A l’école du Mali depuis une année, le Burkina – Faso ne pouvait échapper au destin qu’il vient de connaître. Les pays des Hommes Intègres, en plus d’avoir été atteint par le virus djihadisme, a fini par travers lui aussi les répercussions de l’insécurité résiduelle sur la stabilité de l’Etat. C’est ainsi qu’au deuxième coup d’Etat vient d’être consommé seulement 6 mois environ après le renversement du président régulièrement installé, Roch Marc Kaboré. Le lieutenant-colonel Daniba, son tombeur, n’aura résisté que moins d’un an face aux irrésistibles défis sécuritaires ayant motivé l’interruption par l’armée du mandat régulier de son prédécesseur à la tête de l’Etat.
Face au courroux de ses compagnons d’armes le lieutenant-colonel n’a tenu 24 heures, avant de rendre le tablier sous la forte pression populaire en soutien au coup de force militaire. Le dénouement, longtemps maintenu en suspens par la réticence d’une frange loyaliste de l’armée, est intervenu suite à une médiation conduite de main de maître par les autorités coutumières et religieuses, lesquelles ont pu aboutir à une solution apaisée à la crise survenue entre différents corps de l’armée burkinabé. Elle a consisté à faire démissionner le lieutenant-colonel Daniba sous une palette de conditions au nombre desquelles des garanties de sa sécurité personnelle et celle de ses soutiens ainsi que de ses droits et de son irresponsabilité juridique, le respect des engagements vis-à-vis de la CEDEAO, la poursuite de la réforme de l’Etat et de l’œuvre de réconciliation nationale, etc. Parmi les gages offerts par le Capitaine Ibrahim Traoré, le nouveau président du MPSR, figure également la poursuite des opérations antiterroristes sur le terrain, source de tant de malaises ayant fait le lit de chacune des deux précédentes déstabilisations institutionnelles. Le front sécuritaire se caractérise, en effet, par des pertes énormes infligées par les groupes terroristes dans des proportions égales sinon supérieures au Mali d’où le phénomène terroriste s’est répandu dans le Sahel et particulièrement au Burkina-Faso. Le dernier revers en date remonte à quelques jours avant le coup d’Etat avec des dizaines de camions de ravitaillement civil incendiés par les forces ennemies et une quinzaine environ de civils tués. Mais les forces armées burkinabé, tout comme les civils, avaient essuyé par le passé des camouflets beaucoup plus dramatiques, qui ont contribué à dilapider progressivement les espoirs fondés sur les tombeurs de Roch Marc Kaboré de venir à bout de la guerre asymétrique. C’est dire que la survie de la nouvelle vague de putschiste sera également tributaire des proportions dans lesquelles les défis sécuritaires seront relevés dans un pays où 40% du territoire échappe au contrôle de l’Etat. Or les malaises survenus au sein des forces, dans le sillage du renversement du Lieutenant – colonel Daniba par le Capitaine Ibrahim Traoré, n’est pas de nature à fortifier les rangs pour ce faire.
A KEÏTA
Source: Le Témoin