C’est parti depuis le dimanche dernier pour les campagnes électorales du présidentielle du 28 juillet. Les grosses pointures des présidentiables n’ont pas attendu. Ils ont généralement choisi les stades (26 Mars à Yirimadio -Bamako, Babemba Traoré à Sikasso, Baréma Bocoum à Mopti) et les places publiques à Bamako et dans les villes de l’intérieur du sud pour leur premier vrai contact avec leurs militants et la population. Aucun n’a voulu commencer au nord, même ceux qui y sont originaires. Peur des risques sécuritaires ou stratégies de campagnes quand on sait que l’électorat du nord ne représente pas plus de 10 % ? L’avenir nous édifierons.
A entendre quelques extraits de discours des candidats, on se rend vite compte que les candidats connaissent, en tout cas ceux qui ont fait leur apparition à l’ouverture de cette campagne, les problèmes essentiels du pays qui sont entre autre : la sécurité, l’éducation, l’auto suffisance alimentaire, le chômage, la réconciliation. C’est dire alors que si le choix devait se faire sur la base des programmes, il se dessinera sur des détails comme lui de la gestion de l’exploitation de l’or, du changement préconisé dans la gouvernance…
Seulement, il est fort à parier que les discours ne soient pas la clé de cette élection. Si les mots peuvent empêcher certains candidats de réaliser le score souhaité, ils ne peuvent être déterminants dans l’élection de ceux qui les prononcent. Mais il serait toujours intéressant qu’il ait des animateurs de cette campagne, des candidats capables de rappeler, sans hésiter ceux qui est arrivé à notre pays et par qui c’est arrivé. Alors, la clé est où ?
Elle serait détenue par les centralisateurs des résultats, l’administration et ou la France. Ce n’est pas de gaieté de cœur de dire que la France à son mot à dire dans le choix de notre président. Pour preuve, on se souvient de la succession d’un certain nombre de candidats à Paris que la voix de l’Etat français a appelé «de passage à Paris» alors même que ces candidats étaient partis en consultation.
Malheureusement, la France s’y mêle à nos élections car le pouvoir en place, comme tous les pouvoirs des anciennes colonies, est à la solde de l’Elysée quelque soit le parti qui gouverne en France. Déjà, le poids de la France dans la gestion de la crise que nous vivons a été déterminant même si ce poids n’est plus vu d’un même œil par le pouvoir et le peuple en raison du soutien de la France au MNLA, de la question de Kidal.
Si un temps soit peu, les décideurs, de l’intérieur et de l’extérieur pouvaient avoir du respect pour le choix du peuple Malien, ne serait ce que dans les tendances, les électeurs seront fiers d’avoir voté. Qu’on ne leur vole pas leur vote.
Qu’à cela ne tienne, puis que tous les Maliens et tous nos partenaires ou presque aspirent à doter, le plus vite possible, le Mali d’un pouvoir élu, même si ce pouvoir aussi devait être une transition, vu l’étendu des défis à relever pour la refondation de l’Etat et la reconstruction du pays.
Le peuple Malien, dans sa majorité connaît celui qu’il faut pour sortir de cette crise. Les évènements de 2012 ont révélé au peuple Malien un pan de la réalité du pouvoir. Cette réalité, qui a dégoûté bon nombre de citoyens et en avisés d’autres. Pour ne pas frustrer davantage les Maliens, les démobiliser dans l’action de développement du pays, faire renaître l’espoir des populations, le choix du futur président ne doit pas se faire avec légèreté. Celui qui incarne le maximum d’intégrité morale, de compétence affirmée mérite de conduire le pays pour la sortie de crise.
Drissa SANGARE