Bien que les positions entre le Mali et la CEDEAO semblent inconciliables, il faut cependant noter que la durée de la transition qui était la principale corde de discorde tend à se casser. En effet, d’après les résultats des discussions, à partir du 15 mars, la durée de la transition pour la CEDEAO est fixée à 16 mois au plus et d’après le Mali, de 24 mois. A notre sens, ce fossé de 8 mois qui sépare les deux points de vue n’est pas si abyssal et qu’il pourrait se combler à l’épreuve de la mise en œuvre des recommandations des ANR. Par ailleurs, à lire le communiqué de la CEDEAO, on y perçoit un désir d’apaisement. Ainsi, en son point 6 sur la situation sociopolitique du Mali, il est écrit : « Au regard de ce qui précède, la Conférence engage les Autorités de la Transition à s’inscrire dans une période complémentaire de 12 à 16 mois arrêtée par l’équipe technique de la CEDEAO/UA/NU pour l’extension de la Transition tenant compte des activités nécessaires à l’organisations de l’élection présidentielle. Ce délai complémentaire court à partir du 15 mars 2022. La Conférence décide de l’envoi du Médiateur pour poursuivre et finaliser les discussions avec les Autorités de la Transition sur le chronogramme. »
La porte de la négociation reste donc ouverte. A moins qu’il ne soit dans une logique de rupture avec la CEDEAO, il est temps pour le gouvernement de transition qui s’est lui-même donné les 24 mois, de passer d’une attitude de victimisation à une attitude plus positive de mobilisation pour la mise en œuvre des recommandations des ANR. Ainsi, il mettrait à l’aise ses partisans et embarrasserait ses détracteurs. Par ailleurs, nous pensons pour notre part, que c’est le moment de tenter de dialoguer avec les terroristes maliens – si ce n’est le cas déjà – comme cela a été recommandé dans tous les foras. Nous estimons que c’est au moment où on se sent fort qu’il faut ouvrir des négociations avec des frères égarés. C’est une chance qu’on leur offre. Cette activité peut s’effectuer même si on n’a pas arrêté de chronogramme. Par ailleurs, pour le chronogramme, c’est le moment de faire appel aux partis politiques. En tendant la main aux oppositions armées et politiques, le gouvernement de transition ne pourra que raffermir l’unité nationale afin de lutter plus efficacement contre l’insécurité, première priorité de tous les maliens.
Nonobstant la montée en puissance des FAMA, qui a été saluée par tous les maliens, la plus grosse erreur que commettrait le gouvernement de transition, c’est de croire qu’il pourrait, uniquement par la force, ramener la paix et la sécurité dans le pays.
…sans rancune
Wamseru A. Asama