Au présidium de la 6e édition du CEO-Talks de Reao Mali, outre le conférencier principal, Cessé Komé, on pouvait remarquer la présence de la présidente du Reao-Mali, Dr. Awa Diarra, l’ancien président du Reao, Sory Ibrahim Makanguilé, et Sidy Dagnoko (membre du directoire du REAO-Mali)… qui a assuré la modération des débats.
En introduisant le conférencier, le modérateur a présenté Cessé Komé comme un capitaine d’industrie qui a créé des milliers d’emplois au Mali mais aussi Côte d’Ivoire.
“C’est un chef d’entreprise reconnu au niveau national, mais aussi régional, voire plus. Il est présent dans beaucoup de secteurs notamment les industries, les banques et services, l’hôtellerie, l’immobilier, le BTP, le commerce. Il fait beaucoup de social. Son impact va au-delà du Mali, il a été élevé par l’Etat malien au grade de commandeur de l’Ordre national”, a introduit le modérateur.
Dans son exposé en se référant au thème, le conférencier Cessé Komé a d’entrée de jeu affirmé qu’on peut effectivement devenir un capitaine d’industrie à partir de zéro. Pour étayer ses propos, il a rappelé qu’il a quitté son village natal Koïra vers Mourdiah en 1984 pour atterrir à Bamako avec pour objectif de continuer sur la Côte d’Ivoire. Mais comment ?
Pour cela, le patron du groupe Koïra Holding de révéler qu’il était obligé de travailler dans les chantiers de BTP avec une rémunération de 500 F CFA par jour.
“Dès que j’ai pu faire un mois dans ce travail avec un salaire de 15 000 F CFA et grâce à l’aide d’un parent, j’ai pu effectuer le voyage”, a-t-il continué.
“Je suis entrée à Abidjan avec 5000 F CFA”
Arrivée au bord de la lagune Ebrié, sa première activité a été cireur de chaussure. “Après les dépenses du transport, je suis entré en Côte d’Ivoire avec seulement 5000 F CFA. J’ai investi cet argent dans le matériel de cirage en parcourant les différents quartiers d’Abidjan. Par jour, je pouvais gagner 1000 FCFA, 1500 et maximum 2000 ou 3000 FCFA. J’ai fait près de deux ans dans ce métier. Et après je me suis convertis en vendeur de livres d’occasion notamment la librairie par terre”, a déclaré le PDG de Koïra Holding. Il intégrera petit à petit le milieu du commerce.
“A l’époque, nos frères maliens se regroupaient pour aller importer au Liberia, car Monrovia était une plaque tournante des commerçants hindous et chinois qui avaient leurs entrepôts là-bas. Et nous, on partait pour faire des achats groupés et remettre toutes nos marchandises à une seule personne qui les convoyaient sur Abidjan. Dans ce commerce, j’ai pu constituer un capital, faire des économies car je prenais localement des sacs avec des Libanais que je revendais. Mais en 1993, le marché d’Adjamé a pris feu et toutes mes économies sont parties. Il ne me restait que 350 000 F CFA. Pis, le feu à consumer l’argent que des gens m’avaient confié aussi”, a regretté M. Komé. Le patron du Groupe Koïra Holding a pris les billets de banque mutilés et s’est rendu au siège de la Bcéao où il a pu échanger certains. “Ainsi, j’ai pu rembourser des personnes qui m’avaient confié leur argent en leur expliquant la situation que le sinistre m’a causé au marché. D’ailleurs, un partenaire que je devais rembourser m’a demandé que si je n’ai rien pourquoi je ne peux pas garder cette somme. J’ai répondu que ce n’est pas pour moi”, a déclaré Cessé Komé.
Dieu faisant bien les choses et grâce à son intégrité dans le milieu des affaires, l’un de ses fournisseurs indiens qui a fui la guerre au Liberia pour s’installer au Togo a été d’un grand appui pour la relance de ses activités commerciales.
“Je suis allé voir mon fournisseur indien avec mon passeport pour qu’il m’aide à trouver un visa pour les Etats-Unis. Il m’a répondu qu’il a compris. Séance tenante, il a pris mon passeport et m’a demandé de retourner à Abidjan. Je n’ai pas demandé le pourquoi et je suis retourné un vendredi minuit. Et le lendemain je suis parti au marché désemparé car ne sachant plus quoi faire. Sauf que quatre jours plus tard, un mardi, ma banque m’informe que j’ai reçu un transfert dans mon compte d’un montant de 10 millions FCFA en provenance de Lomé. C’était un transfert de mon fournisseur indien. Lorsque je l’ai appelé pour confirmer que le transfert était de lui, il m’a dit qu’il me reviendra et quelques jours plus tard. Il m’a envoyé encore des colis qui ont débordé même l’entrepôt de l’aéroport”, a expliqué le conférencier.Selon lui, ces colis étaient de nombreux containers avec des marchandises. Les bonnes choses ne venant jamais seul, Komé de poursuivre que l’une de ses partenaires a pu trouver au niveau des douanes une exonération de trois mois sur tous ces produits qu’il doit importer.
