2022 commence sur fond d’incertitudes et de crispations politiques autour de la transition. Alors qu’à l’issue des Assises nationales de la refondation les autorités avaient proposé dans un premier temps un chronogramme allant jusqu’en 2026, une partie de la classe politique et des mouvements de la société civile s’y était opposés, de même que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Même si la porte du dialogue reste ouverte, le bras de fer a commencé et pourrait s’étaler sur les prochains mois.
Alors qu’il aurait pu légitimement envisager une reprise économique, avec de bonnes nouvelles sur le plan agricole, les sanctions conjointes prises par la CEDEAO et l’UEMOA le 9 janvier 2022 contre le Mali remettent en question la relance de l’économie. La relance économique annoncée pour 2022 n’est peut-être pas totalement compromise mais nécessite de relever des défis. En effet, « les sanctions en cours peuvent engendrer des conséquences difficiles sur l’économie, via les acteurs », selon Abdrahamane Tamboura, économiste. L’État, les entreprises, les consommateurs, les banques et les sociétés d’assurance peuvent subir les conséquences de ces sanctions. Mais les autorités n’avaient-elles pas anticipé cela, s’interroge-t-il ? Elles auraient dès lors pu se doter de mécanismes, ne serait-ce qu’à court terme, pour se financer et contrebalancer ces effets.
Les conséquences les plus attendues peuvent être une flambée des produits de première nécessité, les prix de certains ayant déjà pris l’ascenseur bien avant les sanctions. Il est à craindre que quelques commerçants profitent de cette situation pour créer une pénurie volontaire afin de faire plus de bénéfices. Au-delà des effets de ces sanctions de la CEDEAO, l’État pourrait bien devoir s’équilibrer avec certains opérateurs économiques locaux. Il sera aussi intéressant de noter comment le Mali saura relever son image de marque auprès d’investisseurs que les sanctions et la situation sociopolitique pourraient bien refroidir. Comment se projeter à moyen terme pour la relance économique ?
« Cela reste un défi à relever », répond l’économiste. Il s’agit par exemple d’avoir le contrôle, grâce à plus de vigilance, sur l’exploitation des mines, pour compenser le manque à gagner des commerçants, qui sont des acteurs importants de l’économie. Et cela nous donnera la possibilité de mieux tirer parti du sous-secteur minier, en contrôlant mieux ses retombées, même à travers le flux formel, où des manques à gagner sont constatés. Ce qui sera difficile pour les autorités sera de disposer des liquidités nécessaires, explique M. Tamboura. Mais là également, même si l’impact peut être réel, « nous avons des mécanismes à explorer ». Il s’agit de voir par exemple des pays comme la Chine, qui génère suffisamment des devises en francs CFA, pour contribuer au fonctionnement de l’État et même à l’investissement.
Source : Journal du Mali