Le dialogue avec toutes les forces vives du pays y compris les chefs djihadistes, constitue une alternative à la résolution de la crise du centre du Mali. Aussi, le Haut représentant du chef de l’Etat pour le centre du Mali, Dioncounda Traoré, se déclare prêt à discuter avec tout le monde, y compris avec des chefs djihadistes, pour pacifier cette partie du pays. : « “Personnellement, j’ai envoyé des émissaires en direction de Kouffa et Iyad pour leur dire que je suis disposé à discuter avec eux”, a-t-il précisé. « Nous sommes prêts à lancer les passerelles pour dialoguer avec tout le monde. Tout conflit se termine par un dialogue. Il faut à un moment donné, s’asseoir autour d’une table et discuter. On essaie le dialogue avec tout le monde sans exclusion », a indiqué M. Traoré,
Il a également mis l’accent sur “la nécessité de soutenir le redéploiement des forces de défense et de sécurité dans les régions du centre”.
La nature de la crise ? Pour l’ancien président, le djihadisme s’est incrusté sur de vieilles rancœurs entre éleveurs et agriculteurs. Ces vieux ressentiments étaient exacerbés par des agents de l’Etat (gendarmes, gardes et agents des Eaux et Forêts) qui rançonnent les populations.
Très opportunistes, les djihadistes ont exploité ces conflits locaux en recrutant des combattants au sein de chaque communauté ethnique. «Pour attaquer des Dogons, ils utilisent des Peuls afin de faire croire que ce sont les Peuls qui les attaquent. Pour attaquer des Peuls, ils utilisent des Dogons », a expliqué le Haut représentant du président de la République. Malheureusement, a-t-il affirmé, certaines communautés sont tombées dans le piège.
Ainsi, le traquenard des djihadistes a poussé certaines communautés à s’organiser jusque dans la diaspora afin d’acheter des armes et armer des milices dans les villages. Cela a beaucoup contribué à l’aggravation de l’insécurité dans les régions du centre. Avec le retrait de l’Etat, les villages se sont embrasés, chaque communauté ne comptant que sur ses propres moyens pour se défendre.
La bonne nouvelle, selon Dioncounda Traoré, c’est que la confiance renait de plus en plus entre les communautés et le masque des djihadistes tombe. La mauvaise nouvelle est que les terroristes vont changer de stratégie. « Il faudra s’attendre à des attaques violentes contre nos forces armées et de défense », a-t-il prévenu.
La guerre contre le terrorisme n’est pas que le combat du Mali seul, à en croire le Haut représentant du président de la République pour les régions du centre. En attendant la coalition internationale qu’il appelle de tous ses vœux pour affronter l’hydre djihadiste, l’heure est à la mobilisation. «Nous avons des suggestions et des propositions pour les chefs d’Etat ; nous avons des solutions et ce ne sont pas des solutions partielles », a déclaré l’ancien président sous la transition.
Nommé à ce poste en juin dernier par Ibrahim Boubacar Kéita, M. Traoré a également fait savoir que ses principales missions sont d’instaurer et maintenir un climat de confiance entre toutes les communautés du centre, de faciliter les échanges intra-communautaires et mettre en œuvre une stratégie globale axée sur la protection des civils, et de réduire des violences intercommunautaires au centre du pays.
Mémé Sanogo