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Cercle de feu autour de la recherche agricole au Mali : L’Etat à genoux, le syndicat de l’IER se dresse contre les spéculateurs fonciers

Comme un serpent de mer, le scandale foncier de Sotuba refait surface. Ce qui a occasionné une grève du syndicat de l’Institut d’Economie Rurale (IER) les 28 et 29 mars 2013 pour obtenir l’abandon de toute convoitise des terres de recherche et d’expérimentation de l’IER. En attendant, il y a lieu de se demander qu’est-ce qui fait dire et dédire le gouvernement ?

En effet, tout le monde estimait close cette honteuse affaire à partir de la lettre n°055/MLUAF-SG du 22 octobre 2012 du Ministre du Logement, de l’Urbanisme et des Affaires Foncières au Ministre de l’Agriculture l’informant que la compensation des sociétés immobilières BANGA et KOME sur le domaine de la recherche agronomique de Sotuba n’est plus envisagée. Mais c’était sans compter avec la ténacité de ces sociétés à remettre carte sur table ou les billets sous la table que les agents corrompus de notre administration, au lieu de s’employer à trouver les compensations ailleurs, notamment à Gouana ou partout ailleurs à Kati, s’enlisent dans des tripatouillages qui écorchent l’honneur et la dignité des Maliens car au détriment de la prospérité de notre nation. Au juste, entre la recherche agricole et des intérêts immobiliers privés, où se trouve le salut du Mali ?

POURQUOI PRESERVER LE DOMAINE DE SOTUBA ?

Parce que Sotuba est un domaine de 268 clôturés à 350 millions CFA à la demande de la banque mondiale qui n’avait pas compris le retrait des 800 ha du domaine de recherche

Sotuba est une diversité des sols (17 types de sols) et données agro-climatiques avec l’existence de sols témoin jamais cultivés pour les comparaisons futures avec les sols ayant subi supportés des systèmes de cultures.

Sotuba héberge un pôle de 100 chercheurs de L’IER et près 400 avec les contractuels et des stagiaires des Instituts et facultés du Mali.

Sotuba, c’est un ensemble de 8 programmes de recherche et 6 laboratoires.

Sotuba héberge plusieurs partenaires du développement : PDCA, PDAM, CILSS, PATTEC (Tsé, Tsé) végetaux flottants (BAD), Organisation Internationales des Epizooties (OIE, FAO et UA) Gestion décentralisés des forêts (GEDEFOR), le laboratoire Central Vétérinaire, plusieurs centres d’incubation de jeunes entreprises agroalimentaires.

Sotuba est l’axe  central du positif national de recherche agricole comprenant 6 centres, 9 stations et 13 sous stations.

La zone convoitée sert aux travaux ci- après :

Production de semences de cultures fourragères, Jardin agrostologie, Pâturage, Dispositif d’irrigation sur 30 ha, Isolement par rapport au fleuve, Zone d’implantation du siège de l’IER.

Sotuba est aussi un espace de coopération internationale à travers les contributions suivantes :

– Brésil : Près de 5 milliards dans les infrastructures et les recherches sur le coton pour le compte des pays du C4 (Mali, Burkina-Faso, Bénin et Tchad)

– Alliance pour la révolution Verte en Afrique (AGRA), contribution pour 300 millions par an et l’aménagement d’un périmètre irrigué de 150 millions dans la zone convoitée ;

– Banque Mondiale : à travers plusieurs accords de crédits relatifs au (PNRA, PASAOP, WAAPP, PAPAM) ayant about à la construction d’infrastructures et équipements de recherche (poulaillers, équipements de laboratoire pour plus de 10 milliards de CFA et sécurisation du domaine pour une  valeur de 350 millions

– France : participation à la construction d’un laboratoire sous régionale sur le SIG à travers le CIRAD, un laboratoire sur l’étude des rats en collaboration avec l’IRD.

Sotuba est un système d’observation de système intégré de production agriculture- Elevage et forêt construit institué depuis 1927 et non reproductible de nos jours.

Sotuba est un dispositif de partenariat avec les universités et instituts de recherche.

Sotuba, c’est plus de 200 milliards d’investissements difficilement reproductibles.

Sotuba, patrimoine historique du Mali, à la côté d’Ivoire station de Bouaké, le Burkina (Farakoba), le Sénégal (Bambey) et la Guinée (Siguiri), certains bâtiments datent de 1906- 1914.

Sotuba, seul espace vert de la capitale, sanctuaire de biodiversité et facteur de résilience contre les aléas climatiques pour la capitale.

Sotuba pour le peuple malien : Les  résultats obtenus sur le niébé, le mil, le mais le sorgho permettent au Mali d’assurer la sécurité alimentaire. Qu’est-ce que le Mali va gagner en donnant cet endroit à des spéculateurs privés.

Sotuba symbole vivant d’une recherche agricole, initiée par les colons, et entièrement prise  en  main par des chercheurs nationaux.

