Le prélèvement des 5.000 Fcfa sur les trousseaux des étudiants, la gestion des campus universitaires et d’autres avantages constituent la pomme de discorde. Le département de tutelle tente de trouver une solution satisfaisante pour tous
À l’issue de la 21è session ordinaire du conseil d’administration du Centre national des œuvres universitaires (Cenou), tenue le 10 mars 2021, les administrateurs avaient décidé de subordonner le bénéfice des œuvres universitaires au versement d’un montant annuel forfaitaire qui donne droit à la carte Cenou. Ainsi, les frais annuels de contribution des étudiants nationaux aux œuvres universitaires ont été fixés à 5.000 Fcfa au lieu de 7.500 Fcfa. Ce montant sera prélevé sur les trousseaux de chaque étudiant.
Cette décision a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans le milieu universitaire. Le 2 juillet dernier, le bureau de coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) a réagi en déposant un préavis de grève de 72 heures pour exiger notamment l’arrêt immédiat du prélèvement de 5.000 Fcfa sur les trousseaux des étudiants et le paiement intégral des bourses et des trousseaux de certains étudiants au titre de l’année universitaire 2019-2020.
Pour Ibrahim Aly Ascofaré, secrétaire à l’information et à la presse du bureau de coordination de l’AEEM, le prélèvement des 5.000 Fcfa sur les trousseaux doit être volontaire et non obligatoire. Comme argument, il avance que nos universités comptent environ 200.000 étudiants dont la plupart ne bénéficient pas des œuvres universitaires (restauration, santé, logement, transports et loisirs).
À en croire le leader estudiantin, le Cenou n’arrive pas à satisfaire les conditions de tous les étudiants. Il relève que lors de sa visite à l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique aurait été déçu par l’état de délabrement des toilettes.
Selon notre interlocuteur, les multiples négociations entre le gouvernement et l’AEEM ont permis de mettre en place une commission pour faire un audit du prélèvement des 5.000 Fcfa sur les trousseaux. Si cette commission décèle des irrégularités, l’opération de prélèvement va s’arrêter, espère le leader estudiantin. Et si l’audit ne décèle pas d’irrégularités, Ibrahim Aly Ascofaré répond que le rapport de la commission ne cautionnera pas l’opération de prélèvement. En clair, l’AEEM souhaite que le prélèvement de 5000 Fcfa soit volontaire et non obligatoire.
Au niveau du Cenou, le chef de la Cellule de communication, Amadou Z. Traoré, explique que les fonds générés contribuent à l’amélioration de la couverture médicale des étudiants, le financement de la construction et de l’équipement des centres de santé des Centres régionaux des œuvres universitaires (CROU) de Ségou et Koulikoro. Il cite aussi le recrutement du personnel de santé pour assurer les soins, la gratuité des prestations, la disponibilité des médicaments dans les pharmacies. S’y ajoutent le renforcement du dispositif d’accompagnement social des étudiants, l’assistance aux étudiants nécessiteux non éligibles à l’aide sociale, la gestion d’autres cas sociaux.
Parmi les avantages, notre interlocuteur évoque également l’accompagnement social des résidents dans les campus à l’occasion des fêtes religieuses, la dotation des étudiants handicapés en tricycles et en prothèses auditives, la prise en charge gratuite des étudiants accidentés, blessés ou décédés lors des affrontements sur les campus, l’appui matériel et financier à l’AEEM lors de ses congrès, le financement des activités pédagogiques et récréatives, des voyages pédagogiques et des Semaines de l’étudiant des différents comités AEEM.
Amadou Z. Traoré estime que l’AEEM s’agite surtout pour récupérer certains avantages qui lui ont été retirés par le Cenou à cause des violences et de l’insécurité provoquées lors des renouvellements du bureau de coordination. Il cite à ce propos la gestion des campus (dortoirs et parkings) et le prélèvement d’un pourcentage sur les bourses des étudiants.
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a rencontré les deux parties le lundi 12 juillet 2021 pour statuer sur toutes les doléances de l’AEEM. À cette occasion, le département a rappelé que le paiement du montant de 5.000 Fcfa comme frais de contribution est une décision du conseil d’administration du Cenou. Il pourrait toutefois organiser une mission pour réunir toutes les informations relatives aux œuvres universitaires.
Le ministère a aussi rassuré qu’il n’y avait aucune entrave à l’accès à la Fonction publique des détenteurs de la Licence du système Licence-Master-Doctorat (LMD). Il examinera avec les Institutions d’enseignement supérieur (IES) la problématique des filières de formation pour introduire les réformes destinées à encourager celles porteuses d’emploi sur la base d’une étude réalisée sur l’employabilité.
Le département de l’Enseignement supérieur adressera aussi une note à celui du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social pour attirer son attention sur le fait que pour certaines filières, le concours de la Fonction publique n’est pas organisé depuis plusieurs années. En outre, le département adressera une note au Premier ministre sur la question de l’École nationale d’administration.
Le ministère de l’Enseignement supérieur, le secrétaire général du bureau de coordination de l’AEEM, Siriman Seydou Niaré, le représentant de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves et étudiants (Fenapeem) et le président de la Commission pour une école apaisée et performante ont apposé leurs signatures au bas d’un accord dans ce sens.
Sidi Y. WAGUÉ
Source : L’ESSOR