Alors que le nouveau chef de la junte militaire au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, n’a pas fini de s’installer, de nouveaux tirs ont été entendus samedi 1er octobre à Ouagadougou. La situation est confuse actuellement dans la capitale burkinabè. Les bruits de botte de la veille avaient fini d’emporter le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé lui-même au pouvoir le 24 janvier par les armes. Mais son renversement par un groupe de jeunes officiers dirigés par le capitaine Ibrahim Traoré semble ne pas faire l’unanimité au sein de l’armée. Des coups de feu ont été entendus dans un camp militaire du sud de Ouagadougou, rapportent plusieurs sources qui ont aperçu également des hélicoptères en train de survoler la capitale.

 

Les axes de la ville, particulièrement le quartier Ouaga 2000, sont bloqués par des militaires. Les alentours de la Primature et de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina Faso (RTB), où le groupe d’officiers a lu vendredi 30 septembre le communiqué annonçant le coup d’Etat contre Damiba, sont aussi barricadés.

Quelques mouvements de foule ont été notés au grand marché, à quelques rues de la place des Nations unies. Sur les axes routiers, les motos et les voitures ont été prises par surprise, créant des embouteillages soudains et obligeant quelques-unes à faire demi-tour. Les commerçants sont également tous en train de fermer boutique.

Pour l’instant, personne n’est en mesure de dire s’il s’agit d’une nouvelle tentative de putsch contre le Capitaine Traoré. Quoi qu’il en soit, plusieurs voix s’accordent à dire que le coup d’Etat dont le lieutenant-colonel Damiba est victime ne fait pas l’unanimité au sein de l’armée burkinabè. Pour preuve, d’après elles, le président de la transition déchu n’est toujours pas arrêté. Des sources indiquent que ce sont des soldats qui lui sont restés fidèles seraient à la manœuvre.

Dans une déclaration retransmise par la RTB samedi 1er octobre en début d’après midi, un militaire affirme que « l’ancien président de la transition se serait réfugié à la base française de Kamboinsin pour mener une contre-offensive afin de semer le trouble au sein des forces de défense et de sécurité ».

« Cela fait suite à notre ferme volonté d’aller vers d’autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme », estime le sous-lieutenant Jean Baptise Kabré, émissaire du capitaine Traoré .

Dans un message posté sur Twitter, la France dément toute implication de son armée dans les évènements en cours au Burkina Faso.

A la télévision publique burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, 34 ans, a affirmé avoir démis de ses fonctions le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba.

Les nouvelles autorités militaires ont notamment invoqué « la dégradation continue de la situation sécuritaire » au Burkina Faso, un pays du Sahel marqué par une poussée djihadiste avec plusieurs morts de civils enregistrées ces derniers jours. « Nous avons décidé de prendre nos responsabilités, animés d’un seul idéal, la restauration de la sécurité et de l’intégrité de notre territoire », ont insisté les jeunes officiers.