Soutien affiché du président Assimi Goïta et figure de la mobilisation anti-française, Adama Diarra de son vrai nom assume une certaine proximité avec Moscou. Il est aujourd’hui l’un des activistes maliens les plus influents.
Adama Diarra, dit « Ben le Cerveau », n’ignore rien des rumeurs qui courraient sur lui lorsqu’il était membre du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) : était-il, comme certains le pensaient, une « taupe » des services de renseignement maliens ? Boubou gris et casquette Che Guevara vissée sur le crâne, il esquisse un large sourire à l’évocation de ces soupçons. Les évènements qui ont suivi les ont rapidement démentis : après la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en août 2020, il a fait partie des cadres du M5 qui ont rapidement viré de bord pour apporter leur soutien aux putschistes du Comité national pour le salut du peuple (CNSP).
Évoquer ses affiliations passées et ses revirements ne le dérange pas. « Moi, c’est le nom de ton journal, Jeune Afrique, qui me choque, répond-il un brin goguenard, lorsqu’on lui pose la question. L’Afrique n’a jamais été jeune, c’est le berceau de l’humanité. »
Le soleil brille dans le ciel de Kati. Adama Diarra et une vingtaine de ses camarades se sont retirés à l’ombre d’une rangée de manguiers. Du thiep, du thé, des jus de bissap et de gingembre sont servis. Les téléphones d’Adama Diarra n’arrêtent pas de sonner, mais chaque passant est gratifié des salutations d’usage. C’est d’ici que sont partis la majorité des coups d’État de ces dernières années. En 2013, fraîchement élu, IBK avait eu cette phrase devenue culte : « Kati ne fera plus peur à Bamako, en tout cas pas à Koulouba [siège de la présidence] ». C’est pourtant de Kati qu’Assimi Goïta et ses hommes partiront pour le renverser, sept ans plus tard.
« La France, c’est l’ennemi »
C’est aussi de cette ville, située à une quinzaine de kilomètres de Bamako, qu’Adama Diarra, qui se trouve être l’un des leaders des manifestations contre la présence française au Mali, a fait son fief. « On a chassé IBK, on est maintenant en guerre contre la France, assène-t-il en sirotant son sachet de jus. La France, c’est l’ennemi. Celui qui n’a pas compris cela n’a rien compris. » Membre du Conseil national de transition (CNT), Adama Diarra est le porte-parole de Yerewolo – Debout sur les remparts. Ce mouvement organise depuis plusieurs mois des manifestations pour réclamer non seulement le départ de la France mais aussi une intervention militaire russe.
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