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Casseroles du Tigre: la défense qui enfonce

Après les chastes et angéliques indignations, suite à la parution de l’article ‘’Soumeylou Boubèye Maïga, un homme double’’, accusant de tous les noms d’oiseaux, ceux qui ont osé prendre le temps de lire et de partager le pamphlet, place à l’inventaire argumentaire. Une semaine après, face aux faits implacables révélés à charge d’un Tigré blessé, atteint et désormais à couvert, la seule riposte sera-t-elle la stratégie du bouc émissaire : le stratège est imperturbable, le Tigre est très serein,  « le chien aboie, le hérisson passe ! »… ? C’est la jalousie, la haine, l’acharnement sur l’homme de confiance du Président, le principal artisan de la victoire d’IBK à la présidentielle de 2018, le sauveur du régime… ?

 

Faute d’arguments contraires, le silence est une issue de dignité. Les Portugais ne disent-ils pas : ‘’’le bon silence s’appelle sainteté’’. Or, contre toute attente, les flagorneurs du Tigre, au lieu du sublime, ont choisi la tartufferie, au lieu de répondre aux faits clairs et précis reprochés à leur Zeus, ils épiloguent sur ce qu’ils croient être ses mérites, et bavent sur ceux qu’ils désignent comme étant ses infâmes et abjects ennemis.

Dans la réponse largement servie sur les réseaux sociaux, qui sont sensés lui être plus que proches, SBM est décliné comme une victime expiatoire de la jalousie, de l’injustice et de l’ingratitude… Parce qu’il empêche les uns de tourner en rond, parce qu’il fait de l’ombre aux autres.

Au regard des faits, la ligne de défense est plutôt désastreuse pour le Tigre. Parce qu’à la question ‘’que reproche-t-on au Tigre ?’’, c’est l’impasse argumentaire, des élucubrations virales sur son parcours et des conjectures qui en disent long sur l’embarras face à ce qui semble être désormais des accusations sans réponses, des révélations qu’on peine à démentir.

Aucun fait reproché au Tigre dans l’article ‘’Soumeylou Boubèye Maïga : homme double’’ n’a jusqu’ici été démenti. Par contre la ligne de défense des flagorneurs à son service comporte bien des failles qui compromettent et enfoncent davantage l’ancien Premier ministre. Il s’agit au mieux d’une propagande électoraliste pour un homme qui rêvait les yeux ouverts, à partir de sa posture, et qui continue de rêver encore (mais ce n’est pas interdit), de remplacer IBK à Koulouba ; au pire d’un catalogue de légendes urbaines qui ne reposent sur aucune réalité vécue au Mali.

1.SBM, homme de confiance et principal artisan de la victoire d’IBK à la présidentielle de 2018.   

En politique, la confiance est une notion très élastique. Ce qui est par contre vrai, c’est que dans ce milieu, il n’y a pas d’ami à plus forte raison de confident et d’homme de confiance.

SBM, a été et est allié encore politique, de circonstance et d’intérêt d’IBK. Au nom de leurs intérêts réciproques, ils ont cheminé ensemble au PMT, à l’Adéma, dans le FSD en 2007, puis depuis 2013. C’est tout. SBM n’est pas et il n’a jamais été du nombre des amis d’IBK qui sont connus de tous. Sinon, la logique aurait voulu qu’il soit du nombre de ces « hommes de confiance » avec lesquels il a quitté l’Adéma pour créer le RPM. Cette confiance aurait conduit SBM après son départ de l’Adéma à rejoindre IBK dès 2012.

2. Sans SBM IBK ne serait-il aujourd’hui que l’ancien Président du Mali ? Premier ministre, chef du Gouvernement chargé d’organiser les élections, il a joué sa partition. Ni plus ni moins. Il n’a ni conduit la campagne ni pesé autrement sur celle-ci. Au contraire. Son apport électoral, lors de la présidentielle de 2018, n’est ni élogieux ni glorieux.  À part un meeting de lancement au Pavillon des Sports, SBM n’a pas été vu sur le terrain.

