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Cameroun : un statut spécial pour la zone anglophone et après ?

Alors que les députés ont adopté un projet de loi actant l’autonomisation des deux régions anglophones, rien ne semble réglé à l’orée des législatives.

Les deux régions anglophones du Cameroun ont désormais un nouveau statut. Il leur a été accordé après l’adoption ce mercredi 18 décembre par les députés d’un nouveau projet de loi sur la décentralisation. Ces régions, au sud-ouest et nord-ouest du pays, seront désormais autorisées, si la loi est approuvée par le Sénat et promulguée, à élaborer des politiques publiques dans les domaines de l’éducation et de la justice, a précisé la radio camerounaise. Elle pourrait également poser les bases d’un gouvernement et d’un Parlement spécifique à la zone, peut-on lire dans Le Journal du Cameroun. Ce statut spécial est la principale recommandation sur laquelle s’étaient entendus les participants du grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya début octobre, pour mettre fin à la crise.

Plus d’autonomie

Au moment où de nombreuses voix s’élevaient pour critiquer le peu de suites législatives données à ce grand dialogue, l’Assemblée nationale s’était réunie en session extraordinaire vendredi enfin d’examiner ce projet de loi. Le boycottage de cette rencontre par les principaux chefs indépendantistes n’avait pas empêché les participants de préconiser une décentralisation par la création de ce « statut spécial ». Une proposition très éloignée des aspirations fédéralistes, pour les plus modérés, et indépendantistes pour les groupes armés, mais qui avait fait souffler l’espoir d’un retour à la paix après deux ans d’inaction. Ces discussions n’ont toutefois pas permis jusqu’ici de ramener la paix dans une région où le conflit sévit depuis près de trois ans.

Lire aussi : Cameroun : vers un dialogue de sourds ?

Une crise devenue nationale

Novembre 2016 est en effet le point de départ d’une crise qui prendra peu à peu en intensité. À l’époque, quelques corps de métiers – enseignants ou juristes – commencent à réclamer davantage de représentativités pour les anglophones. La plupart demandent un retour au fédéralisme, mais une minorité exige l’indépendance et la proclamation d’un nouvel État, l’Ambazonie. Face à l’intransigeance de Yaoundé et à la répression de nombreuses manifestations pacifiques, le conflit, rapidement, se durcit. Fin 2017, une partie des séparatistes prennent les armes. Depuis, les combats font rage entre l’armée et ces groupes armés, prenant en tenaille la population.

Le bilan est lourd : plus de 700 000 personnes ont dû fuir leur domicile, et 3 000 ont perdu la vie. Fin septembre 2019, les autorités, sous la pression internationale, organisent donc un dialogue national. Jusqu’à aujourd’hui sans grand succès. D’après plusieurs ONG, les combats et les violences commises contre les civils se sont intensifiés ces derniers mois dans la région, qui compte pour 16 % de la population camerounaise. L’ONU, par la voix du chef du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca) reste, elle aussi, « préoccupée par le niveau de violence qui continue de menacer la vie des Camerounais ». Dans son 17e rapport présenté le 6 décembre devant le Conseil de sécurité, François Louvény Fall décrit un « contexte sécuritaire des plus tendus », et ce, malgré « les réformes engagées par le gouvernement camerounais ».

Lire aussi : Crise anglophone au Cameroun : et si on y posait un autre regard !

Le sujet risque en tout cas de se retrouver au cœur des prochaines élections législatives camerounaises, prévues le 9 février 2020. Les deux principaux partis d’opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et le Cameroon People’s Party (CPP), ont annoncé leur intention de boycotter le scrutin, rendu peu crédible à leurs yeux du fait des combats dans ces deux régions. « Organiser des élections au Cameroun aujourd’hui, qui plus est des élections locales, sans avoir rétabli la paix dans ces régions […] c’est donner le message que (les) populations (de ces régions) ne sont pas des Camerounais et, ce faisant, consacrer la partition de fait du pays », a déclaré fin novembre le président du MRC, Maurice Kamto. Par 

 

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