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Bla : Dans la forge d’Oumar

À Bla, il y a tout un quartier réservé aux forgerons. Il s’appelle Noumouna. Selon certaines sources anciennes, les forgerons Sanogo seraient les premiers habitants voire les fondateurs de Bla.

C’est à 10 heures 15 minutes que je suis arrivé dans la famille de feu Youssouf Sanogo (décédé en 2018 à l’âge de 73 ans), la plus grande famille des forgerons de Bla.

Sous des hangars de bois couverts de pailles et de tiges de mil, la famille Sanogo est transformée en atelier de travail. L’aîné de la famille est Oumar Sanogo dit Bâ Oumar qui est l’actuel chef d’atelier. âgé de 48 ans, marié et père de 8 enfants, il dirige le plus grand atelier de forgeron dans la Commune de Bla.
«J’ai hérité ce métier de mon père. Depuis l’âge de 8 ans, j’ai commencé à travailler auprès de mon père. Étant le premier fils de la famille, mon père ne faisait rien en matière de forge sans moi. C’est avec les revenus de ce métier qu’il m’a trouvé une femme et celles de cinq de mes frères», raconte Oumar Sanogo dit Bâ Oumar.

L’homme est l’aîné d’une fratrie de 13 fils au total, tous de même père mais de mères différentes. Son père tout en lui inculquant les rudiments du métier lui a fait comprendre qu’il peut y gagner sa vie. Le papa a appris à son fils qu’il a tout gagné dans ce métier : se marier, acheter un terrain à usage d’habitation.
Oumar Sanogo a appris avec son père les techniques de ce métier. Il a vu son père fabriquer des daba, des charrues, des charrettes, des couteaux. Il a lui-même révolutionné certaines techniques pour coller à l’air du temps. Le temps est à l’évolution et la modernisation du travail. C’est pour cela qu’il a suivi d’autres formations pour renforcer ses capacités. À travers ces nouvelles connaissances acquises, il s’est lancé dans la fabrication des outils de travail de nouvelle génération tels comme des semoirs, des batteuses, des décortiqueuses, des poulies, des multicultures, des foyers améliorés, etc.

Aujourd’hui, Oumar Sanogo travaille avec ses frères et d’autres jeunes d’ailleurs qui ne sont pas forgerons. Il a sous ses ordres 20 jeunes âgés de 15 à 40 ans. «Dans ce métier, je peux faire des recettes de plus de 3 millions de Fcfa par an si j’ai beaucoup de marchés. À l’approche de l’hivernage, des commandes nous viennent d’un peu partout dans le Cercle de Bla», révèle notre interlocuteur. Vu le nombre des commandes importantes, il utilise 4 forges et une dynamo à souder. Toutes les charges de la grande famille Sanogo et celles de ses apprentis reposent sur les revenus de cet atelier.

Des commerçants grossistes de Bla et d’ailleurs viennent s’approvisionner en outils fabriqués par Oumar Sanogo comme des fourneaux, des socs des charrues, des daba, des pioches, des pelles, etc. Comme ce commerçant grossiste du nom d’Issiaka Coumaré qui sillonne plusieurs marchés (foires) du Cercle à savoir Touna, Yangasso, Diaramana, Tonto, Benguènè. «Je travaillais avec le père d’Oumar Sanogo depuis des années, après la mort de celui-ci je n’ai pas rompu le lien ; je viens faire mes commandes. Oumar travaille bien comme son père c’est pour cela que je continue à venir.
Moi-même je suis un forgeron, mais je n’ai pas de forge car mon père ne pratiquait pas le métier et cela ne m’a pas fait oublier mon rang social. Je nourris ma famille dans le commerce de ces outils ; mon fils même me suit dans ce commerce car il prend des marchandises avec moi et revend pour satisfaire ses petits besoins», témoigne Issiaka Coumaré.
Aujourd’hui à Bla, les Sanogo sont connus par tout le monde dans ce métier de forgeron.

Moussa OUÉRÉ
Bla

Source : L’ESSOR

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