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Bréhima Mamadou KONE, Enseignant-chercheur à propos de la crise au sein de l’URD : «Salikou Sanogo et Gouagnon Coulibaly doivent travailler dans la collégialité pour trouver des solutions durables à cette crise… »

Vie à l’URD : Soumaila CISSE, ex-chef de file de l’Opposition Parlementaire du Mali, est-il parti se reposer auprès de ses ancêtres, en laissant un grand héritage politique sans héritiers politiques !

L’héritage de Soumaïla CISSE en voie de désacralisation et de profanation ? Qui pour porter haut, contre vents et marées, l’héritage de ce technocrate-politique de renommée internationale, d’homme d’union, de consensus, de paix, de solidarité et du sens élevé du dialogue?

La mort de Soumaïla CISSE, a ouvert un boulevard d’hostilités sans pitié et d’une opposition farouche entre les cadres de la direction du parti, qui ne parleraient plus d’une seule voix et se livrent à des guerres de communication dans les médias et sur les réseaux sociaux. Chaque clan chercherait à avoir un contrôle sur le parti et son emprise sur les structures de base, pour imposer sa vision peu orthodoxe et non-démocratique aux autres. Ces problèmes relèvent de l’organisation du congrès extraordinaire tenu pour remplacer le Président CISSE à la tête du parti, mais aussi et surtout, par rapport au choix du candidat devant conduire les couleurs du parti lors des prochaines présidentielles à venir. Cette situation a contribué à fragiliser la paix et la cohésion sociale au sein du parti, avec la formation de deux camps : celui du Physicien, le Pr. Salikou Sanogo, vice-président et de monsieur Gouagnon Coulibaly, non moins le nouveau Président du parti, élu à la suite d’un congrès extraordinaire contesté par l’autre clan, qui a adopté la politique de la chaise vide. Le fond de cette discorde ou opposition au sein du parti de la poignée de mains, résulterait d’un problème de leadership de légitimité, en absence d’un leader charismatique, de consensus et d’union pour la consolidation du vivre ensemble qui était leur credo d’antan, avant la mort inattendue de l’Honorable Soumaila CISSE. Les frondeurs, si je puisse les décrire ainsi, réclameraient l’organisation de primaires pour élire le candidat devant porter les couleurs du parti lors des prochaines élections présidentielles, contrairement aux textes fondateurs, qui ne prévoient cet état de fait. Toute idée rejetée par le camp du physicien, à qui, on reprocherait d’être favorable à une éventuelle candidature de Me Demba TRAORE, sans une consultation au préalable de la direction du parti, pour en décider, un choix qui apparaît isolé et non consensuel pour le clan adverse. Par contre, la plupart des frondeurs ou dissidents en leur sein, seraient favorables à une candidature de l’ancien Premier ministre, en occurrence le Dr. Boubou CISSE. Si d’aucuns voient derrière cette probable candidature, une vraie opportunité pour le financement des activités du parti et des différentes consultations électorales à venir ; d’aucuns voient un opportunisme, voire une insulte en la mémoire de leur leader charismatique, d’investir cet ancien PM de IBK, candidat du parti, après le décès de ce dernier. Par contre, le clan des frondeurs reprocherait au clan du physicien le financement des activités de son candidat par l’opérateur Seydou Mamadou COULIBLAY, Président de « BENKAN ». Difficile de concilier les deux clans dans ce jeu d’acteurs, ayant opté de s’attaquer par presse interposée, en fuyant le dialogue, valeur cardinale du parti.

Certains cadres du parti, proches du vice-Président, apparaissent relativement isolés et en conflits potentiels avec le clan de l’actuel Président du parti. Dans le premier cas, cette opposition illustre le refus de partage de pouvoir et indique qu’il provient d’un manque de dialogue et de concertation entre les deux clans pour la résolution des problèmes internes. Dans le second cas, la relation indique des oppositions manifestées par certains cadres qui remettraient en cause la légitimité du vice-président à décider seul en leur nom, et se décideraient à poser des actes qui ne sont, ni de nature à honorer la mémoire de feu Soumaïla CISSE, ni à fusionner les intelligences, les alliances stratégiques et l’entente en leur sein. Les enjeux de pouvoir de légitimité et de leadership oscillent entre les deux clans, dans la mesure où les ambitions sont de nature extrêmement différentes et parfois opposées, voire conflictuelles: un clan qui réclame l’héritage de Soumaïla et l’autre à la recherche d’une autre option de choix de candidat pour barrer la route au candidat issu du clan du Physicien. Les acteurs du clan des frondeurs seraient décrits par certains proches du vice-président, comme des opportunistes et qui rechercheraient des alliances lors des campagnes électorales avec d’autres partis politiques ou à la recherche d’un autre candidat en dehors du parti, en occurrence l’ex PM de IBK, le Dr. Boubou CISSE. Les tenants de la division interne, sont en construction d’alliances avec de nouveaux acteurs politiques, en dehors des militants traditionnels et certains pères fondateurs de l’URD. Ces dites alliances décrites opportunistes et machiavéliques ; elles sont consubstantielles de l’existence du parti. Par rapport au clan du Physicien, les frondeurs seraient plus dans une relation d’indifférence quant à l’union et à la cohésion au sein du parti, les champs d’intervention étant relativement parallèles. L’adhésion de nouveaux militants au sein de l’URD, est de toute façon recherchée de manière systématique par les deux clans, en lutte pour exercer leur contrôle sur le parti, mais la dissidence actuelle pourrait constituer un vrai handicap par rapport à cette attractivité.

