La vie d’un homme est faite de joie et de peine. Des peines ? Je n’en ai aucunement envie d’en parler ce matin et préfère les mettre un peu en sourdine, car Dieu seul sait combien il y en a eu ces derniers temps à Dougouba : attaques armées à Tessit, à Mondoro, dans la zone frontalière avec la Mauritanie et enfin……la disparition tragique de l’ex-Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga à qui toute la nation a rendu hommage ce jeudi 24 mars 2022, à son domicile, au quartier du Fleuve. Bon, arrêtons-nous là avec ces monstruosités et passons à quelque chose de plus gaie et heureux.
Justement en ces temps ténébreux qui enveloppent et assombrissent le Ciel écarlate de Dougouba, le football semble être la seule bouée de sauvetage à laquelle s’accrocher pour s’immerger du naufrage collectif. Le match des Aigles du Mali face à leurs « homonymes » de la Tunisie comptant pour le dernier carré aller des éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 prévu au Qatar passe évidemment comme un cadeau tombé du ciel. Le Révolté d’un jour se souvient encore de ce 25 juillet 1993 où les Aigles du Mali venaient d’arracher leur qualification à la CAN 1994 après avoir battu ici à Bamako les Pharaons d’Égypte par le score de 2 buts à 1. Un moment de joie et d’allégresse qui a mis en ébullition tout Dougouba.
Le jeu en valait la chandelle pour beaucoup de la nouvelle génération d’amoureux du ballon rond, dont votre serviteur, qui allait voir pour la première fois de leur vie les Aigles du Mali évoluer dans une phase finale de Coupe d’Afrique. Comme le Révolté d’un jour, tout Dougouba attend ce vendredi 25 mars 2022 au stade du……26 mars les Tunisiens pour départager qui, des Aigles du Mali ou ceux de la Tunisie, aura le bonheur de prendre part à la grande messe du football planétaire au Qatar cette année. Le Révolté d’un jour n’est ni correspondant de presse tunisienne encore moins une taupe tunisienne pour s’intéresser à l’état d’âme avec lequel la Tunisie abordera cette rencontre face au Mali, mais il est peut témoigner de l’engouement ô combien frénétique qu’a suscité cet ultime match de football à Dougouba.
Comme un seul homme, les fils de Dougouba se sont mobilisés donnant ainsi une allure de sentiment patriotique où chacun a voulu faire sien. Qui pour offrir des billets gratuits aux supporters, qui pour mener une campagne de soutien aux aigles à travers de jolis visuels diffusés sur les réseaux sociaux appelant l’ensemble de nos compatriotes à venir supporter les Aigles, voilà autant de soutiens multiformes auxquels bénéficient l’Équipe nationale pour ce match face à la Tunisie.
Dans cet élan de solidarité, les Aigles ne demeurent pas en reste non plus. Les hommes de Mohamed Magassouba arrivent requinqués en bloc. C’est du moins le visage qu’ils affichent face aux caméras de nos confrères de Bozola. Et pour cette campagne, l’entraineur peut compter sur l’ossature du team de l’aventure camerounaise, sur des revenants comme Abdoulaye Diaby et Cheick Oumar Doucouré, mais aussi sur des nouvelles têtes à l’image d’Abdoulaye Doucouré (Everton, Angleterre), Nènè Dorgelès (SV Ried, Autriche), Saliou Guindo (KF Laçi, Albanie) ou Almamy Touré (Francfort, Allemagne) qui sont également venus en renfort pour aider les Aigles à passer ce cap ouvrant ainsi grandes les portes d’une participation historique du Mali à une Coupe du Monde.
Le sélectionneur Mohamed Magassouba aura l’embarras du choix, tant il a des joueurs à sa disposition. Il lui appartiendra de faire des choix judicieux face aux Aigles du Carthage qui ne viendront pas non plus nous regarder jouer. Ils se battront jusqu’au dernier coup de sifflet final et n’hésiteront pas à refroidir le stade du 26 mars si jamais l’occasion se présente. Dans cette situation d’incertitude, le mental me semble être l’arme la plus appropriée. Certes, le nid des Aigles s’est enrichit de nouveaux arrivants. Mais qu’on ne se le cache pas, certains de ces joueurs ont autre motivation que de servir le Mali. Le cas d’Almamy Touré est illustratif. Plusieurs fois appelé, ce natif de Tomikorobougou (il est le frère de Bassala Touré, l’ex milieu de terrain des Aigles) a eu le kilo de décliner dans le temps les sirènes de l’Équipe nationale pour une hypothétique convocation en Équipe de France. Le comble pour quelqu’un qui est né et a grandi dans les rues de Bamako !
Quant à Abdoulaye Doucouré, son cas est, dans la moindre mesure, compréhensible puisqu’il est né en France et a été longtemps sélectionné dans l’équipe espoir de France. Mieux le natif de Meulan-en-Yvelines (France) a failli participer à la dernière Coupe du Monde 2018 remporté par la France en Russie. Pour le jeune Nènè Dorgelès, il faut dire qu’il suit tout simplement le chemin parcouru par ses aînés tels qu’Yves Bissouma, Rominigue Kouamé N’Guessan, tous ivoiriens de naissance, mais qui ont choisi de porter les couleurs de l’Équipe nationale du Mali.
Alors mon cher ami, Magass, à toi de faire la part des choses. J’ai envie de te dire qu’on ne vient pas en Équipe nationale du Mali juste pour avoir le statut d’international. Alors choisis les hommes qui ont l’amour du maillot des Aigles du Mali. Bonne chance à toi !
À mercredi prochain pour fêter notre qualification à la Coupe du Monde Qatar 2022.
Lassine M’Boua DIARRA
Source : Tjikan