“A l’époque, il y avait une crise de marchandises aux marchés d’Abidjan. Au bout d’un certain temps, j’avais oublié l’incendie et le même fournisseur m’a remis le numéro de ses frères qui se trouvent en Thaïlande. C’est comme cela que j’ai commencé à importer de ce pays. Les frères de mon fournisseur commerçaient avec des gens qui étaient plus fortunés que moi, ressortissants de pays arabes pour charger des bateaux tandis que, pour moi, c’était que des colis. Donc pour même avoir un rendez-vous avec leur commercial c’était un sérieux problème et tous les jours je prenais une moto taxi pour me rendre à leur bureau”, a expliqué Cessé Komé. A l’en croire, c’est dans ce pays qu’il a connu Ibrahima Diawara, le PDG d’IBI Group.
“Je partais prendre des tee-shirt en Thaïlande qui étaient vendus comme du petit pain en Côte d’Ivoire, ils étaient même vendus à Paris en France. En Thaïlande, Ibrahima Diawara m’hébergeait souvent”, a dit M. Komé. Pour lui, c’est clair : “Quand quelqu’un vous dit que dans le business on peut avoir de l’argent comme ça sans difficulté, ce n’est pas vrai. Il faut vous battre et je me suis battu pour être là où je suis aujourd’hui”.
Concernant son introduction dans le secteur hôtelier, le conférencier a souligné que cela a commencé à la faveur de la Coupe d’Afrique des nations (Can-2002) que le Mali a organisée. “Le président Alpha Oumar Konaré s’est rendu en Côte d’Ivoire pour demander aux Maliens de venir investir avec tous les avantages. J’ai adhéré et j’ai acheté un terrain à l’ACI à un an du tournoi. D’ailleurs, le président du comité d’organisation disait que malgré l’exonération je ne pouvais pas finir avec les travaux dans les 12 mois restants. Et pourtant, en seulement 10 mois tous les travaux de Résidence Komé étaient finis”, a-t-il soutenu.
Une activité annexe
Pour Komé, le secteur de l’hôtellerie n’a pas été aussi un long fleuve tranquille pour lui. Pour cause, si l’hôtel affichait plein durant la Can avec comme clients Joseph Blatter, ancien président de la Fifa, Issa Hayatou, ex-patron de la Caf, les chambres étaient vides après la compétition.
“Après la Can, nous avons eu beaucoup d’argent et toutes les recettes que nous eues sont parties dans l’entretien de l’hôtel, le paiement des salaires, car il n’y avait plus de client. La directrice de l’hôtel ne sachant plus quoi faire a rendu sa démission. Ainsi, j’ai confié la direction à un Français qui, en un temps record, a pu redresser la barre en trois mois. Ça commencé à marcher très bien et c’est à la suite de cela que nous l’avons agrandi pour rejoindre le Groupe Radisson SAS”, a ajouté Cessé Komé.
C’est ainsi qu’il est entré dans l’hôtellerie, qui est une activité annexe sinon son métier principal jusqu’à nos jours est l’import-export. M. Komé est promoteur de plusieurs hôtels et entreprises, notamment l’hôtel Radisson Blu Abidjan, Radisson Collection Bamako, Radisson Blu Bamako, Koïra BTP Abidjan, Koïra-SA Abidjan, Koïra multi Industrie Abidjan. “Voilà comment de zéro, je suis devenu capitaine d’industrie”, a souligné Cessé Komé.
A la question des étudiants de savoir quel est son cursus scolaire et quels sont les secrets pour partir de zéro et devenir capitaine d’industrie ? Cessé Komé de répondre en ces termes : “Je n’ai pas de diplôme, je me suis arrêté en huitième année durant mon cursus scolaire”. Pour Komé, les clés de la réussite surtout dans le milieu des affaires sont le travail, l’honnêteté, le respect des engagements. “Quand vous prenez des prêts auprès des particuliers ou avec les banques, il faut les rembourser ; cela consolide la confiance et vous permet d’avoir d’autres prêts pour vos activités”, a prôné notre self made-man qui a fini ses interventions avec ces propos : “Dieu a créé trois catégories d’hommes. Les premiers représentent 3 %, ils sont faits naturellement pour être leaders. Même si ceux-ci s’installent dans votre village, ils seront vos chefs de village. La seconde catégorie représente 27 % eux, ils doivent se battre pour être leaders et la troisième catégorie à savoir les 70 % restants eux ils ne font que suivre les autres”.
La présidente du Reao-Mali, Dr. Awa Diarra, et l’ancien président du Reao, Sory Ibrahim Makanguilé, ont salué le parcours inspirant de l’invité. Selon la présidente du Reao-Mali, cette rencontre de partage est une véritable tribune de dialogue direct. Elle a saisi l’occasion pour remercier leur invité et tous les partenaires qui les épaulent dans leur activité…
El hadj A. B. HAIDARA et K. THERA
Source: Aujourd’hui-Mali