinien’ du rail est surnommé Bagdad, la capitale d’Irak. Ce surnom parce que les policiers font bonne moisson là-bas. Le poste devant l’Institut national des arts (INA) au Grand marché est baptisé Koweït, un important pays producteur de pétrole. Comme son nom l’indique, il y a du pétrole. Pas besoin de rappeler que cette huile minérale est synonyme de richesse« , affirme notre source.
Autre forme de mendicité ?
La poursuite des conducteurs de transport en commun à longueur de journée dans la circulation, le code du poignet de main, les doigts en dessous du cahier sont des techniques pas nouvelles chez les policiers. De même qu’enlever les clés des motos en pleine circulation, s’arrêter devant un véhicule au beau milieu de la route n’ont plus. En revanche qu’un policer mette des mois sans être affecté à des ronds-points ou qu’il rende même la monnaie de l’argent soutiré auprès des usagers en sont.
S.K., aujourd’hui gendarme se souvient encore de sa mésaventure à l’entrée du pont des Martyrs avec le policer.
« J’étais nouvellement à Bamako pour mon cycle universitaire. Je ne maitrisais pas encore la circulation d’ici. En vélo ce jour-là j’ai pris un sens interdit en quittant la colline du savoir. Au lieu de me ramener à l’ordre, le policer m’a fait retenir de 12 h jusqu’à 15 h. C’est voulant payer un sachet d’eau à 10 F CFA qu’il m’a mis en garde en me demandant de lui remettre les 50 F CFA en tout et pour tout que j’avais sur moi« , dit-il.
A sa prise de fonction le 26 octobre dernier à la direction générale de la police nationale, le nouveau DG Moussa Ag Infahi, contrôleur général de police, s’est engagé à constituer une force nationale, respectueuse des droits humains et de restaurer le climat de méfiance que la population entretient envers la police.
Depuis cette mise en garde par les hautes autorités des nouvelles méthodes de tracasseries policières ont vu le jour. Cette fois-ci pas pour contrôler les véhicules. Cette méthode consiste à stopper des véhicules personnels pas n’importe lesquels, raconte D. D.
« En rentrant à la maison un soir le policier m’a sifflé au niveau des finances. Il était vraiment dans la peau du bon fils. Il m’a fait savoir qu’il n’a pas mangé depuis le matin« , raconte D. D., ajoutant que le policer lui avait dit avant que ce n’était pas pour le contrôle.
Des nouvelle techniques, autres formes de mendicité masquée. De telles attitudes prouvent que ces policiers ne sont pas jusqu’à présent à court d’idée, du moins quand il s’agit de se faire de l’argent gratuitement.
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source: lesechos