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Chronique du Mali debout : L’échéance de la paix repoussée par la défaite militaire du 21 mai 2014

La Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma) exige des amendements au projet d’accord signé à Alger le 1er mars 2014 par le gouvernement, la médiation et la plate-forme des groupes armés. Un document qui, il faut le dire, ne suscite que la méfiance des forces vives de la Nation. C’est l’exigence exprimée aux amuseurs de la galerie, pardon aux médiateurs, partis à la rencontre de ces mouvements armés (Mnla, Maa et Hcua) à Kidal. Un voyage qui a déjà donné à la Cma l’importance qu’elle n’a pas.

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«Quand on donne le miel à l’âne, il faut se préparer à assumer ses caprices», dit une assertion. Cette volte-face est en tout cas la preuve que les leaders de la Cma sont des trafiquants et non des rebelles touaregs pour lesquels ils veulent se faire passer. L’erreur monumentale a été de laisser la Cma retourner à Kidal sans apposer sa signature au bas du document du projet d’accord sous prétexte de consulter cette base imaginaire qu’est l’Azawad. Le hic, c’est que la Communauté internationale s’est rendue complice de cette mascarade qu’elle a financée et appuyée techniquement.

Le gouvernement aurait aussi pu exiger de consulter les Maliens avant de signer. Mais il aurait tout de suite eu sur le dos cette même Communauté internationale et ses lobbies (médias) impérialistes qui n’auraient pas sans doute hésité à l’accuser de mauvaise volonté. Et quelle est cette supposée base de la Cma ?

En tout cas, la consultation n’a eu lieu qu’à Kidal, alors que l’Azawad revendiqué aujourd’hui devrait englober tout le septentrion du Mali, c’est-à-dire les régions de Tombouctou, Gao et Kidal, voire une partie de Mopti. Que représente la poignée d’habitants de Kidal par rapport à la population de ces régions ? Insignifiante.

La partialité française

D’ailleurs, à Kidal, aujourd’hui on ne trouve que des femmes (veuves des rebellions) et des enfants impuissants qui n’ont aucun moyen de quitter cet enfer qu’est devenue cette ville aux mains des narcotrafiquants et des terroristes. Ce sont ces infortunés que le monde voit marcher et protester sous un soleil de plomb au nom de l’Azawad dont ils ignorent la signification exacte. Ce sont eux qui sont transformés en boucliers, chaque fois que la Cma veut saboter une mission nationale ou internationale.

On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Soit «l’Azawad» se résume à Kidal, soit il concerne en plus les régions de Gao et Tombouctou. Dans ce dernier cas, la logique aurait voulu que les groupes n’ayant pas encore adhéré à l’accord consultent toute cette fameuse «base», à savoir les populations vivant dans cette partie y compris celles de Gao et de Tombouctou. Pourquoi cela n’a-t-il pas encore été fait ? Et pourquoi la médiation internationale n’en fait-elle pas l’observation à ces groupes ?

La démocratie est le modèle de gouvernance auquel adhère cette Communauté internationale partiale. Alors, comment peut-elle accepter que les «habitants» d’une bande de terre entre Kidal et Taoudéni (fameuse Azawad) puissent prendre en otage 15 millions de Maliens et hypothéquer la sécurité d’un pays qui a 1 241 231 Km2 ?

Evidemment, ma chère «KKS» (ne me demander pas la signification), ces trafiquants sont «conseillés par des spécialistes et experts qui sont dévoués à une cause… qui n’est pas celle des rebelles, mais leur propre cause, dont l’obtention passe par les rebelles». Sinon, comment comprendre qu’on les ait laissés quitter Alger sans parapher le document ?

D’ailleurs, est-ce que la France négocie avec les organisations mafieuses de la Corse ? Est-ce que l’Espagne dialogue avec les terroristes basques ? Alors, pourquoi le Mali est-il contraint à s’asseoir à la table de négociations avec des bandits armés sans loi, ni foi ? Oui, c’est le Mali qu’on contraint à négocier avec «une bande de trafiquants, récalcitrants dénommés pour l’occasion rebelles touaregs».

Et tout simplement, comme le dit si pertinemment KKS, parce que le Mali n’est qu’une «République bananière» aux yeux de la France derrière laquelle est aveuglement alignée cette supposée Communauté internationale dont l’incapacité notoire est symbolisée par le drame permanent auquel les Palestiniens sont contraints par l’Etat sioniste d’Israël.

Aujourd’hui, le projet d’accord signé le 1er mars à Alger est dans l’impasse totale. Et ce sera faire preuve d’une grande naïveté que de croire que la Communauté internationale va débloquer cette situation. Elle a beau menacer que le contenu du document ne va pas changer, mais il ne faut pas en espérer qu’elle contraigne la Cma à tenir ses engagements.

