Opération policière d’une ampleur inédite à Bagadadji, « Merma », au cœur d’un important réseau de vente de drogue, est tombée, et avec elle ses comparses.
Une importante opération menée dans le quartier de Bagadadji à Bamako par la police du 3ème arrondissement a permis l’arrestation de cinq personnes, dont une grosse pointure portant le sobriquet « Merma », tous ont été placés sous mandat de depôtt pour trafic de drogue. Elle dispose d’un réel entregent et d’une très forte aura dans le milieu. Son nom est à ce jour lié à la plupart des ventes notoires sévissant dans la commune II. Orchestrant vraisemblablement son commerce, sa force de frappe financière lui aurait permis d’élargir ses activités au-delà de sa commune.
Le coup de filet est intervenu le dernier jour du mois de juillet. Fantis venait de prendre possession d’une livraison de drogue quand elle a été interceptée. La cheftaine de réseau a chargé celle-ci de vendre une partie de la marchandise. Son règne venait de prendre fin.
« Merma » extrêmement connue des services de police pour des affaires de drogue et vit dans une tranquille maison. En dépit des mises en garde renouvelées, pour rien au monde, elle n’a pas fait ses adieux à une activité bien que malsaine qui l’a procuré un matelas d’argent. D’ailleurs, d’autres jeunes, qu’elle a pris sous ses aisselles, sont fortement mis à contribution. Plus de bras valides, plus de gain à empocher, tel a semblé son implacable logique. Il a suffi de leur donner quelques ficelles du métier de dealer pour que le tout baignât dans l’huile.
A force de poursuivre sur cette trajectoire, ses chances se sont amenuisées. Est venu le jour de son arrestation. « Merma » a joué un vieux disque rayé, histoire d’arracher aux policiers une compréhension de sa situation et de bénéficier de leur clémence: « Mon mari parti à l’aventure ne m’est d’aucun secours. Je suis ainsi devenue leur hôte et leurs charges quotidiennes (NDLR : de ses comparses arrêtés) pèsent sur moi. C’est pourquoi j’ai jugé utile de les enrôler dans la vente de drogue. » Un des jeunes hommes alias « Wesh » interpellé sur place a déclaré être un émissaire d’un artiste.
Un ennemi insidieux
Dans une région connue pour être un point névralgique pour la production, le trafic et la consommation de drogues, la lutte du Mali contre la drogue semble se renforcer.
Alors que les attaques répétées de groupes extrémistes et la violence intercommunautaire continuent d’alimenter l’insécurité au Mali, le pays est confronté à un autre ennemi : la drogue.
Le Mali est devenu, dans la région, l’un des principaux points de transit de la cocaïne en provenance principalement d’Amérique du Sud. Le trafic est géré par des réseaux bien établis à Bamako. Ils opèrent en tant que grossistes, recevant la cocaïne, la reconditionnant et l’expédiant en Europe ou dans les pays voisins. Ces réseaux sont principalement dirigés par des ressortissants nigérians et impliquent également des guinéens, selon le responsable de l’Office central des stupéfiants (OCS) cité par William Assanvo, coordonnateur de l’Observatoire régional du crime organisé – Afrique de l’Ouest. Toutefois, les ressortissants maliens jouent un rôle clé dans ces réseaux.
Dans le Nord du Mali, la production et le trafic de drogues se poursuivent malgré et, dans une certaine mesure, à cause de l’instabilité qui y prévaut. Cette zone abrite divers groupes armés − qu’ils soient « politiques », « djihadistes » ou « criminels » − et est connue pour ses trafics illicites. Le haschich (un produit dérivé du cannabis) fait l’objet d’un trafic particulier dans les régions de Taoudéni et de Kidal, et est introduit clandestinement en Algérie et au Niger. Une augmentation du trafic et de la consommation d’opiums synthétiques tels que le Tramadol a également été signalée dans le Nord du Mali.
La production de cannabis dans le Sud du Mali est considérée comme un fait nouveau, quoique ce ne soit pas nécessairement le cas. Des champs de cannabis y sont découverts suite aux actions renforcées des services de renseignement, mettant à jour la pratique de cette activité illicite.
Georges François Traoré
Source: L’Informateur