Le docteur Oumar Mariko est en fuite depuis lundi 4 avril 2022, ce, après avoir tenu des propos très critiques devant les acteurs de 1991. En effet, lors d’un panel des acteurs du mouvement démocratique commémorant les 31 ans de la démocratie malienne initié par l’ADEMA-PASJ, le docteur Oumar Mariko n’a pas hésité à tirer à à boulets rouges sur l’armée nationale. Il reprochait avec conviction à cette dernière d’avoir commis des exactions sur les populations civiles. Or, toucher à l’armée de nos jours, équivaut à toucher aux nerfs de la population. Il est difficile de concevoir qu’au moment où l’armée monte en puissance, met en déroute l’ennemi et s’impose comme l’une des meilleures de la sous-région, qu’un président de parti politique se donne comme mission de lui jeter les bâtons dans ses roues.
Comme on pouvait s’y entendre, les propos de l’opposant ont provoqué un vif tôlé au sein de la population, envahie par les réseaux sociaux. Chacun y va de son commentaire même si beaucoup espérait son interpellation.
C’est d’ailleurs les réseaux sociaux qui ont alerté le docteur Mariko, le désormais fugitif, qu’une équipe des forces de l’ordre montait la garde à son domicile après avoir récupéré les téléphones de tous les habitants. Depuis, il est resté sans nouvelles et toutes les tentatives de le retrouver sont restées vaines.
Il vient grossir le rang des exilés fuyant la justice. Mais pourquoi les gens préfèrent fuir à leur risque et péril que de répondre à la justice ? Je crois pour ma part que c’est par la crainte des méthodes d’interpellation, le respect des procédures, etc. Comme le prouve à suffisance la manière dont on a tenté d’interpeler Mariko. À cela s’ajoutent les longues périodes de détention préventive sans jugement. La mort de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga a accru la méfiance. Finalement, les gens préfèrent fuir le pays que de faire face à la justice, et cela, n’est pas forcément une bonne image pour le pays.
Je crois également que le pouvoir judiciaire doit davantage rassurer. Il doit faire en sorte qu’il ne paraisse pas comme un instrument de répression ou un moyen de faire de l’opposition une cible, mais un garant de droit pour tous. Que les procédures d’interpellation se fassent dans la règle de l’art, que le droit des personnes soit garanti et respecté. Ainsi, je crois que les uns et les autres ne verront aucun mal à se présenter devant le juge pour donner leur version des faits. On ne saura peut-être jamais les raisons qui ont poussé Mariko à accuser ouvertement l’armée pour laquelle il semblait être l’un des fervents défenseurs. Le Malikura doit faire en sorte que la confiance s’établisse entre le justicier et le justiciable. Que la justice ne soit pas vue comme un moyen d’oppressions mais un garant de l’équilibre social.
Amadigué Sagara
Source : LE PAYS