Les vrais artisans de la victoire, ce sont ceux qui étaient sur le terrain au contact des électeurs, ceux qui ont voté et ont fait voter. Vouloir s’accaparer, après coup, du fruit d’un travail collectif de tous les partis et associations, de tous les Maliens non encartés qui se sont investis pour faire élire IBK, n’est rien d’autre qu’une vulgaire tentative de récupération politicienne qui ne passera pas. À moins que les partisans du Tigre ne veuillent accréditer la thèse soutenue par l’Opposition que c’est de son bureau que SBM a tripatouillé les élections pour imposer IBK comme Président du Mali. Sinon, il ne peut en aucune façon être l’artisan de la victoire de IBK qui dira, à juste propos, dans sa première déclaration de Président réélu : «cette réélection m’oblige. Elle m’oblige envers vous, qui avez voté pour moi, chers militants et sympathisants de l’Alliance Ensemble pour le Mali, et aussi tous les Maliens qui n’ont pas d’appartenance politique… ».

      

3. En politique aguerri qui a vu pire, SBM est resté serein. Peut-être, mais pas ses affidés et ses flagorneurs. La politique est un champ de bataille dont les allées ne sont pas toujours parsemées de roses. Des coups on en donne, mais des boulets on en prend aussi souvent. Mais celui-là était-il attendu ?

En tout cas, si elle laisse le Tigre sans voix, cette attaque a été assommante pour ses encenseurs. En effet, si l’humeur du Chef est contagieuse, il pourrait bien s’agir, dans le cas du Tigre, d’une exception. Sauf, si sa sérénité tellement affectée par l’attaque a provoqué étourdissement et perturbation chez ses farouches défenseurs au point d’être déconnecté de la réalité temporelle dont le décompte devient ubuesque.

Face à ce qu’ils appellent ‘’tracts qui circulent sur les réseaux sociaux’’ contre leur mentor, qui provoqueraient frayeurs chez l’ennemi, ils écrivent : ‘’malgré qu’il ne soit plus aux affaires depuis bientôt huit mois, l’homme continue de hanter certains dans leur vie’’.  Comme disent les bambara : ‘’ni san tignè na djate te kalo la’’ ! Alors comme ça, du 18 avril à maintenant, c’est environ 8 mois ? Quelle belle preuve de sérénité dans les rangs du Tigre !

4. Si ce n’est l’affolement, comment peut-on, pour répondre à la question ‘’que reproche-t-on au Tigre ?’’, faire des divagations si insoutenables ? Parce qu’il s’agit moins des accusateurs que de l’accusation elle-même. Mais que oui, le Tigre a des adversaires, et c’est à son crédit et à son honneur ; sinon il serait un piètre politicien dont personne n’entendrait parler. Mais, on ne peut justifier ou tenter de couvrir ces faits gravissimes par le fait qu’il a des adversaires qu’on tente de jeter en pâture. ‘’I ni sou a ni i fa te djuru sara, o te kelen yen !’’. Une divagation dont l’objectif est justement de faire diversion sur le fondement ou la fausseté des accusations portées contre le Tigre.

5. Entre SBM et les religieux, c’est comme désormais un désamour permanent. Ceux qu’il a qualifiés de «hybrides » et que ses partisans taxent aujourd’hui de « narco-religieux reconvertis en politiques déguisés », sont-ils derrière la cabale ? Ses flagorneurs ne l’affirment pas.

Considérés comme ses vrais tombeurs, les partisans du Tigre qui ne leur pardonneront jamais et les considèrent comme « les plus teigneux », sont par contre accusés de vouloir combattre leur mentor pour les avoir « empêché de tourner en rond, notamment avec des djihadistes et autres racailles dans le Centre et le Nord du Mali » et de vouloir mener « cette entreprise lugubre avec les fonds de l’État. Parmi eux, il y en a qui utilisent leur position et leur influence pour se soustraire de l’imposable des douanes et des impôts. On comprend aisément que le Tigre les dérange ».

La vérité est que SBM n’a rien empêché du tout. Premier ministre, dans la logique gaulliste du système institutionnel français en place chez nous, SBM n’est que le premier des ministres. Le Président décide, il exécute.

