En vue de relancer le processus l’électoral après le report du 21 septembre 2015, le ministre de l’Administration territoriale, Abdoulaye Idrissa MAÏGA, a rencontré, hier mardi, la classe politique, dans les locaux de son département. Cette réunion du cadre de concertation des partis politiques a été boycottée par les représentants des partis politiques de l’opposition républicaine, alors que ceux de la majorité, qui sont restés sur place, ont vidé la nouvelle date proposée par l’administration après une déclaration adressée au chef du département.
Dans la déclaration lue par le secrétaire politique du PARENA, Djiguiba KEÏTA dit PPR, l’opposition a souligné que l’ordre du jour de la réunion de ce mardi, portant sur : loi électorale, la charte des partis, agenda des élections, chronogramme des élections, dé-montre le refus du gouvernement de tirer les leçons des tentatives antérieures avortées d’organiser les communales et les régionales. En effet, selon lui, le gouvernement ne semble pas prendre toute la mesure de la situation sécuritaire générale du pays et des engagements qu’il a pris dans le cadre de l’Accord pour la paix et la réconciliation dans notre pays. Un constat qui dénote, selon l’opposition, de la politique de la fuite en avant qui caractérise l’action gouvernementale au Mali, depuis deux ans et demi. Selon les termes de cette déclaration, l’ordre du jour de la réunion montre, à suffisance, l’incapacité du Gouvernement d’avoir une vision d’ensemble des questions institu-tionnelles et électorales.
En conséquence, les partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique af-firment solennellement qu’à partir de ce 12 avril 2016, ils n’accepteront plus de s’associer à une quelconque concertation qui ne prend pas en compte les vrais pro-blèmes politiques et institutionnels du pays. En effet, l’opposition regrette de constater que dix mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, le gouvernement est toujours au stade de tâtonnement et de tergiversation là où il a pris des engagements explicites, dans le cadre de l’adoption de textes réglementaires, législatifs, voire constitutionnels ; la révision de la loi électorale de manière à assurer la tenue d’élections au niveau local, régional et na-tional permettant la mise en place et le fonctionnement du nouveau cadre institution-nel prévu par l’Accord pour la paix et la réconciliation. Par ailleurs, les partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique exigent la résolution immédiate des questions relatives aux 900 000 cartes NINA qui, selon le Vérificateur Général, sont de trop. Aussi, exige-t-elle l’introduction de la biométrie dans le système électoral comme c’est le cas dans la plupart de nos pays voisins.
En lieu et place d’une approche globale pour sortir le pays de l’immobilisme, l’opposition dit assister à des petits arrangements sur fond de calculs politiciens électo-ralistes. En conséquence, elle a signifié au chef du département, Abdoulaye Idrissa MAÏGA, leur sa volonté de quitter le Cadre de concertation qu’il préside. Pour son re-tour, l’opposition exige, l’engagement des discussions dans le cadre d’une vision glo-bale sur les questions institutionnelles, politiques et électorales.
Malgré ce « hooliganisme » de l’opposition, les travaux du cadre de concertation se sont déroulés avec ceux de la majorité et des centristes. Ainsi, après échanges et dis-cussions, le gouvernement a proposé la date du 25 septembre prochain pour la tenue des élections communales sur l’ensemble du territoire. Une proposition qui a été ac-ceptée par les participants.
Dans les débats, le président du RDS, Younous Hamey DICKO, a déploré l’attitude de l’opposition qu’il a jugée mal saine et non scientifique. Ce comportement de l’opposition est préjudiciable à la bonne mise en œuvre de l’Accord pour la paix et ré-conciliation, a dit le Pr DICKO. À l’analyse des griefs de l’opposition, il a estimé que toutes ces questions pouvaient être discutées dans le cadre des réunions du cadre de concertation. Parlant du calendrier proposé, il a trouvé que cette date respecte les six mois de la période intérimaire prévue dans le cadre de l’Accord. Compte tenu du con-texte, il a estimé que l’opposition avait le devoir de prendre part aux travaux pour qu’ensemble, la classe politique puisse trouver les solutions idoines à toutes ces préoc-cupations.
Pour l’ancien ministre, Soumeylou Boubeye MAÏGA, il faut aller à ces élections tant redoutées, malgré le contexte difficile. Selon lui, le plus important est qu’on se donne les moyens de les réussir. Il a fait savoir que de son expérience, il a vu des pays organi-ser et réussir des élections dans les conditions similaires. Il s’agit, selon lui, de la Centra-frique qui vient d’organiser des élections générales après une guerre civile.
Le représentant de l’ADEMA, le Dr Timoré TOULENTA, a indiqué qu’il y avait, au-jourd’hui un signal orange qu’il faille transformer en vert avant l’échéance du 25 sep-tembre prochain. Et cela est possible, selon lui, après l’adoption de la loi portant mise en place des Autorités intérimaires dans les régions du nord qui va favoriser le retour de l’administration. Il a indiqué que son parti soutenait la démarche du gouvernement avant d’inviter ce dernier à tout mettre en œuvre pour la création d’un climat favorable l’organisation d’une bonne élection.
De son côté, le représentant du RPM, Kaba DIARRA, a salué la démarche de l’administration. Il s’est réjoui du découplage entre élection locale et régionale. Il a sou-ligné que les manœuvres de l’opposition consistaient à empêcher le régime d’organiser les élections avant la fin du mandat du président IBK. Car à n’en pas douter, l’organisation de ces élections, a-t-il fait savoir, constitue un acte politique majeur qui entre dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord. Pour ce faire, il a interpelé la ma-jorité qui a la responsabilité de faire en sorte que la gouvernance du président IBK soit couronnée de succès.
Les partis du centre politique ne sont pas restés en marge. Selon leurs porte-parole, Amadou TOURE, on ne peut pas continuer à reporter indéfiniment les élections. Les partis de centre, selon leurs représentants, l’organisation de ces élections constitue un défi majeur pour la République.
Des différentes interventions du jour, il ressort que la majorité politique et les partis du centre souhaitent que toutes les échéances soient organisées avant la fin de l’année en cours. Il s’agit des élections communales, locales, régionales et du District de Bamako ainsi que le référendum.
Le ministre Abdoulaye Idrissa MAÏGA, de son côté, a fait savoir que le gouvernement est bien décidé à ne plus reculer face à ces échéances. Il a soutenu qu’il y avait au-jourd’hui mille et une raisons de ne pas aller aux élections, mais le gouvernement ne peut pas donner l’impression que le processus électoral est bouclé.
Malgré l’attitude des partis de l’opposition, il a fait savoir que son département conti-nuera à associer toute la classe politique à toutes les questions liées au processus élec-toral.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source: info-matin