La Chambre des députés du Brésil doit décider mercredi si elle autorise au non l’ouverture d’un procès contre le président Michel Temer, qui devrait sauver une nouvelle fois son mandat, malgré de graves accusations de corruption.
Ces derniers jours, le chef de l’État a mené d’intenses tractations pour s’assurer que l’opposition ne parviendrait pas à rassembler les 342 voix (les deux tiers des députés) nécessaires pour que la Cour suprême se saisisse du dossier.
En août, Michel Temer s’était débarrassé d’une autre mise en accusation, pour “corruption passive”, en obtenant 263 voix en sa faveur, contre seulement 227 pour l’ouverture d’un procès.
“Cette fois, il est possible qu’il y ait quelques voix de plus ou de moins, mais le président ne va pas tomber”, a affirmé à l’AFP une source du Palais présidentiel de Planalto.
Président le plus impopulaire depuis la dictature militaire (1965-1984), avec un taux d’approbation qui s’est effondré à 3% selon les derniers sondages, M. Temer, 77 ans, continue de s’accrocher au pouvoir contre vents et marées.
Il affiche une confiance sans faille, se présentant comme le seul capable de mener les réformes dont le Brésil a besoin pour sortir d’une récession historique.
Mis en accusation pour “obstruction à la justice et participation à une organisation criminelle”, il sait qu’il peut toujours compter sur le soutien des milieux d’affaires, et du même coup d’une majorité de parlementaires.
– ‘Conspiration’ –
Si le président venait à être traduit devant la Cour suprême, il serait écarté du pouvoir pour six mois, le temps du jugement. Mais même certains députés d’opposition admettent que cette éventualité reste fort improbable.
Certains accusent M. Temer d’”acheter” le soutien de députés indécis en leur octroyant notamment des subventions pour des travaux dans leurs fiefs électoraux.
Selon le quotidien O Globo, le coût total de ces “négociations” s’élèverait à 12 milliards de réais (3,14 milliards d’euros).
“Ce gouvernement ne présente plus les conditions morales, institutionnelles et politiques nécessaires pour continuer à gouverner le Brésil”, s’insurge le député José Guimaraes, du Parti des Travailleurs (PT, gauche).
Michel Temer est arrivé au pouvoir l’an dernier, après la destitution controversée de Dilma Rousseff, du PT, dont il était le vice-président.
Malgré des scandales de corruption à répétition qui ont amené la démission de plusieurs de ses ministres, il est parvenu à se maintenir au pouvoir, promettant de “remettre le Brésil sur les rails”.
Accusé d’avoir orchestré un vaste réseau de corruption avec des caciques de son parti en échange de faveurs octroyées à des chefs d’entreprise, il se dit victime d’une “conspiration”.
Si le président parvient une nouvelle fois à se tirer d’affaire mercredi, le gouvernement espère avoir les mains libres pour passer l’épineuse réforme des retraites en cours d’examen au Parlement.
Pour que cette réforme soit approuvée, 308 voix sont nécessaires.
Ainsi, le vote de mercredi devrait donner une idée de la marge de manoeuvre dont M. Temer disposera pour mener à bien sa politique d’ici la fin de son mandat, fin 2018.
(©AFP / 25 octobre 2017 08h07)