Nicolas Sarkozy a été placé mardi matin en garde à vue dans le cadre de l’enquête portant sur les soupçons d’un financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le nom de l’ancien chef de l’Etat est cité dans trois autres enquêtes.
Nicolas Sarkozy placé en garde à vue. La justice poursuit son travail dans l’enquête sur un possible financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007 par le régime libyen. L’ancien chef de l’Etat est entendu par les policiers de la lutte contre la corruption dans leurs locaux à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Une audition qui peut durer jusqu’à 48 heures et qui pourrait s’achever par une présentation devant les juges d’instruction en charge de l’enquête, soit pour une mise en examen, soit pour un placement de l’ancien président sous le statut de témoin assisté.
Ce n’est pas la première fois que Nicolas Sarkozy est confronté à la justice. Si l’ancien président de la République a obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt, pour laquelle il a été mis un temps en examen pour “abus de faiblesse”, son implication dans d’autres enquêtes n’est pas écartée.
L’affaire des écoutes téléphoniques
L’affaire des écoutes téléphoniques est un pendant de l’affaire Bettencourt. Alors mis en cause dans cette affaire, Nicolas Sarkozy, avec l’appui de son avocat, Me Thierry Herzog, aurait demandé à un magistrat de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, de lui obtenir des informations couvertes par le secret dans le cadre d’une procédure liée à la saisie de ses agendas dans le cadre de l’affaire Bettencourt. En échange, Nicolas Sarkozy aurait promis un poste prestigieux à Monaco au magistrat. L’affaire a émergé grâce à des interceptions téléphoniques, validées par la Cour de cassation, entre l’avocat et un certain Paul Bismuth, nom d’emprunt choisi par l’ancien président.
Nicolas Sarkozy est placé en garde à vue en juillet 2014, une première en France pour un ancien chef de l’Etat. Il a ensuite été mis en examen pour “corruption active”, “trafic d’influence” et “recel de violation du secret professionnel”. En octobre dernier, le parquet national financier a requis le renvoi devant un tribunal correctionnel de Nicolas Sarkozy, qualifié de “délinquant chevronné”, ouvrant ainsi la voie à un procès.
L’affaire Bygmalion
L’affaire Bygmalion, ou dite des comptes de campagne de 2012, concerne un système de fausses factures qui aurait permis de ne pas dépasser le plafond autorisé de 22,5 millions d’euros de dépenses pendant la campagne présidentielle. Une enquête est ouverte depuis mars 2014, la justice soupçonnant la mise en place d’un système de double facturation avec une filiale de Bygmalion, société d’événementiel. Cela aurait permis d’imputer des dépenses de la campagne de Nicolas Sarkozy à l’UMP, et non à son association, créée pour financer cette campagne.
Toute la question est de savoir si Nicolas Sarkozy a été mis au courant ou pas de ce double système de facturation. De son côté, l’ancien président dément. Selon les investigations, Pierre Godet, expert-comptable qui a signé les comptes de campagne, et Jean-François Copé, président de l’UMP à l’époque, auraient averti le candidat du dépassement du plafond des dépenses.
Le 16 février 2016, l’ancien président de la République est une nouvelle fois mis en examen et renvoyé devant un tribunal pour “financement illégal de campagne électorale”, ce contre quoi il a déposé un recours. Il a été placé sous le statut de témoin assisté pour les faits d’”usage de faux”, “escroquerie”, et “abus de confiance”. Treize autres personnes ont été mises en examen, dont les patrons de Bygmalion et d’anciens cadres de l’UMP.
L’affaire des sondages de l’Elysée
Cette affaire dite “des sondages de l’Elysée” a débuté en 2009, avec la publication par la Cour des comptes d’un rapport faisant apparaître la commande d’études d’opinion par l’Elysée sous Nicolas Sarkozy, sans appels d’offre, aux sociétés appartenant à Patrick Buisson et Pierre Giacometti, conseillers du président de l’époque. Une commande de 9,4 millions d’euros entre 2007 et 2012. En 2010, l’association de lutte contre la corruption Anticor porte plainte, mais n’obtient le début des investigations par la justice qu’en 2012.
Les enquêteurs retrouvent la trace de 235 sondages achetés par le cabinet de Patrick Buisson, puis revendus à l’Elysée entre 2007 et 2009. L’ancien secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, et l’ex-directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, sont mis en examen en 2017 pour détournement de fonds publics par négligence. Ils étaient déjà poursuivis pour “favoritisme” et “complicité de favoritisme”. En 2016, en pleine campagne pour la primaire de la droite et du centre, Nicolas Sarkozy avait lui refusé de répondre à la convocation des juges comme témoin dans cette affaire.