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BTP au Mali : Jusqu’où ira la guéguerre entre l’ESIAU et l’Ordre des Architectes ?

Cela fait exactement des années durant qu’un différend oppose l’Ecole supérieure d’Ingénierie, d’Architecture et d’Urbanisme (ESIAU) à l’Ordre des architectes du Mali. Sise au quartier Badialan I de Bamako, la seule et unique école d’ingénierie n’arrive toujours pas à s’entendre avec la structure étatique de renom en dépit de plusieurs médiations, des décisions du ministère de tutelle et de justice.

Alors qu’ils peuvent simplement rester chez eux, les étudiants maliens sont hélas contraints de quitter le pays pour apprendre l’ingénierie, l’architecture et l’urbanisme dans d’autres pays. Une posture s’expliquant par le fait que l’Ordre des Architectes du Mali s’oppose à toute inscription estudiantine au sein de la seule et unique école évoluant dans le secteur. Vu la persistance du problème de plus en plus inquiétant, Abdoulaye Deyoko et son staff, non moins promoteur de l’ESIAU ont tenu, dimanche 8 octobre dernier, une conférence de presse sur le sujet. Loin d’être ouverte dans l’irrégularité, l’école supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme continue de fonctionner conformément aux textes du pays. Le seul tort du promoteur aurait été, apprend-on, de procéder à la création et à la gestion de l’école sans vouloir consulter et associer l’Ordre des architectes du pays. Le différend entre l’ESIAU et l’Ordre a commencé depuis 2009, selon le promoteur Deyoko. « Cette querelle a débuté en 2009 et je ne sais pas pour quelle raison. Mais le conseil de l’ordre des architectes du Mali a, lors d’une réunion de l’union internationale des architectes en date de 2009, déclaré qu’il ne reconnaît pas notre école ». L’Etat du Mali n’a pas dit qu’il ne reconnaît pas l’école, mais plutôt l’ordre des architectes. De cette date à nos jours, « l’ordre refuse tout ce que nous faisons en disant que l’ESIAU n’est pas reconnue. Je pense qu’il y a des personnes de mauvaise foi parmi les membres du conseil de l’ordre », estime le promoteur. Réputée pour son sérieux et sa bravoure, l’ESIAU a pourtant remporté cinq (5) prix internationaux de 2010 à 2022. En 2010, un étudiant membre d’une équipe de plusieurs pays a pu remporter le premier prix à l’occasion de la première session des ateliers ouest africains de maîtrise d’œuvre urbaine. Cette session était organisée par la communauté d’Agglomération de Cergy pontoise et la Marie de Porto Novo, du 30 juillet au 29 août 2010, à Porto Novo, au Benin. L’ESIAU a obtenu le deuxième prix du concours international d’architecture et d’urbanisme organisé par ‘’Urbanisme sans frontière’’ en 2014. Aussi, explique-t-on, l’école a obtenu deux médailles d’argent au « Plan africain robotics compétition (PARC) » organisé du 3 au 9 août 2019 au ‘’Central university’’ d’Accra, au Ghana avec la participation de 12 pays d’Afrique plus les USA… « L’Etat du Mali reconnaît l’existence de notre école. En 2022, un de nos diplômés a été admis au concours de la fonction publique et intégré comme architecte par arrêté N°2022/2415/MTFPDS-SG du 21 juin 2022 portant intégration dans la Fonction publique de l’Etat ». Aussi, annoncent Abdoulaye Deyoko et son staff, « il y a lieu de préciser que ce sont les Ordres des architectes des autres pays qui reconnaissent les diplômes de l’ESIAU, mais ce n’est malheureusement pas le cas de l’Ordre du Mali ».

Le département de tutelle s’oppose aux arguments tenus par l’Ordre des architectes du Mali

Dans une lettre adressée au Premier ministre, Dr Choguel K Maïga, le président de l’Ordre du Mali a justifié son refus de reconnaître l’école par certains arguments. La structure annonce être surprise de ne pas avoir été officiellement informée, voire consultée par rapport à la création d’une école d’architectes sur le territoire malien. Aussi, indique-t-on, l’Ordre estime que le promoteur de l’ESIAU n’est pas qualifié en architecture. Il trouve que le cadre géographique et les locaux de l’école sont inadéquats. L’ordre suppose que l’ESIAU fait une formation sur le tas en violation des articles 2,8,11 et 12 de l’arrêté sur le Master de 2018. S’y ajoute l’absence d’enseignants permanents et de jury d’admission de Master non conforme aux textes… En tant que département de tutelle, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a estimé que lesdites allégations ne sont pas véridiques. Il a démenti lesdits arguments en apportant des réponses blanchissant cette école. Dans le document mis à la disposition de la presse, on peut clairement lire les différentes réponses de démenti apportées par le ministère. Sur la question, la justice saisie a donné raison à l’école. Mais l’ordre du Mali refuse toujours de reconnaître l’école. Pour sa part, Djibril Coulibaly de l’association des promoteurs d’immeubles du Mali appelle les deux camps à la retenue et au dialogue pour, insiste-t-il, ne pas compromettre l’avenir des enfants du pays. « Nous avons fait des propositions et sommes ouverts au dialogue. Mais l’ordre des architectes du Mali ne réagit pas toujours », souligne un des responsables de l’ESIAU.

Mamadou Diarra

Source : LE PAYS

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