Pour une opération qui s’est déroulée dans l’opacité totale, sans publicité, encore moins d’appel d’offres, l’on se demande comment les acheteurs ont eu vent des immeubles à céder pour prendre connaissance des prix et des conditions de vente. Mais le cas le plus étonnant est celui des intermédiaires grassement rémunérés car comment ces gens ont-ils pu être informés des ventes des immeubles pour pouvoir jouer le rôle ” coxeur ” afin d’empocher, chacun, la somme équivalant à 5% de la valeur de l’immeuble concerné. Il y a eu une chaîne de complicité bien huilée. C’est la preuve, si besoin en était encore, que le bradage des biens immeubles de l’Etat est l’affaire d’une mafia bien structurée.
Il fallait bien être ami d’enfance, un proche ou simplement un prête-nom d’un des responsables en charge de la vente des immeubles de l’Etat pour détenir des informations permettant d’être intermédiaire ou de le simuler pour encaisser des centaines de millions de Fcfa. Ceux qui parlent de pure délinquance concernant ce dossier de bradage des biens de l’Etat n’ont pas tort et d’ailleurs, trouver un terme plus fort aurait mieux qualifié ce qui s’est réellement déroulé.
La justice, par le biais du parquet de la République, a bien raison d’intervenir car ce dossier nécessite d’être passé au crible pour savoir qui est réellement impliqué ? Qui a fait quoi et à quel titre ? Et déterminer ainsi le niveau de responsabilité de chacun des intervenants.
Les Maliens ont le droit de savoir car dans ce pays – et c’est encore valable pour ce dossier- il faut qu’on arrête de bluffer les citoyens par des discours à l’opposé des actes. Il se pourrait que de grandes gueules devant l’éternel qui hurlent actuellement avec les loups pour dénoncer la mauvaise gouvernance du Mali, seraient en train de jouer au voleur qui crie au voleur parce que devant répondre de leur responsabilité au sujet de ce dossier sulfureux. En effet, toute une chaîne de complicité a été mise en place, dans laquelle des gens, jusque-là insoupçonnés, ont eu un rôle à jouer pour gagner des dizaines, voire des centaines de millions de nos francs, sans aucun effort. Une véritable tontine !
Nous investiguons sur ce dossier et au fur et à mesure de nos découvertes, nous nous posons beaucoup de questions sur le choix et la qualité des intermédiaires. Parmi eux, des retraités tranquillement assis chez eux depuis des années, mais qui, subitement, ont été mieux informés que tout le monde pour entrer dans le business de bradage des immeubles de l’Etat et gagner des sommes faramineuses. Qui les a informés ? Comment ont-ils identifié les acquéreurs potentiels ? De quel droit ont-ils agi pour vendre un bien public ? Quelle autorité a validé leur intervention en tant qu’intermédiaire ? C’est dire qu’ils ont tout simplement été parrainés. Les intermédiaires ne sont que de véritables commissionnaires de gens qui jouent aux plus malins et se cachent derrière eux pour récupérer une partie des 5% de la valeur de cession de chaque immeuble.
Nos investigations se poursuivent et certainement qu’un de ces vendredis, notre jour de parution, nous en diront davantage sur les intermédiaires et les montants encaissés. C’est un secret de Polichinelle que l’un de ces intermédiaires, habitant dans un grand quartier de la commune IV de Bamako, a été tout simplement appelé par son ami d’enfance, lequel étant au cœur du dossier, l’a tout simplement recommandé à l’acquéreur potentiel, un opérateur économique très connu. Pour un business de plus de deux milliards de nos francs, l’intermédiaire s’en est tiré avec ses 5%. Un pactole ayant permis de payer deux grandes villas. Affaire à suivre !
Amadou Bamba NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali