Le frère Moses Sense Simukondé, a été accidentellement atteint par balles des forces de défense et de sécurité du Burkina Faso qui tentaient d’arrêter un suspect, mercredi 29 mars.
Quelques jours après ce drame, les membres de la congrégation des missionnaires d’Afrique (pères blancs), sont toujours sous le choc.
« Les forces de défense et de sécurité m’ont contacté. C’est là, qu’on a appris qu’il a été touché par balles. Selon leurs explications, le frère Moses se trouvait dans sa voiture dans les environs des tirs et il a été touché mortellement, alors qu’une autre personne était visée », explique le père Didier Sawadogo, provincial de la société des missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Affecté par ce décès tragique, le provincial dit attendre la suite des enquêtes annoncées par les autorités pour faire la lumière sur les circonstances de ce drame.
Jeudi 30 mars, ce sont les autorités militaires qui ont donné l’information et l’identité de la victime, dans les premières heures qui ont suivi ce drame. Le parquet militaire dans un communiqué a expliqué que dans la soirée du mercredi 29 mars 2023 aux alentours de 21 heures « des éléments de garde en poste sur l’avenue de l’indépendance ont fait usage de leurs armes à feu pour arrêter un individu suspect à pied, qui aurait refusé d’obtempérer aux sommations ». Malheureusement, indique le procureur, « un usager qui se déplaçait dans un véhicule dans les environs a été mortellement touché. Les premières constatations ont permis d’identifier la victime de nationalité étrangère du nom de Simunkonde Sense Moses, âgé de 35 ans et membre de la communauté des missionnaires d’Afrique ».
« Criblé de balles »
Né en 1988, le frère Moses Sense Simukondé de nationalité Zambienne était au Burkina Faso depuis deux ans. Membre de la société des missionnaires d’Afrique depuis six ans, il était en charge de plusieurs responsabilités administratives pastorales.
Au sein de sa communauté, c’est le choc. Quelques heures avant son décès tragique, un de ses frères et voisins de chambre se souvient : « J’étais avec lui ce 29 mars à 17 heures, avant de quitter la communauté pour la confession dans la paroisse. À mon retour, à 19 heures, il n’était pas là. Je me suis dit qu’il est encore parti pour les affaires de la communauté. C’est lui qui est en charge des visas, passeports, les billets d’avion et les voyages des frères de la communauté », explique le père Adam Choma, responsable de la communauté dans laquelle vivait le frère Moses. « C’est quand même tragique. C’est cela la vie de l’homme, on ne comprend pas tout », ajoute-t-il, consterné.
Un autre membre de la congrégation exprime son indignation : « J’ai vu le corps, c’est criblé de balles, ce n’est pas une seule balle, il s’agit des tirs à plusieurs reprises sur le confrère qualifié de tirs de sommations ».
Insécurité dans le Sahel
En raison du caractère tragique de la mort de leurs confrères, les missionnaires d’Afrique ont délégué certains frères qui vivent en Zambie pour informer la famille de frère Moses. « Nous avons donné l’information, mais on n’a pas encore de retour et nous attendons. On voudrait voir ce que pense la famille. En tant que missionnaires, nous sommes sous l’autorité de l’Église diocésaine, alors nous allons rencontrer le cardinal Philippe Ouédraogo pour lui faire part de notre situation et écouter ses conseils. Mais dans la plupart du temps, les missionnaires sont enterrés là où, ils décèdent, parce que nous sommes en mission et la terre qui nous accueille, c’est chez nous », explique le provincial, le père Didier Sawadogo.
Évoquant la situation actuelle dans le Sahel marquée par l’insécurité, le père Sawadogo pense que la mort tragique du frère Moses s’inscrit dans la croix du Christ : « le religieux n’est pas éloigné des fidèles, il vit et partage leur peine et leur souffrance ».
Kamboissoa Samboé (Ouagadougou)
Source : africa.la-croix