En Afrique du Sud pour assister à la cérémonie d’hommage rendue à Nelson Mandela dans la matinée, le président français se rendra dès mardi soir à Bangui où deux soldats français ont trouvé la mort, lundi soir.
Deux jours après le déploiement des 1600 soldats français de l’opération Sangaris en Centrafrique, deux militaires du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine de Castres ont été tués dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 décembre à Bangui (voir encadré).
Les deux hommes “ont perdu la vie pour en sauver beaucoup d’autres”, a précisé l’Elysée dans un communiqué, sans donner davantage de détails sur les circonstances de leur mort. Un peu plus tôt, la présidence française avait annoncé la venue mardi soir en Centrafrique de François Hollande, actuellement en Afrique du Sud où il assiste à la cérémonie d’adieu à Nelson Mandela. Une visite de quelques heures seulement durant laquelle le chef de l’État devrait rencontrer le président par intérim, Michel Djotodia.
Les soldats français “plus rares dans les rues”
“Le président François Hollande va arriver à Bangui dans un contexte compliqué par la mort des deux soldats français, indique Matthieu Mabin, envoyé spécial de FRANCE 24 en Centrafrique. Évidemment, il va rencontrer les troupes auxquelles les deux soldats tués appartenaient.” Et de préciser : “Les chefs militaires français s’attendaient à ce genre d’incident. Mais la mission continue même si les Français se faisaient plus rares ce matin dans les rues de Bangui. Seuls les pick-up de la Somac [la force de l’Afrique de l’Ouest] se sont montrés”.
Depuis leur arrivée dans la capitale centrafricaine, encore traumatisée par les récents massacres ayant fait plus de 450 morts, les soldats français sillonnent les rues de la ville à la recherche d’armes illégalement détenues par des milices. “L’opération est extrêmement compliquée car la situation politique à Bangui reste très tendue”, rapporte Matthieu Mabin.
Les autorités de transition, pourtant, s’efforcent de rappeler à la population la nécessité de coopérer avec les forces militaires en présence. “Lorsque le président Michel Djotodia s’exprime, il rappelle qu’il est en accord avec les décisions qui ont été prises par la communauté internationale et qu’il s’y pliera. Comme le fait de demander à ses troupes [les anciens rebelles de la Séléka] de rejoindre les casernes et de rendre leurs armes”, rappelle l’envoyé spécial.
“Tension palpable”
Dimanche, le ministère français de la Défense a fait état d’une “tension” palpable entre soldats français et certains groupes armés dans les rues de la capitale. Un climat de nervosité dont témoigne, lui aussi, Matthieu Mabin. “Nous avons assisté hier [lundi] à des incidents. Les militaires français ont parfois des difficultés à saisir les armes”, précise-t-il. Sur le terrain, la tâche des troupes françaises est d’autant plus difficile que, depuis leur déploiement, les miliciens ont remisé leur uniforme pour des habits civils.
Dans les quartiers à majorité chrétienne, la confiscation des armes d’anciens rebelles présumés de la Séléka, pour la plupart musulmans, est accompagnée par des applaudissements (voir reportage ci-dessous). Mais les accrochages restent nombreux, notamment dans certaines zones de Bangui où des civils pillent des magasins appartenant à des musulmans. Sous le regard impuissant des soldats français qui, conformément aux cadres de leur mission, ne peuvent effectuer que des tirs de sommation.
Source : France 24