Notre pays a basculé désormais dans le système de budget en mode programme et passe ainsi d’un budget de moyens à un budget de résultats. Désormais l’adoption du budget annuel par le parlement se fait en deux parties (phase recettes et phase dépenses). C’est dans ce contexte que l’Assemblée nationale du Mali a, dans le cadre de sa session d’octobre en cours, adopté le lundi 11 décembre 2017, le projet de loi de finances 2018 dans son volet « Recettes). L’autre volet, « Dépenses » évaluées à plus de 2205 milliards devant intervenir en principe d’ici la fin de la semaine.
Notre pays bascule ainsi dans le système de budget en mode programme et passe d’un budget de moyens à un budget de résultats. Défendu avec conviction par le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, le volet « Recettes » du budget 2018 a été largement approuvé par les honorables députés par 108 voix pour, 14 contre et 13 abstentions. L’annonce des résultats a été accueillie dans l’hémicycle par des applaudissements des députés de la Majorité qui ont unanimement voté pour. Ceux de l’opposition ont voté contre et des abstentions pour des raisons différentes.
Arrêté en recettes à 1 957,625 milliards de FCFA en termes de prévisions de recouvrement et à 2 330,778 milliards de FCFA en dépenses, le projet de budget 2018 présente un déficit global de 373,153 milliards de FCFA contre 356,183 milliards de FCFA dans le budget rectifié 2017, soit une augmentation de 4,76%. Ce déficit, selon le ministre appuyé par la Commission des finances sera financé par les ressources provenant des aides budgétaires extérieures et la mobilisation de l’épargne à travers les titres d’emprunts émis par le Trésor. L’on note que les principales conditions de l’équilibre budgétaire et financier de 2018 portent d’une part, sur le respect du déficit imputable à l’atteinte des objectifs de mobilisation des recettes et la maitrise des dépenses, et d’autre part sur la mobilisation des émissions des emprunts.
Il ressort du document que les charges de trésorerie de l’Etat sont évaluées à 345,161 milliards de FCFA. Les charges au titre du remboursement des produits des emprunts à court, moyen et long termes sont prévues pour 331,001 milliards de FCFA contre 156,000 milliards dans la loi de finances rectificative 2017, soit une hausse de 175,001 milliards de FCFA ou un taux de progression de 112,18%. Ces charges concernent le remboursement de la dette intérieure pour 224,169milliards de FCFA dans le PLF 2018 contre 58,371 milliards de FCFA dans la LFR et LFI 2017, soit une augmentation de 165,798 milliards de FCFA ou un taux de 284,04% et le remboursement de la dette extérieure pour 106,832 milliards de FCFA dans le PLF 2018 contre 97,629 milliards de FCFA dans la LFR et LFI 2017, soit une augmentation de 9,203 milliards de FCFA ou un taux de 9,43%.
Pour certains députés de l’opposition, ce déficit du budget 2018 est exorbitant et irréaliste dans le contexte actuel du pays. Le président du Groupe parlementaire de l’opposition, l’honorable Mody Ndiaye a fait ses commentaires à travers un certain nombre de préoccupations. Selon lui, les chiffres présentés par le ministre présage une crise latente de liquidité de l’Etat. Il a ajouté quant au financement des besoins de trésorerie en 2018 estimés à 420 milliards de FCFA, que ce niveau imputable au déficit pose un problème de soutenabilité de ce déficit. « Nous doutons du caractère crédible des conditions d’équilibre budgétaire et financier au titre de l’exercice 2018 » a conclu Mody Ndiaye.
Pour le ministre Boubou Cissé, le budget 2018 est sincère en ce sens qu’on n’essaye pas de surestimer les possibilités de mobilisation des recettes internes. Il a ajouté qu’on n’est pas dans une logique sous-estimation des dépenses. « En plus de sa sincérité, c’est un budget d’investissement, de pouvoir d’achat des ménages », a indiqué Dr Boubou Cissé.
A noter que, le budget d’Etat pour l’exercice 2018 met l’accent sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, sur la Loi d’Orientation et de Programmation militaire (LOPM), et sur la Loi de Programmation relative à la Sécurité Intérieure (LPSI). Le budget d’Etat prend aussi en charge l’incidence financière des avantages accordés aux salariés, suite aux négociations avec les partenaires sociaux ; le renforcement des crédits alloués au secteur de l’agriculture, aux secteurs sociaux et aux dépenses en capital, en vue de stimuler la croissance et la création d’emplois ; les transferts budgétaires aux Collectivités territoriales pour atteindre l’objectif de 30%.
Daniel KOURIBA
22 Septembre