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BÊTISIER du jour : Puérils et périlleux choix institutionnels

Une guerre des chefs entre un Premier ministre d’une paranoïa revancharde affreuse et un Président de l’Assemblée aussi incisif qu’infatué, c’est le spectacle d’une indécence politique abjecte qui se joue en ce moment sur la scène nationale. Au lieu de se serrer les coudes, se prendre la main, comme dirait l’autre, ils ont fait le choix tout autant périlleux que puéril pour tous les deux de se tirer dans les pattes. Les boulets rouges partent de tous les côtés, au grand bonheur du M5-RFP qui constate qu’on se neutralise au sommet de l’État. Ils vont se faire dégager eux-mêmes. Voici votre BÊTISIER du jour.

 

Puérils et périlleux choix institutionnels

Dans une interview qu’il a accordée au téléphone le jeudi 30 juillet à la chaîne radiophonique allemande Deutsche Welle, le Dr Boubou CISSE pense que c’est quelque chose qui est normal, à savoir la démission des 31 députés contestés. C’est une décision, évidemment, vers laquelle nous allons aller en espérant que l’ensemble de ces 31 députés le comprendrait. Mais il est normal qu’ils aient cette réaction au début.
Mais, à propos de sa propre démission réclamée par l’Imam Mahmoud DICKO, ‘’pour son honneur et l’intérêt du Mali’’, parce qu’il est ‘’le problème’’, le Premier ministre oppose une fin de non-recevoir. Pour lui, seul le Président de la République est celui qui a cette prérogative-là, de nommer son Premier ministre et, éventuellement, de le faire démissionner s’il n’est pas satisfait. Il est le seul à pouvoir le faire. La Contestation a fait un boulot remarquable, parce que sous ses coups de boutoir, le PM est devenu pluridisciplinaire. Chez nous au bled, on dit qu’il est devenu tout-terrain. À l’arc de ses connaissances en économie et finances, il vient d’ajouter la corde du droit et il débite à la perfection l’article 38 de la Constitution qui dispose : ‘’le président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement. Sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions’’. Ici, il s’adosse confortablement à la Loi fondamentale pour dire au très éclairé Imam qui doit broyer du noir juridique, nous pas bouger.
Selon Boubou CISSE, pour l’instant, le Président IBK ne lui a pas du tout montré cela – au contraire. Il dit qu’il est en totale phase avec le Président IBK par rapport à tout ce qui se passe, par rapport à la tentative de solution de sortie de crise. Donc, en plus de l’assurance du droit, Boubou CISSE peut placarder une véritable lune de miel avec flèches de Cupidon et floraison romantique à l’appui avec le Président IBK, son seul employeur. Tout n’est que strass et paillettes, la vie est belle. Au diable, ou du moins à la mosquée, Imam !
En réalité, Boubou tient sa revanche sur TIMBINE qui, dans la l’exaltation de son élection (ou nomination) à la tête de l’Assemblée, a promis aux enseignants de recaler le PM à son examen de passage (Déclaration de Politique Générale) s’il n’appliquait pas illico presto l’article 39 de la LOI N° 2018-007 DU 16 JAN 2018 portant statut particulier du personnel enseignant du Secondaire, du personnel enseignant du fondamental et du préscolaire qui stipule : ‘’toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale’’. Dès lors, les relations entre les deux chefs d’institution étaient devenues exécrables. Ils n’arrêtaient plus de se crêper les chignons par lampistes interposés. Dans cette guerre des tranchées, un TIMBINE laminé par la Contestation, blackboulé par la CEDEAO qui a placé en tête des ‘’mesures importantes’’ à prendre ‘’ la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée y compris le Président du Parlement’’ n’est plus qu’une proie facile. Boubou se soucie des 30 autres députés contestés comme d’une guigne. Donc, il n’entend plus retenir ses coups et TIMBINE va vraiment les sentir.
Sinon, autant le Chef du gouvernement riquiqui peut s’arc-bouter sur l’article 38 de la Constitution, autant le Président de l’Assemblée nationale peut invoquer l’article 61 de la même Constitution : ‘’les députés sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct. Une loi fixe les modalités de cette élection’’. Mieux, il y a l’article 68 qui affermit TIMBINE dans sa posture : ‘’l’Assemblée nationale établit son règlement intérieur. Le président de l’Assemblée nationale est élu pour la durée de la législature’’. La durée de la législature est de 5 ans. Et si Boubou invoque des relations idylliques avec le Président de la République, TIMBINE pourrait lui opposer des relations paternelles avec lui. Zéro à zéro. Le spectacle n’est pas du tout relevé. C’est un véritable nanar. Changez de scénario, svp.

Source : INFO-MATIN

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