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Changement de régime au Burkina Faso: doit-on condamner ou saluer ?

Après le Mali et la Guinée, les militaires ont destitué, ce lundi 24 janvier 2022, le président burkinabè Roch Marc KABORE. Un troisième coup de force contre un président élu en moins de deux ans dans l’espace CEDEAO où visiblement nos Chefs d’Etat de la région sont bien loin d’être au bout de leurs peines face au ce recul, jugé préjudiciable à la démocratie et à l’état de droit. Dans les rues de Ouagadougou et ailleurs, le putsch contre le Chef de l’Etat a été salué par une liesse populaire. Doit-on condamner ou saluer ce coup de force chez le voisin burkinabè ?

 

Ici à Bamako, en attendant une réaction officielle, on peut constater que ce changement de régime est accueilli avec un ouf de soulagement au sein de l’opinion nationale. Car depuis les conclusions du double sommet sur le Mali tenu à Accra, les Maliens ne portent dans leur cœur la plus part des Chefs d’Etat de la CEDEAO qu’ils accusent, à tort ou à raison, après sanctions jugées injustes et inhumaines infligées à notre pays le 9 janvier 2022.
Ces sanctions économiques et financières contre le Mali décidées par la CEDEAO et l’UEMOA avaient été accueillies par des mouvements de contestations un peu partout dans la zone CEDEAO et dans la diaspora.
C’est ainsi que le coordinateur de l’Urgence Panafricanistes, le Franco Béninois Kemi SEBA avait appelé à une manifestions internationale pour soutenir le Mali contre « des sanctions impérialistes » orchestrés par la France, le samedi 22 janvier dernier à Conakry. Plus de 15 pays ont répondu présents à cet appel y compris certains de l’Europe.
Une mutinerie est déclenchée contre Roch Marc Christian KABORE au Burkina Faso avec la suite qu’on connait.
Effet de contagion
Visiblement, la CEDEAO, avec ses sanctions illégales et inhumaines ne rend pas service aux chefs d’Etat. Ces sanctions impopulaires encouragent plutôt les coups d’Etat au lieu de les empêcher.
En tout cas, pour beaucoup d’observateurs ce qui s’est passé au Mali, en Guinée et hier au Burkina Faso, risque de se produire prochainement à Niamey, à Abidjan, à Cotonou ou même à Dakar.
Ces derniers craignent un effet de contagion renforcé par un contexte où la France est perçue comme la complice du diable.
Selon la presse de l’hexagone l’événement est perçu en France comme un nouveau coup dur pour l’opération Barkhane au Sahel. Une chose est clair, le coup d’État au Burkina menace l’avenir de l’opération Barkhane et risque de porter un coup fatal à l’engagement militaire des européens dans la sous-région.
Haro sur la CEDEAO
«L’Afrique de l’Ouest serait-elle en train d’inventer un nouveau concept? Celui de coup d’État militaire populaire’’, écrit Libération.
D’après le journal, «les scandales de corruption et l’incapacité à freiner les djihadistes, ont fini par décrédibiliser le pouvoir civil» dans la région.
Comme un signe de ce discrédit que les sanctions contre le Mali ont jeté sur l’organisation sous-régionale, l’Union africaine semble décider à agir autrement. En effet, dans une note, elle annonce l’envoi d’une mission à Bamako en vue de rencontrer les autorités de la Transition en froid avec les chefs d’État de la CEDEAO. L’Union africaine a décidé de jouer le médiateur dans la crise diplomatique entre notre pays et ses voisins membres de la CEDEAO.
Après donc les deux poumons d’un même corps pour désigner le Mali et la Guinée, le putsch du 24 janvier pourrait faire du Burkina Faso le frère jumeau du Mali. «Ainsi donc, est tombé comme un fruit pourri, un président qui prétendait, il n’y a pas longtemps, faire la morale au Mali et punir les Maliens. Mal lui en a pris !», peut-on lire chez un confrère de la place.
Son départ fait du Burkina Faso un allié naturel de la transition malienne.
Car, en plus des contacts diplomatiques, au lendemain du sommet de la CEDEAO, une délégation malienne a d’ailleurs entamé dès le 17 janvier une tournée à destination de trois pays, afin de renforcer les liens dans le cadre d’un « plan de riposte » au régime de sanctions, à savoir : la Guinée Conakry, la Mauritanie et l’Algérie.
Les textes ou de la
Gouvernance ?
Ces actes attentatoires à la démocratie doivent interpeller les chefs de l’État de la CEDEAO sur les limites des textes après des décennies d’existence.
Ils doivent repenser leur stratégie si les lois et les sanctions ne sont plus en mesure de dissuader les auteurs de coups d’État.
La loi n’a de sens que lorsqu’elle prévient, anticipe et dissuade…Ce qui nous fait rappeler à MONTESQIEU dans ‘L’Esprit des lois’’ dans lequel il affirme : ‘’Lorsqu’on veut changer les mœurs et les manières, il ne faut pas les changer par les lois’’. En clair, il faut donner les exemples pour faire changer les manières.
Donc, si les chefs d’État veulent mettre fin aux coups d’État, en plus des textes, ils doivent donner l’exemple en mettant en place une gouvernance vertueuse et de respecter la loi qu’ils ont initié.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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