Sanctions de la CEDEAO, relations entre Paris et Bamako, partenariat avec d’autres pays. Ce sont, entre autres, sujets évoqués par le Premier ministre, Dr Choguel K Maïga lors d’une rencontre le lundi 7 février dernier avec les diplomates accrédités dans notre pays. Occasion pour le PM de mettre les points sur les i…
Devant les diplomates accrédités à Bamako, le Premier ministre a largement évoqué les sanctions de la CEDEAO contre le Mali. Ces sanctions sont « illégitime et d’illégales » a –t-il déclaré.
Avant de poursuivre : « Au lieu d’ouvrir le dialogue autour des propositions formulées par le Mali, il a été décrété des mesures injustes et sauvages dont l’objectif est d’asphyxier le Mali et de le présenter comme un paria parmi les nations sœurs».
Ainsi, Choguel K Maïga a dénoncé cette volonté acharnée de certains chefs d’État, sous le couvert de la préservation de l’ordre constitutionnel, de « vouloir vassaliser le peuple malien pour le compte d’agenda caché de puissances extra-africaines ».
Le chef du gouvernement a profité de l’occasion pour rappeler que la Transition malienne est le couronnement d’un soulèvement populaire qui a mobilisé le peuple dans la rue des mois durant pour exiger la fin de la dérive et l’abîme dans lesquelles la mauvaise gouvernance, la corruption, l’impunité et l’impasse sécuritaire ont fini par plonger notre pays.
La France et Nous
Il a également évoqué les relations tendues entre notre pays et la France. A ce sujet le Chef du Gouvernement a fait ce petit rappel : « Après [un] temps d’allégresse » en 2013 quand les soldats français ont libéré le nord du Mali tombé sous la coupe de groupes djihadistes, l’intervention s’est muée dans un deuxième temps en une opération de partition de fait du Mali qui a [consisté dans] la sanctuarisation d’une partie de notre territoire, où les terroristes ont eu le temps de se réfugier, de se réorganiser pour revenir en force à partir de 2014 ».
Choguel K Maïga indique cependant que les dirigeants français “n’ont jamais dit à leur opinion publique, quand ils intervenaient en 2013, qu’ils allaient diviser le Mali… On ne peut pas nous vassaliser, on ne peut pas transformer le pays en esclave; ça, c’est terminé”.
Ensuite, le Premier ministre d’interroger : « Les Américains n’ont-ils pas libéré la France ? (…) Quand les Français ont jugé que (la présence américaine en France, ndlr) n’était plus nécessaire, ils ont dit aux Américains de partir, est-ce que les Américains se sont mis à insulter les Français ? ».
Il a aussi évoqué le rappel en février 2020 de l’ambassadeur du Mali à Paris Toumani Djimé Diallo. Celui-ci avait provoqué la colère des autorités françaises en accusant des soldats français de « débordements » dans les quartiers de Bamako. Les autorités maliennes avaient rappelé le diplomate à la demande de la France « sur la base de simples déclarations sur le comportement peu orthodoxe de certains légionnaires français au Mali, j’allais dire mercenaires”, a déclaré Choguel Kokalla Maïga.
Takuba, c’est pour diviser Mali…
En outre le chef du gouvernement a dénoncé l’unilatéralisme de la partie française : « Quel sens donner aux décisions unilatérales d’un partenaire qui, faisant fi des accords bilatéraux vous liant, agit au mépris desdits accords qui astreignent les Parties à l’obligation de coopération et de concertation sur les questions stratégiques et sur les choix opérationnels ? » Il demande un respect mutuel dans le partenariat : « Pour nous, le partenariat, c’est l’écoute mutuelle, c’est le respect mutuel, c’est agir ensemble, c’est travailler de concert sur des objectifs communs, au bénéficie mutuel de nos pays et de nos peuples respectifs. »
Ainsi, Choguel K Maïga a fustigé les multiples violations de l’espace aérien: « Ne parlons même pas du scandale de cet avion militaire des forces internationales qui opère pendant des heures des vols d’espionnage au-dessus de nos bases en construction. Pris la main dans le sac en flagrant délit de violation de leurs missions officielles, le Commandement militaire qui a orchestré cet acte digne de films hollywoodiens, n’a donné comme explication que des ordres venus d’une puissance étrangère qui, en principe et légalement, n’est pas censée donner des ordres aux forces de la MINUSMA. »
A propos de l’opération Takuba ,le Premier ministre a été clair « Takuba ,c’est pour diviser le Mali. C’est “le sabre”, en [langue] songhai et en tamasheq, ça n’est pas un nom qui a été pris par hasard », a-t-il dit.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube