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Burkina: la Transition juge « urgent, l’émergence d’une nouvelle classe politique vertueuse »

Le chef de l’Etat burkinabè, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la Transition en cours depuis le 24 janvier, a jugé « urgente, l’émergence d’une nouvelle classe politique vertueuse, préoccupée par l’intérêt général et résolument tournée vers l’édification d’une Nation sur le socle des valeurs cardinales », lors de la cérémonie d’installation des membres du Conseil d’Orientation et de Suivi de la Transition (COST), le vendredi 2 septembre 2022, à Ouagadougou.

DISCOURS DU PRESIDENT DU FASO A L’OCCASION DE L’INSTALLATION DU CONSEIL D’ORIENTATION ET DE SUIVI DE LA TRANSITION (COST)

Mesdames, messieurs

Distinguées personnalités

La transition en cours dans notre pays nous offre la formidable opportunité d’impacter positivement le cours de notre histoire commune. Une histoire au cours de laquelle les rivalités et les contingences politiques ont conduit à une accumulation et à une cristallisation de contradictions sociales que nous n’avons pas su gérer. Progressivement, nous avons, au fil des années, contribué chacun, qui par son action, qui par ses paroles, qui par son silence et sa passivité, à détricoter le tissu social que nos devanciers ont mis des décennies à tisser.

La grave crise que nous traversons aujourd’hui, au-delà de la situation sécuritaire qui en est sa manifestation la plus visible, n’est que la gangrène de tous les petits problèmes que nous avons échoué à juguler pendant toutes ces années. Devons-nous poursuivre dans cette lancée ? JE PENSE QUE NON.

C’est pourquoi nous avons pris l’engagement de faire en sorte que cette transition constitue le point de départ d’une gouvernance de type nouveau.

Restaurer l’intégrité du territoire national, apporter une réponse efficace à la crise humanitaire, renforcer la gouvernance, assainir et refonder la vie politique, assurer un retour à une vie démocratique normale, œuvrer à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale : Voici les grands chantiers de la transition.

La vision qui sous-tend tous ces chantiers se résume en une seule phrase : Faire du Burkinabè l’artisan de son propre bien-être, de la stabilité et de l’essor de son pays. Cette vision se décline sur tous les plans, à commencer par celui de la sécurité. En effet, nous devons chacun, dans notre travail, dans nos cellules familiales, dans nos campagnes et dans nos villes, cultiver les réflexes sécuritaires qui contribuent à nous préserver collectivement. Cette prise de conscience individuelle est absolument nécessaire dans la construction de notre sécurité collective.

Cette logique est tout aussi valable dans les différents secteurs du développement. Pour accroitre notre productivité agricole, pour booster notre industrie ou pour tirer un meilleur profit de nos ressources naturelles, il faudra que cela soit pour chacun d’entre nous un objectif.

Sur le plan de la diplomatie enfin, notre pays doit cultiver des relations apaisées et réciproquement bénéfiques avec l’ensemble de ses partenaires et amis.

Tout cela réuni ne suffira pas à remettre notre pays sur le chemin du progrès si les efforts qu’il faut ne sont pas faits au niveau de la gouvernance. C’est pourquoi il faut, de toute urgence, qu’émerge une nouvelle classe politique vertueuse, préoccupée par l’intérêt général et résolument tournée vers l’édification d’une Nation sur le socle de nos valeurs cardinales.

Mesdames et messieurs

Le Conseil d’Orientation et de Suivi de la Transition (COST) est le dernier maillon de la chaine que constitue le dispositif chargé de conduire cette transition. Dernier maillon certes, mais pas le moins important. En effet, le rôle dévoué à cet organe est particulièrement décisif dans la définition même du cap que nous souhaitons donner à la gouvernance dans notre pays.

En tant qu’organe chargé de définir les grandes orientations de la politique de l’État en matière de paix, de stabilité et de sécurité nationale, le COST est de facto au cœur de notre stratégie dont l’objectif final est de repositionner notre pays sur les rails du progrès.

La refondation à laquelle les Burkinabè, et particulièrement la jeunesse, aspirent, doit se bâtir sur des piliers solides.

Le premier à mon sens, qui est le pilier central et qui soutient tous les autres, c’est le retour aux valeurs fondamentales qui ont fait la renommée de notre pays. En s’appuyant sur l’intégrité, la probité et l’amour de la Patrie, nos devanciers ont réussi à nous léguer une Nation fière ; une Nation modeste…mais fière. Il nous faut absolument restaurer ces valeurs qui sont une partie de notre identité.

Le deuxième pilier est celui de la bonne gouvernance et du respect de du bien commun. C’est un sujet éminemment politique qui interpelle l’ensemble des Burkinabè, et en premier lieu les femmes et les hommes qui interviennent directement dans la gestion de la chose publique. Plusieurs années de pratiques malsaines en la matière ont contribué à répandre la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques.

Le dernier pilier enfin concerne l’épineuse question de la réconciliation du peuple Burkinabè avec lui-même et avec son passé. C’est assurément un passage obligé pour régler certains problèmes profonds qui ont contribué à nous conduire dans la situation dans laquelle nous sommes. Il y a des nœuds importants à dénouer pour y parvenir mais ces obstacles ne sont pas insurmontables au regard de ce qui est en jeu.

Mesdames, messieurs les membres du COST

La tâche qui vous attend est immense. Il s’agira d’analyser froidement et sans complaisance aucune tous les déterminants du devenir de notre Nation. Il faudra ensuite, à la lumière de nos expériences et de notre histoire, tirer leçon de toutes les insuffisances et de tous les manquements à l’origine de la crise profonde que vit notre pays. Les propositions que vous ferez constitueront la boussole qui guidera la transition pour qu’elle arrive à bon port. Aussi et surtout, votre apport permettra, de façon durable, de dépouiller notre pays des tares qu’il traine depuis plusieurs années.

Au regard de la valeur et de l’expérience des personnalités qui composent ce conseil, je n’ai aucun doute quant à la qualité des propositions et des recommandations qui seront faites.

Le rôle qui vous revient est historique. Je vous engage à l’assumer avec toute la conviction que nécessite une situation comme la nôtre, en toute humilité, en toute responsabilité, mais avec l’enthousiasme et la détermination d’œuvrer pour une cause noble qui est l’intérêt supérieur de notre Burkina Faso.

Pour la Patrie, nous vaincrons

Je vous remercie.

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