Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
Redorer le blason d’une ville surnommée « l’Amsterdam de l’Orient », « la capitale chinoise du sexe », c’est l’obsession des autorités de Dongguan. Campagne de promotion et répression. « Ici on fabrique un portable sur huit et une paire de baskets sur dix vendues dans le monde », vante la publicité.
Les usines attirent entre 500 et 800 000 travailleurs migrants et 300 000 prostituées selon leSouth China Morning Post. Plusieurs milliers d’agents en uniformes et en civil ont participé au raid contre l’industrie du sexe de ces derniers jours, affirme pour sa part Chine Nouvelle.
Une campagne qui permet aussi de faire le ménage parmi les notables de la région. Deux chefs de la police ont été suspendus de leurs fonctions et l’un des hôtels cinq étoiles réputé pour ses call girls de luxe montré dans un reportage de CCTV appartiendrait à un député de l’Assemblée nationale populaire fait savoir la radio nationale de Chine.
« Nous sommes tous des habitants de Dongguan »
Mais la surprise ici n’est pas dans le coup de filet mais bien dans son ultra médiatisation. Durant le week-end, plusieurs responsables politiques ont pris la parole pour dénoncer une explosion du « commerce du sexe ». Des discours et des reportages dans la presse officielle qui sont vivement critiqués ce lundi par les internautes. « Dongguan ne pleure pas » ou encore « nous sommes tous des habitants de Dongguan », ces expressions employées au second degré sont habituellement utilisées lors des catastrophes naturelles.
La prostitution est en effet le fait également d’anciennes ouvrières victimes de la crise raconte le quotidien urbain de Nanfang. Autrement dit, la police préfère s’attaquer aux conséquences du problème plutôt qu’à ses causes. « Ceux qui vendent leur âme [sous-entendu les médias officiels, ndlr] n’aiment pas ceux qui vendent leur corps », résume l’avocat Yuan Yulai.
rfi