Un échec de la communauté internationale à intervenir sur la crise au Burundi pourrait aboutir à de “nouvelles atrocités de masse” et même déboucher sur un conflit régional majeur, a mis en garde mardi un expert de l’ONU.
Pablo de Greiff, expert pour les droits de l’Homme, a estimé que le pays, qui traverse une crise politique majeure liée à la réélection du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, a “tourné le dos” aux règles du droit et de la loi.
“Je tire la sonnette d’alarme pour dire que la communauté internationale, y compris les organisations régionales et internationales, ne peuvent se permettre d’attendre que de nouvelles atrocités de masse reprennent”, a-t-il dit mardi devant le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à Genève, après une brève visite au Burundi.
“Il y a le risque d’un conflit majeur dans la région des Grands Lacs, dont personne ne peut prédire les proportions”, a averti M. de Greiff, rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition.
“La situation est en train de dégénérer et le Conseil doit jouer son rôle d’alerte” a par ailleurs déclaré à l’AFP un diplomate français. “Une résolution est en préparation avec les pays de l’Union Européenne et des pays africains”, a-t-il indiqué, prévenant: “cela risque d’être la prochaine tragédie africaine”.
La candidature fin avril du président Nkurunziza a plongé le Burundi dans une grave crise, marquée par des manifestations étouffées via une sanglante répression, et par une tentative déjouée de coup d’Etat militaire.
Les violences continuent avec des attaques nocturnes contre la police et des assassinats ciblés, et font craindre des violences à grande échelle, 10 ans après la fin d’une guerre civile qui fit 300.000 morts entre 1993 et 2006.
Le pays se trouve au coeur de la région des Grands Lacs, à l’histoire marquée notamment par le génocide des Tutsi au Rwanda voisin en 1994.
De même, c’est dans les régions voisines des Kivus, dans l’est de République démocratique du Congo, que débutèrent les guerres de 1996-1997 et 1998-2003, qui ont impliqué jusqu’à sept pays africains sur le sol congolais.