La fin du monde serait-elle si proche au Mali ? A lire et à entendre les très nombreux Anges de la mort qui élaborent les scénarii-catastrophes dignes de Hollywood, les élections du 29 juillet prochain seraient le point d’achèvement de la disparition du Mali en tant que pays et Nation. Dans leurs cerveaux sclérosés qui leur servent d’agenda, le compte à rebours est enclenché à vive allure et le sablier est entré dans la zone fatidique à partir de laquelle sa minuterie est hors de contrôle. Leur ouïe est d’une finesse diabolique qui leur permet d’entendre déjà leur Maître suprême souffler dans le Cor annonciateur de la fin des Temps.
Mais pourquoi dans ce pays dont on aime tant à vanter l’histoire millénaire, les ressorts insoupçonnés et le destin fabuleux à lui promis prend-on un si malin plaisir à se faire peur ? Est-ce la première fois que des élections présidentielles s’organisent sur les berges du Djoliba ? Ou sont-ce les élections avec les enjeux les plus cruciaux de l’histoire politique de notre pays ?
De mon point de vue, ceux qui entretiennent ce climat de peur-panique, sont des maniaques de l’agitation qui oublient délibérément l’essentiel : le Mali. Mais je fais un effort surhumain pour tenter de percer le mystère de leur cerveau et de comprendre leurs motivations. Pour bancale qu’elle soit, cette explication me paraît plausible :« Chercher à se faire peur pour s’amuser provoque aussi des réactions chimiques dans le cerveau qui aboutissent à une sensation de bien-être. Ainsi, notre système hormonal diffuse des hormones comme l’endorphine, la dopamine, la sérotonine et l’adrénaline qui procurent une sensation de plaisir. Si cette ‘explosion’ chimique se reproduit trop souvent, il peut arriver que certains développent une espèce d’addiction qui les pousserait à chercher à se faire de plus en plus peur, à rechercher de plus en plus souvent des sensations fortes ».
Alors, y aurait-il parmi les politiques des « malades mentaux» qui, au lieu de se préparer sereinement pour envisager les joutes électorales, s’épuiseraient à prêcher le désordre voire le chaos ? Mais dans quel dessein et pour quel bénéfice ? That’s the question !
Au Mali, le constat est criard que le politique a lourdement failli à éduquer le Citoyen qui, au lieu d’avoir son content de l’essence, se cramponne aveuglément à la vague. De ce fait, il est balloté de Charybde à Scylla et fait piteusement office de marionnettes à la dévotion d’artistes qui excellent plus dans le mal que le bien. Il est plus que temps que de simple mouton de Panurge, le Citoyen se réveille, prenne son destin en main et siffle la fin de la récréation, pour reprendre une expression assez galvaudée.
Il serait faire injure à la conscience des Maliens de penser qu’ils se trouvent dans une situation où manquerait cette élite susceptible de les sortir de ce mauvais pas et de les conduire vers ce destin glorieux auquel, peu ou prou, ils pensent.
Nous avons la chance d’être à la fois un vieux pays et une population très jeune de plus en plus éduquée et de plus en plus consciente du rôle qui est le sien dans la marche de notre Nation. Il faut jouer sur ces leviers et rompre définitivement la chaine de la passivité et de la fatalité qui ne font qu’embrumer nos cerveaux à la manière d’un élixir. Bâtir un pays prospère et une Nation forte et respectée, tel devrait être son leitmotiv. Et rien d’autre ! Il faut se convaincre aussi que les charlatans qui prédissent la déflagration, les conflits ethniques et le chaos n’ont plus rien à attendre de notre aventure commune en tant que Nation. Ceux-là voudraient entrainer la jeunesse dans leur chute par purs égoïsme et méchanceté. Les Maliens doivent croire en eux-mêmes et en leurs institutions qui sont naturellement perfectibles, et proclamer urbi et orbi qu’il ne se passera strictement rien au soir du 29 juillet 2018. Mieux, qu’après la compétition si passionnée fut-elle, ils se retrouveront entre frères et sœurs, entre amis et voisins, entre parents et collègues à expérimenter notre traditionnel vivre-ensemble de la manière la plus harmonieuse qui soit.
Il y a une vie avant les élections et il y aura, bien évidemment, une autre vie après les élections. C’est celle-là qui doit focaliser notre attention, notre intérêt et nos énergies positives. Si nous ne pouvons pas combattre les oiseaux de mauvais augure qui pullulent en ces temps prédisant l’effondrement de notre pays, démarquons-nous d’eux et ne les engraissons pas de nos rêves et de nos maigres ressources. Car ils les utiliseront pour nous manipuler et nous opposer les uns aux autres pour leur bénéfice douteux et égoïste.
Et nous n’aurions que nos yeux pour pleurer.
Serge de MERIDIO
Source: Inf@sept