De Kati gare à Tintiba (Kayes), les populations vivent dans la misère totale. Des familles ont disparu, des écoles ont fermé laissant des enfants dans la rue. La délinquance, la drogue ont envahi toute une région à cause de l’arrêt des trains.
L’heure est grave pour les populations de la cité des rails. La vie est à l’abandon. Plus d’activités. Le petit commerce pour les femmes, ces vieilles dames, ces enfants pour assurer une survie quotidienne liée au train, a cessé. Ici, çà et là, personne n’entend plus le sifflement de train qui était synonyme de vie dans ces gares. De Kati à Kita, il y a 9 gares : Kati gare, Dio gare, Néguela Gare, Nafadji Koro gare, Nafadji Koura gare, Khassaro gare, Sébékoro gare, Badinko gare, Kita gare. Des haltes constituaient un véritable tremplin pour les populations riveraines des rails, ce sont là où se passaient les foires hebdomadiers. Ces haltes fournissaient des céréales de toute nature, du bétail etc.… Il s’agit de Diago Halte, Manabou Halte, Guinena Halte, Baoulé Halte, Naumousaulou, Sangarebougou, Kouleko, Bankassibougou, Dialakoni, Tounboudala, Dialaya. Après ces gares et Haltes, l’on arrivait à Toukoto qui servait de croisement. Là, l’ambiance était totale. Le temps était accordé aux voyageurs d’aller à des petites occupations, pendant au moins 45 minutes jusqu’à une heure de temps parfois. C’était le lieu et le moment où les gens mangeaient. Un de nos interlocuteurs, en rappelant ces faits, avait les larmes aux yeux. « Nous avons été à l’école à Toukoto », a indiqué notre interlocuteur. Selon lui, ce village ou cette gare était pour eux comme Bamako. La vie était vivante à Toukoto car deux ou souvent trois trains se croisaient. Mais maintenant, poursuivra notre interlocuteur, la vie a disparu laissant du coup cette ville dans la ruine. De Kita à Toukoto jusqu’à Kayes, il y a des gares comme Fangala, Badumbé, Oualia, Djoubéba, Kalé, Mahina, Talary, Galougo, Tambafara, Bagouko, Bouroukoun, Diamou, Tintiba et enfin Kayes qui ont survécu grâce au train. Au départ du train de chacune de ces gares, de Toukoto à Kayes, tous ces villages étaient en alerte pour accueillir la fête, la fête pour les échanges de marchandises, la fête du donner et du recevoir, la fête pour demander les nouvelles des parents proches, des amis. La vie était intense à chaque gare et à chaque Halte. Hélas, l’espoir fut brisé. Les populations riveraines des rails sont tombées dans une misère totale. La mauvaise gestion, la délinquance financière, l’insouciance et l’incompétence ont pris le dessus, brisant du coup l’espoir de milliers de gens. La jeunesse de ces villages a pris la clé des champs, préférant l’immigration pour aller mourir dans les océans aux yeux de chaque régime qui passe. Les politiques ont compris que pour avoir la voix électorale de ces populations riveraines des rails, il faut faire des promesses fallacieuses de rétablir la voie ferrée. La cité des rails, dont le développement économique est lié au train, reste tributaire à cette voie qui encore attend d’être réhabilitée.
Fakara Faïnké
Source: Le Républicain