6. Dans ses résolutions générales, concernant la paix et la réconciliation, la Conférence d’Entente Nationale qui s’est déroulée du 27 Mars au 02 Avril 2017 avait recommandé clairement de négocier, tout en préservant le caractère laïc de l’état, avec, d’une part, « les belligérants du centre en l’occurrence Ahmadou Koufa » et, d’autre part, « les extrémistes religieux du Nord en l’occurrence Iyad Ag Ghaly ». Pour la mise en œuvre de cette recommandation, au regard de sa personnalité, l’État a fait appel à Mahmoud DICKO (qui n’a rien demandé) pour lui confier une mission de bons offices.

Faire croire qu’il s’agissait d’un accommodement djihadiste assorti d’intérêts sordides pour l’Imam DICKO ne correspond pas à la vérité et ne peut certainement pas expliquer les accusations portées contre SBM.

7. Au sujet de cette affaire de Mission de bons offices pilotée par l’Imam DICKO, voici ce que dit celui qui décide pour le Mali, le Président IBK en réponse à une question de Jeune Afrique : « Mahmoud DICKO est le Président du Haut Conseil islamique du Mali, autorité religieuse reconnue comme telle par les Maliens. Ce n’est pas un homme d’excès que je sache, c’est un fin lettré en arabe comme en français, un personnage convivial et respecté. Il est originaire du Nord, très connu dans le Centre, estimé par les Touareg. Tout cela, ainsi que le combat qui a toujours été le sien, contre l’extrémisme religieux, nous a amenés à penser que Mahmoud DICKO pouvait être partie prenante de la solution à la crise sécuritaire. Il a toute notre confiance dans cette tâche ». (Jeune Afrique 15 décembre 2017).

8. Donc l’Imam DICKO n’est pas venu au Gouvernement avec un projet de méchoui « avec des djihadistes et autres racailles dans le Centre et le Nord du Mali ». La Mission de bons offices n’a pas été mise en place par son prédécesseur à la Primature par copinage. Elle n’a jamais été dissoute par le bon vouloir, parcimonie ou souci de clairvoyance de SBM. « Le Président du Haut Conseil islamique, l’imam Mahmoud DICKO, avait reçu mandat de l’ancien Premier ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA [avril-décembre 2017] de conduire une mission de bons offices dans le centre et le nord du pays. Je l’assume en tant que chef de l’État, mais j’étais bien loin de l’approuver. Nous avons mis fin à cette mission », explique IBK dans une interview au journal ‘’le Monde’’ le 22 février 2018.

9. Que quelques impondérables liés à la lutte contre le terrorisme aient contraint l’État à revisiter sa stratégie pour l’harmoniser avec ses partenaires, cela, en aucun cas, ne saurait servir de fonds de commerce politicien pour couvrir le très respecté Imam Mahmoud Dicko d’infamie et pour l’accuser de conduire avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghaly des entreprises inavouables et « lugubres » avec les fonds publics dont il n’a jamais été ordonnateur.

10. C’est une très grande maladresse et une imprudence suicidaire de la part des soutiens et supporteurs de SBM que de parler à propos de Mahmoud DICKO d’«entreprise lugubre avec les fonds de l’Etat ». Une véritable catastrophe au plan de l’argumentaire que de vouloir blanchir le Tigre avec des arguments comme : «l’ancien Premier ministre fait peur parce qu’il refuse le gaspillage du dernier public et ne cautionne pas que le trésor public puisse financer les activités inhumaines d’Amadou Kouffa ou d’Iyad Ag Aly ».

Si cela est dit à propos de l’Imam Mahmoud DICKO, sauf amnésie, les encenseurs du Tigre devraient se rappeler que c’est le même SBM intègre qu’ils veulent faire croire qu’il est celui qui a viré le même Mahmoud DICKO pour l’empêcher de poursuivre son «entreprise lugubre avec les fonds de l’État », le même SBM qui a envoyé 50 millions (80 millions ? 100 millions ?) provenant de ces mêmes fonds publics pour l’organisation du meeting du même Mahmoud DICKO qui a eu la sagesse d’y renoncer.

