Le Procureur de la République près le tribunal de grande instance de la Commune III en charge du Pôle économique et financier de Bamako a été saisi ces derniers temps d’une dénonciation anonyme relative à des cas de détournements à la pelle des fonds. Il s’agit des ressources financières destinées aux cantines scolaires de plusieurs communes rurales de Baguinéda.
Sont concernés par cette dénonciation, les maires des 4 Communes rurales de l’arrondissement de Baguinéda : Mountougoula, N’Gouraba, Baguinéda et Tielé. D’autres personnes sont citées dans la dénonciation notamment la directrice du Centre d’Animation pédagogique (Cap) de Baguinéda, les présidents des comités de gestion scolaire (CGS) des différentes écoles concernées et une femme fournisseur.
Ces différentes autorités municipales, administratives et locales impliquées dans la gestion de l’école, sont soupçonnées de détournements de l’argent donné par des bailleurs de fonds pour l’alimentation des cantines scolaires. Selon leur vocation, ces cantines scolaires sont ouvertes aux élèves qui habitent dans des villages situés loin de leur école et leur permettent de manger sur place pour éviter la déscolarisation.
Le mode opératoire de ceux-là qui focalisent le soupçon du dénonciateur, est basé sur deux pratiques. D’abord ils gonflent le nombre d’élèves en vue de bénéficier de beaucoup d’argents illégaux. Il y a aussi le système des fausses factures. Sur ce dernier chapitre, une dame dont le nom n’est pas mentionné (à l’instar des personnes dénoncées) et déclarée comme le fournisseur attitré des cantines scolaires du Cap de Baguinéda, délivre des vraies fausses factures pour des commandes jamais livrées. Le deal consiste pour elle, à percevoir en retour les 30 % de la valeur du montant de la vraie fausse commande.
Pour le dénonciateur qui éveille l’attention du juge anti-corruption, ces différentes malversations pénalisent dangereusement les enfants qui habitent des dizaines de kilomètres de leurs établissements. L’argent des cantines scolaires du Cap de Baguinéda est indûment encaissé par des gens a priori au-dessus de tout soupçon et qui sont chargés de sa gestion.
Par ailleurs, le maire de N’Gouraba en plus d’être mêlé dans ce scandale de la cantine scolaire, est sur la sellette dans une autre affaire. Celle des marchés attribués dans sa circonscription sans consultation, ni appel d’offres. Les mêmes marchés font l’objet de fausses facturations. C’est-à-dire, l’argent est décaissé moyennant une facture, mais il n’y a aucune trace des matériels achetés et censés livrés.
Le procureur de la République de la Commune III en charge du Pôle économique et financier a de la matière pour voir où va l’argent de la cantine scolaire de Baguinéda. Cette Commune rurale à la périphérie de Bamako est toujours embourbée dans des scandales tantôt fonciers, tantôt financiers. Le maire, Salia Diarra a toujours maille à partir avec la justice. Il est l’un des fidèles locataires de la Maison centrale d’Arrêt de Bamako.
Abdrahamane Dicko