Les œuvres universitaires, véritable boîte de Pandore, et tonneau des Danaïdes, engloutissent annuellement un budget de 21 milliards de francs CFA, soutient une source au CENOU. Pourtant, les étudiants et travailleurs, dans leur désarroi, dénoncent leurs mauvaises conditions de vie, vivant au rythme de manifestations, de grèves et de mouvements de protestation réguliers.
L’énorme enveloppe budgétaire allouée au secteur des œuvres universitaires (15 milliards FCFA pour le paiement des allocations financières des étudiants sur les 21 milliards prévus en 2021) ne profite guère aux masses estudiantines, à la lumière du dernier rapport sur la structure. Elle constitue cependant «un gain» convoité par des groupes d’intérêts, bien introduits dans les rouages de cette institution. Cette enveloppe budgétaire profiterait, selon nombre de sources au fait de ces manipulations, aux corrompus et corruptibles, composés, selon elles, essentiellement de cadres gestionnaires et de fournisseurs.
De tels constats ont été établis par le rapport sur le Centre national des œuvres universitaires, qui dévoile de graves dépassements enregistrés au niveau de la direction du CENOU, impliquant des responsables et de nombreux cadres. Une source proche du CENOU a soutenu qu’aujourd’hui, encore, c’est dans ce climat de tension, de désordre et sur fond de scandales de gestion et de passation de marchés publics douteux, que le Centre national des œuvres universitaires entame la rentrée universitaire 2021/2022. Toutefois, on indique que des mouvements concernant le départ et la mutation de certains cadres du CENOU sont déjà en cours. Néanmoins, un travailleur du CENOU a relevé que de tels mouvements ne seront qu’une simple parodie destinée à berner les responsables du pays quant à la situation réelle du secteur. Car, a-t-il soutenu, «on ne relève pas un défi tout en comptant sur une équipe qui perd».
Par ailleurs, le Directeur du CENOU, à en croire des sources, est confronté aux problèmes liés à la gestion du secteur et les scandales qui ont éclaboussé ces dernières années le CENOU, notamment la passation des marchés publics dans ce secteur, la surfacturation à la pelle des marchés destinés aux sociétés de gardiennage, de sécurité et de nettoyage ; l’absence de livres d’inventaires ; de manuel de procédure et de règlement intérieur ; d’accord d’établissement. En ce sens, il faut relever que des sources au niveau du CENOU indiquent une exagération dans les dépenses et l’effectif des travailleurs, malgré le cadre organique. S’y ajoute la prise en charge des frais téléphoniques du dirlo et de son comptable à hauteur de millions de nos francs et le non reversement des bourses non émargés par les étudiants. Les mêmes sources révèlent aussi des dépenses importantes au niveau des cités universitaires pour l’achat de documents et paiement des frais d’électricité, et abonnement à Internet. Il est surtout mentionné par nos sources que les structures privées consomment une grande partie du budget du CENOU dans le cadre des marchés, en contrepartie, les prestations de ces dernières laissent à désirer.
En outre, il est à signaler que l’attribution des marchés ne cesse de soulever des remous et luttes intenses entre les groupes d’intérêts. Sur ce plan la situation est critique au CENOU. Les griefs contre les responsables du CENOU seraient légion. Ces griefs émanent notamment des fournisseurs de produits alimentaires aux gestionnaires.
C’est dans cette situation de désorganisation à fort relent de manifestations publiques et d’émeutes de la part des étudiants que l’année universitaire 2021/2022 débutera. Du coup, les étudiants sont prêts à descendre dans la rue pour crier leur désarroi face à la dégradation de leurs conditions d’étude et de vie dans les campus. Le bras de fer entre le CENOU et les étudiants témoigne de la mauvaise santé des œuvres universitaires.
Arouna Traoré