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Chronique du web : Ivre à sec, c’est bien possible

Vous lisez cette chronique depuis maintenant plusieurs années et vous savez que nous n’avons pas pour habitude de sortir des vannes. Ce n’est donc pas aujourd’hui que je prendrai les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Je vous dois respect et considération et n’oserai, pour tout l’or de Crésus, me payer votre tête. Et pourtant, il faut bien admettre que des gens présentant tous les signes extérieurs de poivrots n’ont pas forcément un ou plusieurs verres dans le nez. Vous avez bien lu : on peut bien être ivre tout en étant sobre. Autrement dit, une personne peut être négative à l’alcootest et se comporter exactement comme un sujet qui a tenu une cuite grand format.

 

Telle est une curiosité de la nature qui a donné matière à un article publié le 29 octobre sur le site topsante.com sous la plume de Catherine Cordonnier. On doit ce phénomène rarissime à une maladie génétique répertoriée dans la catégorie des maladies rares : le syndrome d’auto-brasserie ou syndrome de fermentation intestinale.

Dans cet article pour le moins curieux, on lit cette histoire écrite par une respectable consœur qui ne force pas sur la bouteille : « Pendant 8 ans, un Américain s’est régulièrement fait arrêter pour conduite en état d’ivresse alors qu’il ne buvait pas une goutte d’alcool. Il souffrait en fait du syndrome d’auto-brasserie, une maladie digestive rare. Tout a commencé en 2011, lorsque cet Américain de 46 ans a suivi un traitement par antibiotiques. A l’issue du traitement, il s’est régulièrement mis à marcher en titubant, à chuter. Et il a même été arrêté pour suspicion de conduite en état d’ébriété, alors qu’il jurait n’avoir pas touché une goutte d’alcool. Son médecin et sa famille étaient persuadés qu’il buvait tout simplement en cachette ».

Le pauvre ! Etre suspecté d’être encarté chez Bacchus alors qu’il n’en est absolument rien. Que cela a du être terrible pour lui de vivre avec une suspicion infamante !

Selon notre consœur, « la vérité était beaucoup plus surprenante et inattendue. Les antibiotiques avaient permis à certains champignons et bactéries en fermentation dans l’intestin de se développer de façon désordonnée. Et à chaque fois que cet Américain mangeait une pizza, une portion de frites ou buvait un soda, les légions de bactéries transformaient consciencieusement les glucides en éthanol, entraînant tous les symptômes d’un taux d’alcoolémie extrême ».

Selon les témoignages de cet infortuné patient publiés dans le BMJ Gastro-enterology, « le syndrome d’auto-brasserie également appelé syndrome de fermentation intestinale est une maladie digestive rare et sous-diagnostiquée. La maladie est liée à une accumulation de levure appelée Saccharomyces cerevisiae à l’intérieur des intestins. Ce champignon se trouve dans les féculents (pain, riz) et même dans certains compléments alimentaires (probiotiques). C’est cette même levure qui est utilisée dans l’industrie des boissons alcoolisées car elle peut créer de l’alcool à partir de sucres. Les analyses sanguines montrent un tel taux d’alcool dans le sang que les médecins peuvent soupçonner une alcoolémie majeure ».

Je comprends que vous ayez du mal à réaliser cette curiosité de la nature, mais soyez rassurés puisque, selon l’article, « les scientifiques ne savent toujours pas exactement pourquoi le syndrome se déclenche tout à coup et n’ont pas encore développé un moyen fiable pour l’empêcher de se développer ».

Existe-t-il un traitement approprié contre cette pathologie rare ? Malheureusement, non ! « Les patients atteints de la maladie se voient d’abord prescrire un traitement antifongique pour éliminer la levure, associé à des probiotiques afin de réintroduire de bonnes bactéries dans les intestins. Ils sont ensuite obligés de suivre un régime strict sans sucres, féculents ou alcool, afin de réduire les risques de fermentation involontaire ».

BBC rapporte aussi de l’histoire de Nick Hess, ce qui souffre du syndrome d’auto-brasserie. A chaque fois qu’il mange un repas riche en glucides, c’est comme s’il descendait plusieurs verre de Vodka. Heureusement, précise BBC, le syndrome d’auto-brasserie est une maladie surprenante qui ne concerne que quelques cas en quatre décennies. La parade que Nick Hess et ses médecins ont trouvée, c’est de bannir de son assiette le pain, les pâtes et les frites, au moins avant de prendre le volant.

En surveillant rigoureusement son alimentation, Nick Hess a réussi à réduire ses crises d’éthylisme à deux ou trois fois par mois, précise BBC.

Il faut rappeler que les premières constatations du syndrome d’auto-brasserie remontent aux années 1970 au Japon. A cette époque, des chercheurs ont constaté que certains patients possédaient une enzyme inhabituelle dans les intestins, laquelle transformait l’amidon en alcool, exactement comme dans la fabrication de bière.

Malgré ces explications savantes, notre société aura du mal à se laisser convaincre que tous les sujets présentant des signes extérieurs d’ivresse ne lèvent pas forcément le coude.

L’organisme humain n’a pas fini de nous révéler ses mystères et donnons crédit aux saintes écritures qui  nous donnent à lire cette vérité immuable : « Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la science de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! » 

 

Serge de MERIDIO

Inf@sept

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