Cette Communauté internationale est sous l’influence française. Et personne ne doute aujourd’hui de la partialité de la France dans cette crise. On est  dans une impasse voulue par la France. L’Elysée mise toujours sur le Mnla, on ne sait pour quelles raisons ! De peur que n’éclate au grand jour son vrai rôle dans l’implosion de la Libye et du désordre qui règne au Nigéria à cause de Boko Haram ?

Et si la bérézina de mai 2014 nous avait éloignés de la paix ?

Pourquoi l’Opération Serval s’est arrêtée à la porte de Kidal ? Pourquoi la France a fait pression sur Koulouba pour éloigner du front les officiers les plus compétents dont la présence aurait permis au Mali de ne pas perdre le contrôle de la situation dans cette zone ? Chacun peut avoir sa réponse à ces questions. Mais nous sommes presque tous unanimes à reconnaître que ces situations ne doivent rien au hasard. Faudrait-il alors se résoudre à faire la guerre ?

L’adage dit : «qui veut la paix, prépare la guerre». Est-ce que nous avons les moyens de faire aujourd’hui la guerre ? Les Forces armées maliennes (Fama) sont-elles assez bien préparées pour aujourd’hui laver l’affront du 21 mai 2014 ? Nous ne doutons pas de la vaillance de nos soldats et forces de sécurité. Mais conquérir Kidal n’est-il pas une bataille perdue d’avance ?

La bérézina de mai 2014 a laissé des traces. L’aubaine était si croustillante pour des mouvements aux abois qu’ils ne pouvaient s’empêcher d’en profiter pour enterrer ce qui nous restait comme souveraineté dans l’Adrar des Ifoghas.

Et pourtant, comme l’écrivait dans «L’Indépendant» le doyen Ibrahim Maïga, l’image du Mnla avait été fortement entachée suite aux actes posés pendant la visite tourmentée du Premier ministre de l’époque. «Dans leurs petits souliers, les alliés français et européens du Mnla avaient commencé à venir se faire entendre à Bamako, à tire-d’aile.

Car la bêtise était patente.  Au-delà», écrivait-t-il. À quelque chose, malheur étant bon, après l’agression barbare contre le chef du gouvernement d’alors, l’armée nationale a pu faire entrer un nombre considérable de soldats à Kidal. Ce qui était une première en deux ans de crise. Pas trop, mais pour les observateurs, «assez pour faire une pression d’enfer sur le Mnla».

S’unir pour donner une chance à la paix

«Jamais, telle occasion inespérée ne s’était offerte à nous. Et patatras ! Tout s’effondre parce que des chefs militaires (les politiques leur ont fait porter le chapeau de la déroute) ont pris la décision de débarrasser Kidal des occupants indésirables», pouvait-on lire dans cet article qui est encore d’une brûlante actualité. Conséquence : «tout est fichu». Tous ces acquis ont été anéantis par la mégalomanie nous contraignant à négocier, à «résoudre le problème de Kidal avec la tête et non les muscles» !

La défaite de l’armée malienne à Kidal, le 21 mai 2014, n’a fait que prolonger davantage le chemin nous conduisant à la paix. Et notre confrère avait été bien inspiré d’écrire : «…Rien ne sera plus comme avant entre les factions criminelles et séditieuses embarquées dans le fourgon du Mnla et l’Etat du Mali, après la bérézina de Kidal.

La souveraineté du Mali sur Kidal ? C’est bien ce qu’il faut encore négocier». «Sous quelle forme et dans quel agenda ?», s’était-il interrogé, tout en rappelant que depuis plus de cinquante ans, «Kidal veut être Kidal» et, avec qu’on appelle «Azawad» ou «Kidal», la «césure n’a jamais été aussi nette». La réalité est-elle différente aujourd’hui ?

«Au lieu de t’en prendre à ton point de chute, regarde là où tu as trébuché», dit l’adage mandingue. En dehors de la connivence française et de la duplicité de la Communauté internationale, ceux qui ont orchestré la «contre-offensive» du 21 mai 2014, pour leur aura politique, portent la responsabilité de l’impasse à laquelle nous faisons face aujourd’hui.

Nous voulons la paix pour notre pays. Et elle serait déjà un acquis si ceux qui nous sont imposés comme interlocuteurs avaient la même volonté de faire la paix. Et conscients de la position acquise en mai dernier et du poids de leurs parrains, ils vont longtemps tenter de nous distraire en essayant chaque fois de noyer le poisson.

Parce que leur volonté, ce n’est pas la paix, mais sauvegarder leurs intérêts que leur garantit le no man’s land qu’ils imaginent sous l’appellation «Azawad» ! La paix nous impose l’unité. En effet, comme le disaient des comédiens en herbe de la Faculté des lettres à la cérémonie de clôture de la seconde Biennale des lettres de Bamako, «…tant que nous sommes unis, rien n’est perdu» définitivement !

 

Moussa BOLLY

Source: Le Reporter

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