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Chronique éco: Menace sur les chaînes d’approvisionnement

À peine des pays sans littoral comme le Mali sortent-ils des décombres des effets pervers de la Covid-19 en renouant avec la croissance (prévisions FMI pour 2021), un nouveau variant de cette pandémie bondit tel un fauve affamé venant d’apercevoir une proie, en envahissant plusieurs pays. Comme si cela ne suffisait pas, certains pays décident de refermer leurs frontières «aux étrangers» ou aux pays d’Afrique australe d’où serait parti ce variant. Cette liste pourrait s’allonger en fonction de l’évolution de la maladie.

 

Cette décision jugée sélective – les pays occidentaux étant les plus contaminés – risque de mettre à nu les efforts et sacrifices énormes consentis par les pays pour rétablir les systèmes agroalimentaires mondiaux. Ces mécanismes forment un réseau complexe d’activités liées à la production, à l’entreposage, à la transformation, au transport, à la distribution et à la consommation de produits agricoles alimentaires et non alimentaires. Ces dispositifs qui produisent chaque année 11 milliards de tonnes de nourriture, emploient plusieurs milliards de personnes, directement ou indirectement.

D’éventuelles restrictions sur les échanges commerciaux, conséquences directes des interdictions de voyage, perturberaient sans doute ce circuit d’approvisionnement, nécessaire pour équilibrer l’offre et la demande de denrées sur nos marchés dépendant de l’importation. Ce qui pourrait contribuer à affaiblir davantage les paniers de nos ménagères déjà mis à rude épreuve, alerte l’édition 2021 du rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur la Situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture.

Pour près de la moitié des pays analysés par les experts de la FAO, la fermeture de liaisons de transport d’importance critique augmenterait de 20% au moins le temps de trajet. Cela se traduirait par une hausse des coûts et des prix des aliments pour les consommateurs. «Jusqu’à 845 millions de personnes pourraient voir le coût de l’alimentation augmenter si des liaisons de transport d’importance critique devaient subir une perturbation», prévient le rapport publié en fin de semaine dernière.

Or la cherté de la vie est une menace réelle et permanente pour la stabilité sociale et politique notamment des pays pauvres. Pour y faire face, prône l’Agence onusienne, il est essentiel de miser sur la diversification : sources d’intrants, de la production, des marchés et des chaînes d’approvisionnement ainsi que des acteurs. Cela, en promouvant le développement de petites et moyennes entreprises agroalimentaires, de coopératives, de consortiums et de pôles d’activité. Car, soutiennent les experts, la diversité multiplie les voies qu’il est possible d’emprunter pour absorber les chocs. Les spécialistes conseillent également l’amélioration de l’accès des ménages vulnérables aux biens, à des sources diversifiées de revenus et à des programmes de protection sociale en cas de choc.

Cheick M. TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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