Sotuba, enfin a inspiré la recherche agricole dans l’ouest africain par le passé et marquera le futur par son rôle moteur dans la souveraineté alimentaire.

Détruire Sotuba, c’est désintégré la recherche agricole nationale ; c’est occasionner la perte de crédibilité vis-à-vis de la communauté internationale qui finance la recherche agricole pour plus de 60% du financement et pour 100% des coûts recherche opérationnels et ordonner le risque d’arrêts de financement pour une politique de recherche agricole incohérente.

Pour toutes ces  raisons, les chercheurs conjurent le gouvernement de préserver Sotuba des convoitises multiples qui ne servent que des intérêts personnels ; d’inscrire le domaine Sotuba dans le patrimoine national pour régler, une fois pour toutes, ces prétentions qui ne font que distraire les chercheurs de leurs missions essentielles de servir la nation malienne dans des conditions d’adversité souvent peu connues.

Ce que le profane ignore, la SRA de Sotuba n’est pas un espace à considérer par sa superficie mais plutôt par la richesse et la diversité de ses 17 types de sol. Cette diversité constitue aujourd’hui la base d’une série de données agro- climatiques mise en place depuis 1927. De plus, le site dispose encore de sols témoins jamais cultivés et servent de références aux études de l’évolution à long terme des sols cultivés en zones soudano sahélienne. La SRA de Sotuba constitue un pôle d’excellence scientifique comptant plus de 100 chercheurs expérimentés et près de 400 agents et des stagiaires en connexion avec les instituts et facultés d’enseignement et de recherche agricoles du Mali et de la sous région voire du continent africains ainsi qu’une cité pour les familles des chercheurs. Ce personnel évolue au sein de huit (8) Programmes de recherche, six(6) laboratoires centraux, un troupeau de 200 bovins métis laitiers dédié aux recherches sur l’élevage périurbain, un jardin  agrostologique (collection d’espèces fourragères unique en Afrique de l’ouest servant à la production de semences fourragères de base)), des pâturages pour le troupeau expérimental, 4000 poulets wassachiè pour le maintien de la souche  créée à Sotuba, une zone d’évaluation du flux de gènes pour le laboratoire de biotechnologie et une zone d’implantation du siège de l’IER.

La station de Sotuba constitue l’épine dorsale du dispositif national de recherche agricole qui comprend 6 centres, 9 stations et 13 sous stations. Enfin, il est à rappeler aux autorités qu’un site scientifique n’est pas obtenu au hasard. Il est issu de plusieurs années de prospection pour déterminer tous les critères scientifiques mais pas facilement comme un terrain de football.

Du point de vue économique, la station de Sotuba capitalise un minimum de 200 milliards d’investissements, financés en partie par l’Etat et les partenaires techniques et financiers. Compte tenu de la situation économique de notre pays, il est illusoire de vouloir reproduire ailleurs une autre station de recherche en guise de contrepartie à une quelconque compensation de parcelle en faveur d’opérateurs privés. D’ailleurs, le syndicat ne comprend pas pourquoi les autorités de la transitions veulent s’entêter à faire plaisir à quelques individus au détriment de l’écrasante majorité qui réclame à bras le corps ses droits à l’existence dont l’Etat est incapable d’assurer.

Du point de vue environnemental, le domaine de Sotuba constitue, avec le parc national, les seuls espaces verts de la capitale, sanctuaires de biodiversité (animale et végétale) et facteur de résilience contre les aléas climatiques. En outre, la SRA de Sotuba  avec sa flore contribue à une forte séquestration du carbone. Ainsi, elle constitue l’un des rares poumons d’approvisionnement de la ville de Bamako en oxygène.

En définitive, les 600 travailleurs qui servent sur ce domaine sont en état de choc. Ils ne comprennent pas comment, dans un pays organisé, une telle idée peut être portée par des responsables censés être au service de leur nation. Mieux, les chercheurs convaincus du manque de soutien de leurs responsables politiques, las de prêcher dans le désert trouveront d’autres emplois moins contraignants et d’ailleurs plus rémunérateurs. Il en résultera une démobilisation générale du personnel scientifique et une perte d’expertises qu’il sera difficile de reconstituer.

La destruction de Sotuba au profit d’intérêts privés sera perçue par la communauté internationale comme un manque de cohérence dans la politique agricole et une marche à contre courant des préoccupations actuelles de l’agriculture malienne.

Les conséquences immédiates en seraient l’arrêt de participation au financement de la recherche des bailleurs et le discrédit du pays par la communauté scientifique internationale qui a toujours cité en exemple l’expérience malienne pour avoir su mettre en place des équipes dynamiques et compétentes de recherche à partir des cadres nationaux. Cela, les chercheurs ne pourraient l’accepter et se verront dans l’obligation d’user de tous les moyens légaux pour dénoncer cette transaction scandaleuse et préserver leur domaine. Les patriotes maliens ne l’accepteront pas. Un gouvernement de transition ne doit pas y mettre son nez, tant ses missions se trouvent ailleurs.

Mamadou DABO

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