11. Quand on n’aime pas son chien, on l’accuse de rage. Après Mahmoud DICKO, on s’en prend également au très respecté chérif de Nioro qu’on met insidieusement dans le lot de ceux qui « utilisent leur position et leur influence pour se soustraire de l’imposable des douanes et des impôts ». Sauf qu’il était loisible à SBM, dès sa prise de fonction, d’exiger du chef religieux de s’acquitter de ses impôts et taxes. Mais on attend, en pleine tempête électorale, lorsque le guide spirituel des hamallistes appelle à combattre le régime, pour manipuler l’opinion. Prenant alibi d’un incident, on tente de salir la réputation et l’intégrité d’un chef religieux qui a mis au défi tous ses détracteurs sur son respect de la loi et l’acquittement de ses obligations douanières et fiscales. Preuves à l’appui. Aux calomnies, à l’époque, véhiculées, le Chérif de Nioro avait répondu : Bouyé a toujours dédouané ses camions. SBM alors Premier ministre n’a pas osé démentir. Donc cet argument qui sonne faux n’est d’aucun secours pour le Tigre qui fait face aujourd’hui à des accusations plus graves. Accusations dont on veut faire porter le chapeau aux religieux notamment à DICKO et à BOUYÉ.

12. Si on ne peut convaincre sur la prétendue cabale des religieux, ce sont alors des adversaires politiques qui deviennent des boucs-émissaires. Dans leur tourmente, les adulateurs du Tigre indexent principalement les «anciens camarades politiques à qui il a toujours damé le pion … Des camarades politiques qui n’osent pas le défier ouvertement, eu égard à sa capacité à les détruire».

Détruire les camarades politiques, c’est donc ça le projet et la stratégie du Tigre ? Il n’y a donc-t-il pas de vertu en politique chez le Tigre ? Bonaparte avait raison : la vertu politique est un non-sens. En tout cas, peu de gens aimeraient être à la place des anciens camarades politiques de SBM. En effet, il paraît aussi que dans sa très grande loyauté, le Tigre s’est donné comme mission de ‘’fumister’’ (faire le namimaya) sur ses anciens camarades politiques en informant très « régulièrement le décideur en chef sur des pratiques peu orthodoxes de certains hommes impliqués dans la gestion des affaires publiques ».

13. Même à supposer que ‘’la trahison est une question de date’’ en politique, il faut reconnaître que développer uniquement des capacités pour détruire ses camarades, ne milite pas en faveur d’un bon compagnonnage, fut-il avec le Tigre. Un Tigre qui est loin d’être accusé à tort de piocher chez ses camarades, ses alliés et amis politiques. Parce que le débauchage en politique n’est rien d’autre que, ailleurs, récolter indûment le champ de son voisin. C’est pourquoi, parmi réformes les plus opportunes, il urge d’initier une loi anti-transhumance pour ne pas dire anti-débauchage. Ceci explique cela ?

14. Mais, est-ce vraiment les religieux et les anciens camarades politiques que visent les défenseurs-accusateurs de SBM ? Pour les thuriféraires du Tigre, les adversaires les plus dangereux sont en vérité les cadres qu’ils vouent aux gémonies et les laudateurs du prince du jour, prince du jour qui n’est personne d’autre que IBK. Donc, ce sont une catégorie de fonctionnaires nantis des moyens de l’État (friands de champagne, de vin d’Alsace et avec un goût très prononcé pour les cigares de grandes marques (Havana)…) et quelques vulgaires encenseurs d’IBK qui en veulent au Tigre ! Si les liens évoqués étaient vrais, ils allaient être aussi des encenseurs du Tigre. N’est-ce pas ?

En tout cas, apparemment, ceux-ci ne sont que les seuls à faire le farniente aux frais du contribuable. Car, la question est : que représente les quelques dizaines de millions pour faire la bamboula à côté des milliards et des immeubles qu’on a accusé le Tigre d’avoir carotté et acquis en si peu de temps ?   

15. Celui ou ceux qui ont accusé Soumeylou Boubèye MAIGA n’ont pas hésité à le désigner nommément. Alors si on veut leur répondre, qu’on se hisse à la même hauteur dans la désignation, fait contre fait, argument contre argument. Mais, au lieu de ça, on dit : ils fument des cigares, boivent du vin, font la fête, font des actions de bienfaisance, etc.

Les devinettes ne distrairont personne et ne dissiperont pas les accusations portées, encore moins n’étoufferont le scandale.

Ça devient la chanson de Salif Keïta : ‘’ni ye n’ta fo, n’fana be i ta fo !’’

Bertin DAKOUO

Source : Info-Matin

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