Nommé en 2017 pour assurer l’intérim à la tête des Aigles du Mali, Mohamed Magassouba a depuis été confirmé à la tête de la sélection. Bâtisseur charismatique, il fait désormais l’unanimité avant la Coupe d’Afrique au Cameroun.
Pour ses joueurs, Mohamed Magassouba est davantage qu’un entraîneur : un conseiller, un guide, parfois même un père. À 64 ans, le sélectionneur du Mali a obtenu l’adhésion de ses hommes et de la fédération grâce à son expérience et à sa capacité à bâtir une équipe. La Coupe d’Afrique des Nations – CAN pourrait être celle du Mali, solide outsider de la compétition.
Une carrière en Afrique centrale
Mohamed Magassouba semble être né pour être entraîneur. Il l’est devenu très jeune, à seulement 22 ans, en prenant les rênes de l’Association sportive de l’hippodrome, un club de Bamako, en 1980. Il part ensuite à l’étranger s’aguerrir, en RD Congo notamment.
Au pays des Léopards, il dirige Saint-Éloi Lupopo et l’AS Vita club et surtout, il soulève le trophée de la défunte coupe des coupes d’Afrique en 1994 avec le Daring club Motema Pembé, à seulement 36 ans.
Une performance qui lui ouvre en 1996 les portes de la sélection nationale… congolaise ! Il emmène à deux reprises les Léopards en phase finale de la CAN : en 1998 au Burkina Faso et en 2002 dans sa patrie malienne. Cependant, il n’y participera jamais. En effet, à chaque fois, la fédération congolaise fait le choix de le remplacer par le local Louis Watunda pour la compétition.
Après un détour d’un an au Gabon, Mohamed Magassouba décide de quitter l’Afrique centrale, où il aura passé plus de quinze ans de sa vie, pour rentrer au pays. Il prend la tête du Stade malien mais l’expérience tourne court, puisque le technicien sera limogé après seulement un an d’exercice.
Deux ans d’intérim à la tête du Mali
Cela ne l’empêchera pas de rejoindre le staff technique de l’équipe nationale du Mali. Une fonction qu’il ne quittera plus, à l’exception d’un détour par le club Jeanne d’Arc de Dakar en 2010. D’abord directeur technique national (2010-2015), puis entraîneur intérimaire après le départ d’Alain Giresse en septembre 2017.
Au cours de sa carrière d’entraîneur intérimaire, qui s’est officiellement achevée après la CAN en Égypte, il dirige 17 matches pour un bilan de quatre victoires, huit nuls et cinq défaites. Il hisse son équipe jusqu’en huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique, où les Aigles ne concèdent qu’une courte défaite face aux Éléphants de Côte d’Ivoire.
De quoi inciter la fédération malienne à donner définitivement les clés du camion à Magassouba. Il est enfin nommé officiellement entraîneur du Mali après la compétition. Il prend des décisions fortes, se séparant des stars Moussa Marega et Yves Bissouma – ce dernier a cependant réintégré le groupe pour la compétition au Cameroun. Pour l’entraîneur malien, le collectif prime sur les individualités.
Les matches effectués depuis sa prise de fonction officielle lui donnent raison. Lors des éliminatoires de la CAN-2022, le Mali se qualifie facilement avec 4 victoires, un match nul et une défaite concédée alors que l’équipe était déjà qualifiée.
Encore plus impressionnant, lors des éliminatoires pour le Mondial-2022, les Aigles ont rallié le troisième tour facilement avec 5 victoires et un match nul, mais surtout aucun but encaissé. Deux campagnes d’autant plus époustouflantes que Magassouba les a menées sans recevoir de salaire de la fédération pendant de longs mois. Un autre entraîneur aurait claqué la porte, pas lui.
Des atouts pour briller
La défense est l’atout-maître de sa sélection malienne. Elle l’avait déjà prouvée lors du CHAN-2021 en n’encaissant ses premiers buts que lors de la finale perdue face au Maroc. Le défenseur du FC Metz, Aboubacar Kouyaté, le très convoité milieu défensif du RB Leipzig, Amadou Haidara, et celui d’Al Ahly du Caire, Aliou Dieng, font partie des éléments-clés de la bonne assise défensive des Aigles.
Mohamed Magassouba peut également s’appuyer sur son adjoint, l’ancien international Fousseni Diawara, arrivé en même temps que lui en 2017. L’ancienne star du Mali s’occupe de gérer les relations avec les joueurs expatriés et les binationaux et les deux forment un duo efficace au vu des résultats.
“La sélection malienne progresse de jour en jour parce que nous avons entamé une construction en profondeur et développé une organisation défensive assez solide et une circulation de balle fluide. Reste la finition, mais aucune équipe n’est parfaite mais on y travaille”, expose-t-il sur RFI, dans le podcast Pod’CAN. “Nous voulons aller le plus loin possible.”
Pour son premier match au Cameroun, le 12 janvier, Mohamed Magassouba croisera un autre sélectionneur local, Mondher Kebaier, aux commandes de la Tunisie. Aigles du Mali contre Aigles de Carthage, un tel duel aurait toute sa place à la plus haute altitude de la compétition, le 6 février prochain.
Source : France 24