Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GNIM) a décidé le dimanche dernier d’interdire des ONG humanitaires dans le cercle de Diré qui étaient tolérées à cause de la nature de leurs activités. Une mesure qui n’est pas sans conséquence pour la population civile déjà vulnérable du fait de l’insécurité.
Le GNIM passe à une autre phase de son terrorisme de la population civile. En effet, ce groupe terroriste affilié Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a organisé une rencontre avec tous les chefs des villages du cercle de Diré de la rive droite du fleuve Niger, notamment le Gourma. C’était le dimanche dernier loin de nombreux regards.
L’objet de la réunion était de les informer de l’interdiction faite aux humanitaires de suspendre toute leur intervention dans les villages situant à la rive droite du cercle de Diré où le groupe opère en maître. Par conséquent, les chefs de village sont sommés de ne plus « accepter d’humanitaires dans leur village », au risque d’être réprimandés à leur tour.
Cette limitation aux actions humanitaires couvre les communes rurales de Kirchamba, Tienkour, Haïbango, Sareyamou et Bingha dont les habitants souffrent déjà de l’absence de certains services sociaux de base. Ainsi, cette décision du GNIM va apporter une conséquence certaine sur le quotidien de ces villages. En clair, cette mesure présage donc la chronique d’une catastrophe humanitaire puisque les localités concernées dépendent en très grande partie de l’assistance humanitaire. Leurs habitants ont presque tout perdu lors des attaques ou ont été extorqués par les terroristes.
En outre, les écoles dans ces zones restent fermées depuis des années. Une page sombre pour l’avenir des centaines d’enfants déscolarisés de fait par les diktats des obscurantistes. Mais ils ne sont pas seuls. En effet, au Mali plus de 1700 écoles ont été fermées sur l’ensemble du pays lors de l’année scolaire 2021-2022 affectant au moins 519 000 enfants.
La situation est exacerbée par l’absence de l’Etat sur ces parties du territoire laissées à elles-mêmes et exposées aux actions des terroristes depuis 2012 soit 10 ans de souffrance, de galère. Pire, le dividende de la paix et de la stabilité très attendu malgré la signature d’un Accord se fait désirer. D’ici là, les populations civiles acceptent contre leur gré les deals avec les responsables des groupes terroristes pour l’espérance de vivre.
Sékou BOLLY, chargé de mission du Ministère de la réconciliation affirmait sur les antennes de radio Kledou qu’actuellement tous les villages du centre ont signé des accords avec les terroristes pour sauver le peu qui reste. « Même à Mourah ou l’armée malienne a fait une grande victoire, les notables ont encore singé des accords avec les terroristes, pour pourvoir vivre en paix. Ils n’avaient pas le choix puisqu’après l’assaut, les populations ont été laissées à leur triste sort », a-t-il déploré, avant de demander à l’armée d’être constante dans certaines zones infestées de groupes terroristes.
Selon lui, les accords se portent essentiellement dans ces zones, sur une rupture totale entre les populations et les FAMa, le respect de certaines exigences fanatiques de la religion musulmanes.
« Ils obligent les hommes à garder les barbes longues, à couper leurs pantalons. Aux femmes, ils exigent de se voiler avec des tissus à leur convenance. Le pire des sanctions c’est de les spolier de leur bien, en les exigeant de leur payer une importante partie de leur bétail et récoltes », a regretté M. BOLLY qui était à la tête de l’une des milices peules.
En tout état de cause, ce nouvel accord imposé aux populations du Diré risque de créer une autre catastrophe humanitaire, chez les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : Info-Matin