« Demander la certification de l’élection présidentielle par la MINUSMA, je crois que c’est une demande de trop… », ce petit bout de phrase prononcé par le ministre de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, Amadou Koïta, dans le traditionnel débriefing avec la presse, après le conseil des ministres du mercredi dernier, coupe court à toutes les supputations et manigances de certains hommes politiques, qui espéraient surfer sur les faveurs des Nations Unies pour se hisser au pouvoir comme ce fut le cas en Côte-d’Ivoire avec Alassane Dramane Ouattara (ADO). Tout avait été mis en orchestre pour enlever au gouvernement légitime du Mali, la possibilité d’organiser des consultations électorales, notamment celle du président de la République. Parce que les puissances étrangères qui tirent les ficelles de la crise malienne ne sont certaines de la capacité politique et financière de leurs alliés de l’intérieur de battre le président de la République sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est pour cette raison que des manœuvres avaient entreprises pour empêcher le gouvernement d’étendre son Autorité sur l’ensemble du territoire. Les tueries dans les régions de Ségou et de Mopti font partie de cette stratégie. Qui rappelle effectivement la situation en Côte-d’Ivoire, où les supposés amis de ce pays et les Nations Unies ont empêché le président Laurent Gbagbo de gouverner tranquillement durant son premier quinquennat. Comme au Mali, on a divisé exprès son pays pour permettre aux amis de son adversaire ADO d’influencer le vote dans la zone d’influence, qui lui est favorable. Comme pour répondre à ceux ou celles qui pensent que la certification de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain par la MINUSMA offre une garantie de « 0 » fraude au sortir des urnes. Surtout que dans l’entendement de certains hommes politiques de l’opposition, les dés sont pipés pour le président sortant. D’aucuns jurent sur tout ce qui leur est cher qu’il n’aura même pas 1% d’électeurs. N’est-ce pas que c’est trop osé et exagéré en même temps ? Pour leur rafraîchir la mémoire, une élection est un comme un match de football ou de basket, seul le meilleur triomphe toujours.
D’ailleurs, pourquoi confier un rôle à quelqu’un qui a décliné publiquement cette offre ? Qui ne se rappelle pas des déclarations du représentant spécial des Nations Unies au Mali, le Tchadien Annadif ? Ce n’est pas lui qui a dit à qui veut l’entendre à l’Assemblée nationale que les Nations Unies ne peuvent pas se substituer à l’Etat du Mali pour sécuriser les populations de la région de Mopti et même de ses hommes au moment chaud des tueries dans cette partie du pays. En son temps, combien de militaires togolais, burkinabés, guinéens et sénégalais de la MINUSMA ont laissé leur peau sur la route du Nord et dans le Centre du pays ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Mais en dépit de cette effusion de sang, Annadif, justifiant sa présence au Mali par la mission d’appui à la sécurisation et à la stabilisation du Mali par les Nations Unies, est resté de marbre devant la souffrance et la détresse des millions de pauvres paysans, éleveurs et pêcheurs. Qui n’aspiraient qu’à une seule chose : avoir la possibilité de vaquer librement à leurs occupations quotidiennes. Une liberté hypothéquée par la horde de sans foi ni loi. Qui tue sans discernement, moyennant quelques billets d’euro que leur employeur leur paie dans le noir.
Est-il besoin de rappeler que des informations dignes de foi rapportent que ce sont des humanitaires (certaines ONGs internationales) qui recrutent et cochent ces malfrats dans l’ombre. Ils les forment dans la technique de fabrication et de la pose des mines anti personnelles qui font des ravages sur nos routes. Ils les forment aussi dans le maniement des kalachnikovs et des armes lourdes. Ce sont ces tueurs à gage qui distribuaient la mort dans nos villages moyennant quelques billets d’euro. Selon nos sources, les poseurs sont payés à 300 euros (environ 195 000 FCFA) par action. La mise est proportionnellement majorée au double ou au triple selon le nombre de victimes et par individu tué dans l’explosion. N’est-ce pas que c’est criminel ? C’est pour cette raison que les populations s’organisent au plan local pour se défendre et défendre la patrie contre les envahisseurs qui opposent les Maliens aux Maliens. Les affrontements intercommunautaires découlent de la stratégie de déstabilisation planifiée depuis l’extérieur comme en Côte-d’Ivoire, où le seul tort du président Gbagbo a été de défendre le café et le cacao que les paysans ivoiriens produisent dans de pires conditions, mais minorés à l’achat par les négociants européens qui vivent tranquille de la sueur de nos exploitants agricoles. Par soif du pouvoir, ADO avait accepté tout ce que son prédécesseur avait refusé dans l’intérêt supérieur du peuple ivoirien. Mais, au bout de son premier mandat, il a appris à ses dépens que Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et le père de l’indépendance, le président Félix Houphouët Boigny avaient refusé en son temps. Depuis plusieurs mois, des tonnes de café ivoirien sont chargées dans des camions bloqués au port d’Abidjan et de San-Pedro au point que de plus en plus, des rumeurs circulent pour dire que l’Etat ivoirien se propose de payer les producteurs en attendant le règlement de la situation. Dans le discours officiel, l’on justifie le blocage par l’absence de bateau capable de transporter toutes ces marchandises. Mais, la vérité est toute autre. C’est dire que les Africains doivent enfin ouvrir les yeux pour comprendre que les colonisateurs européens, notamment la France n’ont pas encore renoncé à l’idée de nous recoloniser. La méthode est la même. Et comme avant, ce sont nos leaders politiques en panne d’idées mobilisatrices qui se plient à cette sale besogne.
M.A. Diakité
Source: Tjikan