Dans la foulée, après l’interview de Traoré, des manifestations ont éclaté à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso pour exiger le départ de la France, soupçonnée de protéger Damiba
Le capitaine Ibrahim Traoré auteur d’un coup d’État vendredi, contre son ancien compagnon d’armes, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a déclaré samedi, lors de sa première prise de parole sur les ondes de la radio Oméga (privée) que son intention était d’éviter un bain de sang, mais que ses hommes sont sur leurs positions, face au refus de Damiba de se rendre.
« Nous n’avons pas la main sur lui parce que nous n’avons pas voulu faire couler le sang hier matin. Nous sommes venus dans une logique en priant Dieu de ne même pas blesser un soldat », a déclaré le nouvel homme fort du Burkina dans une interview accordée à radio Oméga au téléphone.
Il a expliqué que lui et ses hommes n’avaient pas l’intention de faire du mal à Damiba. « Même lui, on n’a rien contre sa personne. On n’avait aucune intention de le traduire devant une justice ou quoi que ce soit, ce n’est pas ça l’intention, en fait. C’était qu’il se repose parce qu’il est fatigué », a assuré le capitaine Ibrahim Traoré.
« Aujourd’hui, nous sommes vraiment surpris, c’est désolant, qu’il veuille que nous nous affrontions » a-t-il ajouté, avant d’affirmer : « nous sommes sur nos positions ».
Traoré a expliqué qu’il a une bonne connaissance des acteurs de l’armée burkinabè et que ces derniers ne se laisseront pas manipuler. « Je sais que les jeunes soldats, la plupart ils me connaissent ; les jeunes officiers, on a les mêmes idéaux. Je pense qu’eux, ils ne vont pas se laisser manipuler par ça. Voilà pourquoi il n’y a pas d’affrontement jusque-là. Nous n’allons pas affronter nos jeunes frères à cause d’un individu », a-t-il soutenu.
Vendredi, des militaires conduits par le capitaine Traoré ont déclaré à la télévision publique avoir renversé le président de la transition, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Mais ce samedi peu avant midi, la situation a pris une autre tournure avec des tirs à l’arme lourde dans plusieurs quartiers de la capitale Ouagadougou.
Traoré a indiqué que Damiba s’est « retranché à la base militaire française » selon les informations en sa possession, et a tenté « d’ordonner une contre-offensive » ce samedi.
« Le camp où se trouvent les forces françaises n’a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade », a écrit pour sa part, le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
Dans la foulée, après l’interview de Traoré, des manifestations ont éclaté à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso pour exiger le départ de la France, soupçonnée de protéger Damiba.
A Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso, les manifestants se sont attaqués au bâtiment de l’Institut français, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux. Une partie des installations de ce centre culturel français a été incendiée.
*Des concertations en cours, selon le Chef d’état-major des armées burkinabè
Dans un communiqué publié samedi soir, l’État-major général des armées burkinabè a reconnu que l’armée traverse en ce moment une crise politico-militaire grave qui se superpose à la crise sécuritaire qui frappe les populations.
Le communiqué explique que « suite à une crise interne au sein des Forces armées nationales, quelques unités ont pris le contrôle de certaines artères de la ville de Ouagadougou, demandant par une déclaration le départ du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba ».
« Cette tension, qui n’honore pas les Forces armées nationales, ne représente pas la position de notre institution qui s’inscrit dans une dynamique de cohésion et de mobilisation de toutes les forces », a écrit le chef d’état-major des armées, David Kaboré, précisant que les « concertations se poursuivent ».
Il a invité toutes les parties au calme et à la retenue afin de donner une chance à une sortie négociée de la crise, assurant que « personne n’a intérêt à ce que la situation dégénère ».
De son côté, Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a « fermement » condamné dans un communiqué « toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes » au Burkina Faso.
Le chef de l’ONU a appelé tous les acteurs à s’abstenir de toute violence et à faire prévaloir le dialogue, a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric dans un communiqué.
L’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont condamné ce deuxième coup d’État en moins d’un an, et ont exigé « le respect scrupuleux du chronogramme déjà retenu avec les autorités de la transition pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024 ».
AA/Ouagadougou/Dramane Traoré
Source : Anadolu Agency