Il ne reste plus rien du village de fondé depuis la nuit des temps. Suite à un conflit foncier l’opposant à un autre village dénommé Kémélé dans la commune crurale de Diagon, la justice a ordonné ” la démolition ” de cette localité transformée désormais en un amas de gravats.
Depuis 2007, un bras fer oppose le village de Toukamakan à celui de Kémélé, autour d’un litige foncier ayant pour objet un champ de culture. Les nombreuses démarches de conciliation menées par les uns et les autres n’ont pas permis de faire bouger les lignes. Et c’est finalement devant les juridictions que l’affaire a été transportée. Et ce fut un coup de massue pour le village de Toukamakan.
En effet, la justice a ordonné de “faire lever” le village tout entier. Et ce sont les gendarmes qui se sont chargés de l’exécution de cette décision de justice. Conséquence : rien n’a été épargné par ces agents des forces de sécurité qui ont tout ravagé sur leur passage. Mosquée, habitation, grenier, tout a été réduit à un tas de gravats. Ce lundi 18 janvier 2016, jour de descente musclée des gendarmes, restera donc gravée dans la mémoire collective des habitants du village de Toumakan situé à 100 km de Bafoulabé.
” Nous ne savons même plus où héberger nos familles en cette période de froid. Nous pensons qu’en telles circonstances, les porteurs d’uniforme doivent prendre le soin d’épargner les vivres. Mais malheureusement, ils les ont sciemment incendiés “, a déploré un habitant de ce village. Pour lui, il est urgent pour les autorités politiques et administratives et surtout les députés de la localité, de veiller sur cette situation. “Sans cela, en plus des déplacés du nord, l’Etat risque de créer d’autres zones de déplacés car certains de nos parents sont partis se réfugier à Sitakounou à 7 km de notre village. Ils sont entassés sous des tentes avec des conditions d’hygiène déplorables “, a déploré un autre habitant.
Joint au téléphone par nos soins, une autorité du cercle de Bafoulabé qui a voulu garder l’anonymat de se confier en ces termes : “C’est une décision de la Cour suprême du Mali. Ici au niveau local, ni le préfet, encore moins le sous-préfet de la localité et le juge n’ont rien à avoir dans cette affaire. Des gendarmes et un huissier de justice sont venus d’autres localités pour cette opération. Et les gendarmes de Bafoulalé sont intervenus lorsque ces gens ont été confrontés à un problème d’effectif “. Il a par ailleurs ajouté avoir vu “une décision de justice portant destruction de maisons dans un hameau”.
En tout cas, la manière dont cette opération s’est déroulée sur le terrain a provoqué l’indignation sur le terrain. Il urge donc pour les autorités de tirer au clair cette affaire pour éviter que le climat ne se détériore davantage entre ces deux villages.
K. THERA
Source : Aujourd’hui-Mali