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CERCLE DE KORO : LES COMMUNAUTÉS PEULE ET DOGON FUMENT LE CALUMET DE LA PAIX

Si dans un passé récent l’apanage de l’insécurité revenait à la partie septentrionale du pays, il faut dire que de nos jours ce sont plutôt les localités des régions du centre du pays qui pâtissent le plus de cette insécurité. Le plus inquiétant est que ces récurrentes crises sécuritaires qui éclatent par-ci et par-là dans les localités du centre, revêtent des connotations de conflits intercommunautaires. Ainsi la crise sécuritaire qui sévit, il y a belle lurette, dans le cercle de Koro met en opposition les communautés peule et dogon. Évidemment que dans le cadre de la résolution de ce conflit, il y a toujours eu de nombreuses tentatives de médiations, mais sans pour autant parvenir à instaurer une paix réelle et durable entre les communautés.

 

Des spécialistes dans la gestion et le règlement des conflits communautaires dans les régions du centre soutiennent qu’il faille absolument résoudre le problème du grand banditisme sur cette partie du territoire national. Selon leur analyse, la crise qui sévit dans les localités du centre du Mali n’est ni politique ni religieuse encore moins identitaire. Il s’agit plutôt d’une insécurité persistante consécutive aux actions de groupes de bandits de grands chemins qui pillent les localités à tour de bras, volent le bétail, terrorisent les populations et tuent tous ceux qui se retrouvent sur leurs chemins. Il faut dire que ce phénomène est plutôt récent dans les contrées du centre du Mali où les populations, toutes communautés confondues, vivaient en parfaite symbiose, même si de temps à autres quelques conflits essentiellement liés à des problèmes de pâturage éclataient par-ci et par-là, mais qu’on parvenait toujours à canaliser et à régler au niveau-même du terroir. D’où vient-il alors que cette cohabitation ait volé en éclats pour faire place à la suspicion, à la stigmatisation ?

Il faut dire que de toutes les localités du centre, c’est le cercle de Koro qui est le champ de prédilection pour les groupes de bandits et cela en raison de sa proximité avec le Burkina Faso. Dans cette circonscription malienne, on trouve des localités comme Niaky, Bodewal et Nawadiè qui sont notoirement reconnues comme étant les fiefs des groupes de bandits très bien armés. Il faut dire que ce sont surtout les communautés dogons qui pâtissent le plus, des attaques que mènent les groupes de bandits étant donné que l’essentiel du cheptel leur appartient et ils emploient plutôt les peuls pour l’entretien et les soins à apporter. On se souvient qu’en octobre 2018, un accord de cessez-le-feu avait été signé entre peuls et dogons dans le cercle de Koro.

Mais malheureusement cet accord n’a pas tenu longtemps et pour cause, les groupes de bandits ne se sont pas sentis concernés et ont continué de plus belle à mener leurs activités subversives.

Si les spécialistes de règlement des conflits communautaires se convainquent de la vertu du ‘’Dialogue’’ pour les différends entre communautés, il faut dire que cette vertu a bien ses limites au cas où un des protagonistes ne peut être associé au dialogue, puisque n’étant pas formellement identifié. Récemment, sous les auspices du “Centre pour le Dialogue Humanitaire”, une ONG suisse œuvrant au Mali, trois accords ont été signés dans le cercle de Koro. Avec les accords en question les communautés peule et dogon, dans 11 communes sur les 16 que compte le cercle de Koro, fument le calumet de la paix. De ce fait, les représentants desdites communautés, entre lesquelles les conflits se sont multipliés ces dernières années, s’engagent à se porter garants des textes qui les engagent à une stabilisation dans toute la circonscription administrative de Koro. Entre autres dispositions des accords en questions, on retiendra : Laisser les personnes circuler librement ; s’opposer au vol de bétail ; faciliter l’exploitation par chacun des champs et pâturages ; ne pas circuler avec des armes dans les villages et les villes ; ou encore accompagner le retour des déplacés…

Pour l’aboutissement de ce processus de réconciliation entre les communautés peule et dogon dans le cercle de Koro, il a fallu à l’ONG “Centre pour le Dialogue Humanitaire’’ quatre mois de labeur.

Signalons qu’après la signature des différents accords, les peuls ont enfin pu accéder au marché de Koro pour la première fois depuis 2018.

El Hadj Mamadou GABA

Source : Le Soir De Bamako

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