Le clan du Physicien, non moins vice-président du parti, celui des électeurs classiques, serait dans une position plus confortable qui ne provoque pas de tensions particulières, à l’exception toutefois, de certaines velléités de contrôle du parti et du choix du futur candidat à la présidentielle dans une posture de la démocratie dictatoriale pour imposer ce choix à l’autre clan, qui ne serait pas prêt à accepter ce fait. Les acteurs de la société civile du parti, et les bailleurs traditionnels, manifestent une méfiance assez évidente vis-à-vis des structures nationales et de base, depuis le début des hostilités et des divisions internes. Cette situation exprimerait bien toute la contradiction conduite, telle qu’elle est menée réellement aujourd’hui, au renforcement des acteurs les moins légitimés par les structures de base du parti de manière générale et souvent également les moins outillés pour mener ce travail de pacification et de restructuration de ces entités de base, avant les élections à venir. Pour nuancer, il convient de reconnaître d’une part que la tâche de certains qui joueraient à la division et à l’opportunisme est plus ingrate que solidaire pour construire des visions communes autour des idéaux du parti.  Les structures de base du parti pourraient être renouvelées sous fortes tensions et les leaders contestés deviendraient peut-être – porteurs d’appuis extérieurs – des petits potentats reproduiraient parfois au sein de ces dites structures des actes autoritaires contraires aux anciennes pratiques d’encadrement du parti, avec les risques d’effritement du parti, comme nous l’avions vu au sein de l’ADEMA dont URD même en est issue. Cela étant, il reste que généralement dans la majorité des structures nationales et régionales, et de base communes, villages, hameaux, fractions, quartiers, la diaspora – la plupart des militants et des électeurs classiques apparentés à la vision de feu Soumaïla CISSE, se reconnaissent plus facilement dans les représentants d’associations de base ou de fédérations et que le travail accompli était souvent plus proche des besoins des gens, mais avec l’exacerbation des tensions au sein du parti ; beaucoup d’entre eux chercheraient à repositionner éventuellement dans d’autres formations politiques, si des solutions idoines ne sont pas trouvées pour concilier les deux clans en ébullition. Si le parti avait acquis une forte légitimité au fil des temps, avec des structures bien institutionnalisées, suite au rapprochement du Candidat feu Soumaïla CISSE aux citoyens et de son engagement à trouver des solutions aux diverses crises qu’a traversées le parti. Malheureusement, à la lumière de ces divisions qui se dessinent au sein de l’URD, les représentants de ces structures et associations auraient difficilement l’occasion de résister au regard des influences extérieures exercées sur eux, et le poids de l’argent dans les décisions importantes du parti qui fragiliseraient du jour au jour la cohésion et l’union autour des valeurs cardinales que le feu Soumaïla avait incarnées depuis la création du parti jusqu’à sa mort. Les prochaines présidentielles pour le parti, en termes de recherche de financements, à la gestion d’un portefeuille relationnel, notamment vis-à-vis des bailleurs traditionnels, pourraient résulter à de réelles difficultés pouvant nuire sur leurs capacités de mise en œuvre des activités de campagne et de mobilisation des électeurs sur le terrain. Certains observateurs et cadres du parti montrent à la fois la nécessité d’une re-légitimation des pères fondateurs, en l’occurrence le vice-président, mais également que celle-ci ne peut se concevoir sans l’accompagnement des autres acteurs influents du parti, notamment le nouveau Président et son clan qui ne parleraient plus d’une même voix que ce dernier.

En somme, le Pr. Salikou SANOGO, vice-président et le nouveau Président du parti, monsieur Gouagnon Coulibaly, doivent travailler dans la collégialité pour trouver des solutions durables à cette crise qui a tant duré, et qui n’est pas de nature, ni à préserver l’héritage laissé par le Président défunt, Soumaïla CISSE, ni à créer un climat de paix. Les mécanismes internes de résolution des crises du parti doivent prévaloir sur la saisine de la justice pour leur règlement. Ce n’est pas l’Histoire qui fait les grands hommes ; ce sont les grands hommes qui font l’Histoire. Le linge sale se lave en famille. Le partage du pouvoir doit également être reconstruit au sein du parti de la poignée de mains, en dépassant les positions personnelles et partisanes, au risque de fragiliser les acquis historiques. Repose en paix, Honorable Soumaïla CISSE ! Puisse Dieu vous accorder son paradis éternel !

SAYA YE MAKARIBALI YE

DOUGOUKOLO YE MIETO GBAZAN YE

Bréhima Mamadou KONE Dit Patrice Emery Lumumba, Enseignant-chercheur

Source: Le Républicain

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